Près des deux tiers des directeurs financiers ayant répondu à une enquête de PwC placent l'optimisation de la trésorerie et du besoin en fonds de roulement à la tête des priorités de la fonction finance pour 2016. L'optimisation du cash management sur le court terme est une préoccupation majeure des départements chargés de la gestion de trésorerie de toute compagnie, et notamment les PME pour lesquelles l'accès au financement reste toujours difficile. C'est ce qui vient d'être confirmé par les résultats de la première enquête sur les «Enjeux stratégiques et priorités 2016 du directeur financier au Maroc», réalisée par PwC. 56 dirigeants financiers ont répondu à cette enquête menée entre le 4 janvier et le 8 avril 2016. 88% d'entre eux appartiennent à de grandes entreprises (chiffre d'affaire supérieur à 100 MDH). Notons aussi que 14% des entreprises sondées sont cotées. Selon l'enquête en question, ce sont 64% des directeurs financiers répondants qui placent l'optimisation de la trésorerie et du besoin en fonds de roulement (BFR) à la tête des priorités de la fonction finance pour 2016. Aussi, pour répondre à leur souci croissant de simplification et de réduction des coûts, les directeurs financiers envisagent pour 2016 une réorganisation de leurs activités et de leurs processus. 56% d'entre les répondants considèrent ainsi la «réorganisation des activités/processus» comme le chantier prioritaire pour 2016 au sein de la fonction finance. Parmi les sujets évoqués par les directeurs financiers, on retrouve les centres de services partagés (CSP) et les sujets de «lean management». Une gestion de la trésorerie plus professionnelle Commentant les résultats de cette enquête, Tom Cools, directeur PwC Advisory (Maroc) en charge de l'offre finance et trésorerie, explique que la gestion de la trésorerie commence à être de plus en plus professionnalisée au Maroc. Selon lui, «de plus en plus de groupes marocains ont récemment créé un département trésorerie comprenant des ressources professionnelles dédiées. Les banques marocaines sont également conscientes, aujourd'hui, du fait qu'elles ont face à elles un interlocuteur de plus en plus professionnel, qui sait exactement ce qu'il veut. Elles ont alors investi pour offrir des services adaptés». Toutefois, relève Tom Cools, un écart demeure encore entre les banques nationales et celles internationales, «dans la mesure où ces dernières disposent déjà de solutions pour les trésoriers que leur société mère a développées. La gestion de la trésorerie demeure opérationnelle au Maroc, la vision stratégique n'est pas toujours présente». Selon l'expert, la trésorerie désigne surtout les flux, soit les encaissements et les décaissements. Pour les encaissements, un sérieux problème autour des délais de paiement au Maroc doit être souligné. Les décaissements, quant à eux, souffrent du manque de sécurisation. Aujourd'hui, rares sont les entreprises qui ont réellement automatisé leurs flux. Un financement difficile pour les PME La question du financement est au cœur des challenges que doivent relever les directions financières marocaines. 42% des directeurs financiers interrogés donnent la priorité à l'accès au financement. Pour faire face à cette problématique, les directions financières marocaines se tournent vers la sécurisation des flux et vers l'optimisation du cash disponible. Ainsi, 66% des directeurs financiers interrogés estiment que la sécurisation des flux et le contrôle interne des activités sont un enjeu majeur du département trésorerie en 2016, et 76% d'entre eux placent le cash management comme l'axe principal de gestion du risque de liquidité en 2016. Toutefois, pour les PME, à en croire Tom Cools, malgré un marché financier marocain aujourd'hui suffisamment liquide, la gestion de la trésorerie consiste avant tout d'essayer de trouver du financement, et le plus difficile reste le financement du BFR. Les PME s'orientent avant tout vers l'autofinancement, à travers une gestion détaillée de la trésorerie et de ses prévisions afin d'optimiser le cash et de bien connaître les flux. Les banques et les grands groupes, souvent clients des PME, peuvent également aider avec la mise en place de solutions de financement alternatif comme le reverse factoring. La maîtrise du risque de change, une priorité absolue Parler de trésorerie, c'est également parler de différents risques: de taux, de change et des matières premières. Ainsi, face à la stratégie d'expansion à l'international qu'adoptent 58% des entreprises marocaines, la maîtrise du risque de change demeure une priorité absolue. «Le risque de change est aujourd'hui un risque moins bien maîtrisé, mais qui deviendra un risque impactant pour beaucoup d'entreprises marocaines. Leur stratégie de croissance s'ouvrant davantage à l'Afrique, il faudra gérer de plus en plus de flux en devises, parfois non convertibles. Il faudra donc avoir des professionnels capables d'identifier ce type de risques, de le comprendre et de le maîtriser», explique Cools. En conclusion, la stratégie de croissance des entreprises marocaines est résolument tournée vers l'international, et majoritairement l'Afrique, à laquelle les directeurs financiers contribuent pleinement en se positionnant en tant que business partners de la stratégie de l'entreprise. Cependant, des chantiers importants tels que la gestion de trésorerie, la maîtrise des coûts et la simplification des processus restent à finaliser au Maroc. Noël Albertus Directeur général de PwC Advisory Région Maghreb et Afrique francophone Ce qu'il faut retenir de cette étude est que le rôle du directeur financier évolue. On passe d'une fonction de support, de maîtrise des risques, plutôt orienté vers le passé, une stratégie d'entreprise, ce que l'on appelle un rôle de business partner, orientée plutôt vers plus de prospectives et d'analyse. Si on regarde les directeurs financiers des sociétés du CAC40, il y a les traditionnelles fonctions comptables et de contrôle de gestion, mais aussi les chasses gardées du directeur financier que sont la trésorerie, les financements, les opérations de fusion-acquisition. Le directeur financier est toujours partie prenante des opérations de croissance externe. Il est le partenaire privilégié des banquiers d'affaires qui interviennent en conseils pour les opérations de fusion-acquisition. D'ailleurs, dans le cadre des réponses que nous avons reçues au cours de cette étude, 67% des directeurs financiers veulent être des acteurs du développement et participer à la transformation de l'entreprise.