Deux millions de tonnes de blé meunier, c'est ce que les épis français ont livré au Maroc lors de la campagne de commercialisation précédente. «Un record absolu», selon les mots de Jean-Pierre Langlois Berthelot, le président de France Export Céréales (FEC). Une performance, oui, mais qui sera plus pondérée lors des prochaines commercialisations, dont les résultats ont été «vendus» hier à Casablanca, devant un parterre d'importateurs marocains. De fait, l'Hexagone ne devrait pas dépasser la barre du million et demi de tonnes pour 2012, selon les prévisions livrées hier par le chef de la mission du FEC au Maghreb, Yann Lebeau. Les explications de ces données seraient sans doute à trouver dans la bonne récolte - en volume, mais d'une qualité relative - enregistrée par le royaume, avec près de 84 millions de quintaux au terme de la dernière campagne céréalière. Les Français semblent en effet bien avoir pris en compte la bonne situation du stock national, estimé à un volume dépassant la barre des 17,5 millions de quintaux (Mqx) au 1e septembre dernier, en augmentation de 20% par rapport à l'année dernière. D'autre part, il faudrait souligner la légère prévision de baisse du volume des exportations françaises annoncée récemment par FranceAgriMer, l'établissement national français des produits de l'agriculture et de la mer. Ces volumes devraient, en effet, passer de 12,9 millions de tonnes pour la campagne précédente à 8 millions cette année. Pour les responsables du FEC, l'impératif est bien connu. Il s'agit de sauvegarder leur hégémonie sur le marché des importations céréalières du royaume. En pratique, pour Langlois Berthelot, il est question de se maintenir au dessus des 50% de part de marché, sur le total des importations marocaines en blé tendre, en l'occurrence. Come-back confirmé Sur le blé dur, c'est le grand retour. C'est en fait un volume de près de 200.000 tonnes qui sont visés en objectifs. Le chiffre exprime bien la volonté expansionniste des producteurs français hors des frontières de l'UE, notamment sur ce type de céréales, sur lequel ils étaient quasiment irréguliers en termes d'exportations sur le Maroc. «Les commandes que nous avons déjà relevées sur ce marché sont d'un volume de 120.000 tonnes, ce qui est fort encourageant», pense le président du FEC. Ce dernier est par ailleurs tout à fait conscient que le défi qu'il faudra relever pour émerger dans ce marché fortement dominé par les Canadiens et les Américains du Nord, est celui de la qualité. Sur ce registre, FEC promet beaucoup aux opérateurs importateurs marocains, avec des indicateurs se situant dans la moyenne, tel le taux d'humidité (entre 11% et 13,5%), et la teneur en protéines (de 13% à 14%). En volume, la France promet aussi d'être au rendez-vous, avec une production en quasi-stabilité, comparée à 2010, soit 2 millions de tonnes, et un rendement à l'hectare qui a fléchi de deux points avec 48q/ha. Quant au blé tendre, la production française est également en léger fléchissement, s'affichant à 33,4 millions de tonnes au terme de la dernière campagne, contre 35,7 lors de la précédente. Sur cette céréale aussi, la baisse des rendements est là – «mais contenue», selon Lebeau – avec un niveau de 67 q/ha, correspondant à un recul de 6 q/ha par rapport à la récolte précédente. Pour les producteurs français, l'amélioration continue de la qualité de l'offre et le développement de la logistique seront les facteurs de soutien des exportations vers le Maroc. Sur le premier aspect, «Nous serons en mesure d'offrir une récolte très diversifiée en gamme et qui devrait s'adapter à toutes sortes d'usage industriels», explique Benoit Meleard, expert chez Arvalis – Institut français du végétal. De manière globale, l'Hexagone a mis un volume de 19 millions de tonnes sur le marché international, au cours de la campagne précédente. Hors espace UE, cette quantité frôle les 13 millions de tonnes. Lire aussi : Céréaliculture: Le maïs et l'orge en outsiders «Il est prévu d'exporter 200.000 tonnes de blé dur»: Yann Lebeau, Chef de mission Maghreb France Export Céréales Les Echos quotidien : La France confirme décidément son retour sur le blé dur Yann Lebeau : Tout à fait. Il est prévu des exportations de près de 200.000 tonnes de blé dur pour cette saison de commercialisation. J'ai même d'ailleurs déjà eu des échos auprès des importateurs marocains, qui soutiennent qu'un volume de 150.000 t est déjà positionné. Cela nous relance en effet sur le marché des importations marocaines sur cette variété de blé. FranceAgrimer parle de réduction des exportations. Confirmez-vous cette décision ? La situation était assez exceptionnelle. Nous avions une production qui était très importante les années dernières, face à une demande intérieure qui est restée quasi inchangée. Pour cette année, on va reprendre des critères de statistiques normaux et exporter entre 8 et 8,5 millions de tonnes de blé tendre, pour une production estimée à terme à 33,4 millions de tonnes. Qu'est ce qui explique ce repli ? Cela est principalement dû à quelques problèmes climatiques. Il faut savoir que le marché français subit en général assez l'impact de ces aléas. Cela fait d'ailleurs sa particularité : les dégâts climatiques sur la production ne dépassent pas en général la barre de 10%. Ils se situent plus précisément entre un taux de 6 et 7%. Cela fait suite à de nouvelles techniques de culture, fondées sur des graines plus résistante aux aléas climatiques.