C'est un concert entre puissance et douceur qu'a livré la chanteuse mannequin Imany à Rabat, ce mercredi soir au Théâtre national Mohammed V. Une voix, un charisme, des musiciens de talent et de la simplicité. Telle est la recette de son succès. 2 guitares, 2 violoncelles, un clavier, une basse et une batterie au service d'une grande voix, basse et chaude. Imany livre un concert sans faute ce mercredi soir au Théâtre national Mohammed V de Rabat, lors de la 15e édition du Festival Mawazine et Rythmes du Monde. Un théâtre qu'elle connaît déjà, puisqu'elle y a joué 4 ans auparavant. À l'époque, elle n'avait qu'un album. «Entre temps, il s'est passé beaucoup de choses, dont un second album que je vais tester sur vous ce soir», confie la chanteuse qui n'hésite pas à faire de l'humour, mais toujours avec la classe et le raffinement qu'on lui connaît. «Don't be shy», «Slow down» ou encore «You will never know», la chanteuse parcourt son répertoire avec finesse en revisitant chaque morceau comme si c'était la première fois. Engagée et libre, elle donne des conseils à ses fans, se livre, partage, les fait participer au groove. «Les filles, n'essayez pas de changer vos mecs, ça ne marche pas. Si cela vous fait mal, changez de mecs!». Résultat : un public heureux et impressionné par le magnétisme de la musicienne, un public qui danse, chante, tape des mains, qui en demande toujours plus. Et toujours plus, c'est ce que la chanteuse propose avec ses musiciens. On redécouvre ses propres chansons parce qu'elle ne les joue pas de la même manière. Aller à un concert d'Imany ce n'est pas se contenter d'écouter le CD en boucle, mais découvrir une autre sensibilité, un autre réarrangement. Et quand elle chante «Shape of a broken heart» pour l'Afrique ou sa lettre ouverte à Nelson Mandela où elle s'imagine une conversation avec lui ; avec «There were tears», Imany assure un voyage vers le monde. Entre rock, folk, blues enracinés dans des rythmes africains, la chanteuse rappelle forcément Tracy Chapman avec sa voix chaude ou encore Ben Harper dans cette sensibilité folk. Mais la comparer à d'autres serait une perte de temps car Imany demeure unique. Elle se permet même une chanson qui rappelle ses origines comoriennes où elle chante dans son dialecte : «Take care». Un concert plein d'humanité, un concert simple, sans surplus, sans faux-semblants, que du vrai où la chanteuse offre des versions personnelles de chansons, telles que «Bohemian Rapsody» presque dérangeante, tellement elle se l'approprie sans la dénaturer, ou encore cette version incroyable avec l'aide du public de «Mercedes Benz», de Janis Joplin avant de commencer le rappel par une version acoustique et intimiste de «T'es beau» de Pauline Croze. Ce qui est sûr, c'est qu'Imany n'a pas peur de prendre des risques, elle est là où on ne l'attend pas. Sculptée, presque dessinée, Imany a fait un concert crescendo. Celle qui se réinvente depuis le début et qui surprend avec de la douceur et de la puissance, finit presque en transe en descendant chez le public pour le remercier ou en enlevant son turban pour finir à nue. La chanteuse donne tout, et elle a tout donné ce soir-là au Théâtre national Mohammed V. Elle donne rendez-vous à ses fans de Rabat très bientôt parce qu'une vraie relation existe entre elle et son public.