59% des 398 internautes ayant répondu au sondage hebdomadaire de Flm, réalisé exclusivement pour les Inspirations ECO, se sont déclarés favorables à un fair-play financier dans la Botola. Pour la saison 2016-2017, les clubs professionnels de la Botola 1 seront obligés de respecter un cahier des charges, sous peine de subir une rétrogradation. Ce cahier des charges va certainement englober une garantie de ressources financières, contrôlée par une entité dédiée qui a préparé les clubs à harmoniser leur comptabilité. Interrogés sur la question, 59% des 398 internautes ayant répondu au sondage hebdomadaire de Flm se sont déclarés favorables à un fair-play financier dans la Botola. Aussi, une minorité de 41% y est opposée. Théoriquement, le fair-play financier dans le football est beaucoup plus restrictif que le simple équilibre budgétaire. En effet, ce fair-play implique que les ressources pérennes d'un club soient celles qui doivent financer les dépenses courantes, dont les salaires et le coût de transfert de nouveaux joueurs. Ces ressources pérennes sont notamment celles de la billetterie, du sponsoring maillot, du merchandising, des ventes de contrats de joueurs et des droits de télévision. Ainsi, l'actionnaire ou les adhérents ne doivent combler les déficits d'exploitation que durant une période transitoire, et non de manière chronique. Dans la Botola, cette notion est importante car le développement structurel des clubs marocains passe par leur indépendance financière des dons des mécènes intéressés ou désintéressés, des subventions des collectivités locales et de l'assistance de certaines sociétés publiques. Surtout, peu de clubs disposent d'un patrimoine conséquent comme un stade moderne ou un centre de formation aux normes internationales. Par ailleurs, quand un club n'atteint pas équilibre structurel, ses finances sont très fragiles, dépendant des accidents de parcours comme le départ d'un président-mécène ou le changement de stratégie d'une entreprise publique donatrice. D'ailleurs, les exemples historiques sont connus avec des équipes reléguées en D2 ou en National 1, après la disparition de leurs mécènes ou le changement radical de la stratégie de l'entreprise publique. Le meilleur exemple est celui de la Régie des tabacs avec l'Union sportive qui a joué un temps en D1, avant de disparaître avec la privatisation de l'entreprise. Indépendance financière Ainsi, les partisans du fair-play financier ont raison car ce modèle économique équilibré est nécessaire vu que le cas contraire nuit aussi aux concurrents ayant vécu avec leurs moyens financiers propres récurrents, se privant parfois de leurs meilleurs joueurs pour boucler leurs budgets. Ces clubs voient les titres leur échapper ou, pire, la relégation pointer son nez. Surtout, l'indépendance financière des clubs est possible car plusieurs clubs de football en Europe ont même tenté l'expérience des marchés financiers, permettant l'existence de l'indice Stoxx Europe Football. En effet, l'objectif d'une entrée en Bourse pour les clubs est, souvent, le désendettement, l'implication des supporters dans la vie sociale du club et le financement du projet sportif (renforcement de l'effectif) ou économique (exemple de la construction ou à la rénovation d'un stade). À ce titre, l'exemple le plus parlant est naturellement celui de l'IPO de Manchester United, le club de football britannique qui a réussi son introduction en Bourse en 2012, en levant sur la Bourse de New-York (NYSE) 233 millions de dollars pour une valorisation de 2,3 milliards de dollars. En conclusion, le rétablissement des finances des clubs marocains passe probablement par deux étapes. Une première peut viser à court terme l'équilibre budgétaire indépendamment de l'origine des ressources ou des fonds. Une deuxième étape à long terme pourrait se fixer un objectif de fair-play financier. Farid Mezouar Directeur général de FL Markets Les Inspirations ECO: Le football est-il une activité économique ? Farid Mezouar : Oui, le football professionnel est une activité économique dont le modèle est à mi-chemin entre l'industrie du spectacle et le marketing. Ce modèle se caractérise par une certaine diversification des revenus avec les droits télévisuels, la billetterie, le sponsoring et merchandising, le solde du transfert des pouvant jouer comme une variable d'ajustement. Les clubs sont aussi une marque pouvant faire vendre des produits. Qu'en est-il du Maroc ? Au Maroc, plusieurs clubs sont déjà des PME avec plusieurs dizaines de millions de DH de revenus. Toutefois, le terrain est encore vierge au niveau de certaines sources de chiffre d'affaires, comme le montre la quasi-absence de merchandising. C'est le cas aussi avec la concurrence insuffisante sur les droits télévisuels. Aussi, le sponsoring est davantage présenté comme du mécénat que comme une vraie action publicitaire win-win. Enfin, la billetterie peut être optimisée notamment via un upgrade du standing des places.