Les chiffres du CIAUMED sont révélateurs: les téléspectateurs apprécient les chaînes marocaines durant le mois sacré. Toutefois, cette année la Coupe d'Europe América risque de perturber les plans des télévisions nationales. L'audience grimpe durant le ramadan. Ce mois est aussi synonyme d'une forte «consommation» d'émissions télévisuelles, notamment à l'heure du «ftour» qui devient le prime time (ou heure de pointe). En effet, les statistiques du CIAUMED révèlent que durant le mois de ramadan de l'année dernière, qui s'est étalé du 18 juin au 17 juillet, les Marocains ont passé plus de temps devant leurs écrans qu'en temps normal. En moyenne, les Marocains ont passé 3h57 min par jour devant leurs écrans de télévision durant ramadan, contre une moyenne de seulement 2h50 min durant le mois d'août 2015. Une bénédiction ramadanèsque D'ailleurs, «l'écart entre les parts d'audience des chaînes marocaines sur les deux mois montre que les audiences augmentent de manière significative lors de la période du ramadan», explique-t-on chez le CIAUMED. Ainsi, on notera que le mois sacré a enregistré une part d'audience de 53,2% pour l'ensemble de la journée et pour 2,6 millions de téléspectateurs en moyenne par seconde, contre 46,8% pour les chaînes étrangères. À l'heure du prime time (19h45-21h45), la part d'audience s'élève à 71,1% pour 7,62 millions de téléspectateurs en moyenne par seconde, contre une part d'audience de 28,9% pour les chaînes étrangères. Toutefois, cette année, le risque pour que les chaînes marocaines attirent moins de téléspectateurs est très grand. Cette année, le mois de ramadan coïncide en effet avec les compétitions de l'Euro 2016, dont les matchs importants seront diffusés vers 19h, soit à peu près à l'heure du «ftour». Ces matchs seront diffusés sur TF1, M6 et Bein Sport. Plus encore, la soirée pourrait se prolonger avec la Copa America qui sera diffusée tout au long du mois de juin entre 19h et minuit. Pour ne pas rater le coche, Médi1 TV réserve la plage horaire de 0h20 à 1h10 pour une émission réservée à l'Euro 2016, laquelle réunira son présentateur sport Nawfal Awamla et son équipe de chroniqueurs et d'experts. Cap sur la production marocaine Par ailleurs, pour satisfaire aussi ceux qui ne sont pas fans de foot, les trois chaînes nationales ont mis l'accent sur la production locale. Fortement demandées sur le petit écran comme sur le grand, les productions marocaines se sophistiquent et se diversifient. Médi1 TV, par exemple, passe d'une seule série marocaine il y a deux ans à trois pour cette année et signe, pour l'occasion, un thriller 100% marocain. Baptisée «L'ghoul», la série écrite par Réda Alali et Jawad Lahlou et réalisée par Said C. Naciri retrace le parcours d'un jeune homme (Assaad Bouab) à la recherche de sa sœur disparue, qui se heurte dans sa quête à un réseau de trafic d'organes. Un nouveau genre donc, diffusé en prime time (20h20) qui promet des moments de suspens intenses dignes des séries américaines. La chaîne donne aussi rendez-vous à ses téléspectateurs avec deux séries humoristiques «Lewzir ou mou» et «Ahsane Lailates». La première retrace les pas d'un ministre dont la mère est le principal opposant, tandis que la seconde retrace le quotidien d'une famille qui habite un même immeuble. Médi1 TV capitalise ainsi sur le succès de sa série ramadanèsque «Mille et une nuits», réalisée par Anouar Mouatassim et dont la première saison a été diffusée il y a deux ans. 80% du national sur 2M 2M, qui a détrôné Al Oula durant le Ramadan dernier selon les statistiques de Marocmétrie, réserve à ses téléspectateurs six séries et capsules humoristiques marocaines. Avec les autres émissions, la chaîne consacre 80% de sa programmation aux productions nationales. Les téléspectateurs auront ainsi rendez-vous avec «L'Auberge», qui retrace la vie d'un MRE, lequel décide de revenir dans le village de son enfance au Maroc pour tenter de rouvrir une vieille auberge. La chaîne programme également la série de drame social «Sir Al Morjane» avec à l'affiche les inséparables Samia Akariou, Nora Skalli et Saadia Ladib, une série qui conte la vie de deux institutrices citadines, arrivant dans un village de pêcheurs où sévit un dictateur trafiquant de corail et de drogue, qui exploite les villageois. La chaîne donne aussi rendez-vous à ses téléspectateurs avec «Ana w Mouna w Mounir» (jeune couple fraîchement marié dont le quotidien est perturbé par la belle-mère) et comme promis par l'acteur et créateur de l'Couple, Hassan El Fad, depuis plus d'une année, la version urbaine de l'Couple voit enfin le jour et sera diffusée en ce mois de ramadan sous le titre «Salwa et Zoubir». Par ailleurs et face au succès du personnage de Kebbour, celui-ci revient à la charge mais cette fois avec des aventures en ville en compagnie de son acolyte Lahbib dans le spin-off «Kebbour et Lahbib». La fiction est aussi au cœur de la programmation de 2M, avec «Casa-Cairo», une série de 4 épisodes diffusés tous les jeudis. Waadi est de retour Pour sa part, Al Oula revient avec sa série phare «Waadi» pour une deuxième saison. La chaîne promet aussi la deuxième saison de Merhaba Bessahabi, qui s'inscrit dans la continuité des événements de la 1re saison de cette série comique. Ladite chaîne programme aussi pour la première fois, la série «Naâm A lalla» qui raconte l'histoire d'une jeune fille à la recherche d'un père inconnu, la série «Mister Senseur» (bagagiste d'un hôtel de luxe à Marrakech), «Stoun lklam» (série au ton comique qui insiste beaucoup sur le dicton marocain et ses subtilités de langage), ainsi que «Ould Sfia» (cette série raconte l'histoire d'une femme qui cachait sa grossesse à sa famille et à son entourage). Tarik Hajji Directeur marketing et développement Medi 1 TV Le ramadan est un moment privilégié. Il constitue le pic de nos visites sur notre site web. L'année dernière, nous avions justement enregistré 6,6 millions de visites ainsi que 400.000 vidéos vues par jour. Il s'agit de chiffres importants qui font aujourd'hui que le digital soit un canal privilégié des médias TV, notamment pendant le ramadan. D'ailleurs, même si notre positionnement est clair, en tant que chaîne d'information en continu, nous modifions notre programmation durant le mois sacré pour répondre aux attentes des téléspectateurs. Un mois durant lequel on constate une demande forte pour voir des choses différentes, d'autant plus qu'il constitue 25% des revenus publicitaires sur le marché marocain.