La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) met actuellement au point un programme de financement des femmes entrepreneurs à travers des banques locales. Le Groupe Banque populaire devrait être le premier partenaire de la BERD avec un prêt de 20 millions d'euros en passe d'être accordé. Nouvelle manne financière de la BERD pour accompagner l'entrepreneuriat...féminin cette fois. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) met actuellement au point un programme de financement des femmes entrepreneures à travers des banques locales. Le Groupe Banque populaire devrait être le premier partenaire de la BERD avec un prêt de 20 millions d'euros en passe d'être accordé dans ce sens. Dans le détail, ce projet vise concrètement à «encourager et accompagner le développement de l'entreprise privée féminine, en lui permettant d'accéder au crédit». Le programme s'adresse à une population d'entrepreneurs particulière et inclut les entreprises dirigées par une femme, au lieu de se limiter aux structures dont le capital est détenu majoritairement par une femme. Ce projet s'inscrit d'autant plus dans le cadre de la stratégie d'intervention de la BERD au Maroc, approuvée début 2015, visant «à contribuer à la réalisation du potentiel entrepreneurial du pays, en encourageant les femmes à entreprendre». «La Banque centrale populaire (BCP) est l'un des partenaires essentiels de la BERD au Maroc et nous négocions actuellement la mise en place d'une nouvelle ligne de financement destinée au soutien des femmes entrepreneures avec 20 millions d'euros pour commencer», explique Laurent Chabrier, directeur de la BERD au Maroc. À ce stade de la négociation, les deux parties examinent différents aspects de ce programme et notamment les conditions d'éligibilité au nouveau financement à appliquer aux femmes entrepreneures. Un constat alarmant... Cette initiative de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement vient répondre à un besoin particulier des femmes entrepreneures au Maroc. Ce besoin est passé sous la loupe du Conseil économique, social et environnemental qui a annoncé en 2014 que seulement 0,8% des femmes actives occupées au niveau national sont des entrepreneures. Ces dernières ne représentent par conséquent que 10% du nombre total des entrepreneurs globalement installés sur l'axe Casablanca-Rabat, ceci sans compter un CA très faible qui ne dépasse généralement pas les 20 millions de dirhams, voire 5 millions. L'entrepreneuriat féminin reste, par conséquent aujourd'hui, un secteur d'activité limité par l'accès au financement et dominé par l'auto-emploi. Et c'est dans ce sens qu'intervient l'appui de la BERD à travers ce nouveau prêt en cours de finalisation avec la BCP. Après validation, ce prêt devrait constituer le 5e accordé à l'institution financière qui travaille déjà en étroite collaboration avec la BERD. En janvier dernier, la banque européenne avait déjà accordé 10 millions d'euros sur un total de 20 millions qui lui sont consentis dans le cadre du programme de la Ligne marocaine de financement de l'énergie durable «MorSEFF». Dans cette même dynamique, la BERD avait aussi accordé à la BCP un prêt de 100 millions d'euros, pour renforcer son soutien aux PME industrielles. Par cette nouvelle ligne de financement, l'institution européenne poursuit son action de développement au Maroc et plus précisément celle d'assurer un encouragement à l'entrepreneuriat et au développement du tissu économique national. Laurent Chabrier Directeur de la BERD au Maroc Les Inspirations ECO : En quoi consiste concrètement ce nouveau projet ? Laurent Chabrier : Il ne s'agit pas d'un prêt déjà en place mais d'un projet baptisé «Women in business». C'est concrètement une action que nous avons déjà menée en Egypte et en Turquie et que nous déployons actuellement au Maroc. Nous ciblons principalement des femmes actionnaires majoritaires de leurs entreprises ou directrices/dirigeantes de PME. À travers ce projet, des programmes seront proposés pour assurer un accompagnement technique afin d'aider les femmes chefs d'entreprises à assurer la préparation de leurs business plan ou encore à monter leurs dossiers de financements bancaires. Il s'agira aussi d'accompagner les banquiers dans ce sens. Ce programme devrait être lancé avant fin 2016. Sur quels critères de sélection ce projet se base-il ? Nous sommes en cours de définition des critères. Nous allons essayer de travailler sur tout ce qui a été fait par la Caisse centrale de garantie. Nous allons nous baser sur tout le travail que la CCG a déjà effectué dans l'accompagnement des femmes entrepreneurs, et plus précisément des entreprises féminines. Ce projet sera-il étendu à d'autres institutions financières ? Absolument. L'idée est de multiplier le nombre de banques et de développer le réseau. À terme, nous estimons qu'il est bon d'étendre ce programme à un autre réseau pour une meilleure proximité avec les entrepreneurs. Dans ce sens, d'autres banques sont très intéressées, et nous étudions actuellement les modalités de déploiement à l'instar de ce qui a été fait pour le programme MORSEFF.