Un programme baptisé Fanadik Fès instaure un nouveau concept de management des foundouks de la ville. Restaurés par l'Ader-Fès dans le cadre du projet «Artisanat et Médina de Fès», ces monuments sont dédiés à l'artisanat de haut de gamme. Les fondouks de la Médina de Fès retrouvent une seconde jeunesse. En effet, ceux de Chemaïne, Sbteriyine, Barka et Staouniyine renaissent grâce à «Fanadik Fès». Restaurés par l'Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès (Ader-Fès), entité d'exécution, dans le cadre du projet «Artisanat et Médina de Fès», ces foundouks datant des 13 et 14e siècles, qui servaient à la fois d'hôtels pour les visiteurs en passage à Fès et d'entrepôt de marchandises, seront désormais dédiés à l'artisanat de haute facture. Il s'agit d'en faire de hauts lieux de l'artisanat raffiné, de shopping et de tourisme. Des nombreux services (exposition, restauration, etc.) sont également prévus pour répondre aux attentes des habitants et visiteurs de la médina. L'objectif, selon Fouad Serrhini, directeur général de l'Ader-Fès, «étant d'insuffler une nouvelle dynamique socio-économique et culturelle dans un contexte chargé d'histoire et de patrimoine, et d'inscrire ces fondouks dans les circuits des touristes et des visiteurs de la médina». «Il s'agit aussi de faire de ces foundouks des bassins créateurs d'emplois et de richesse, d'attractivité touristique et surtout d'activités économiques lucratives et rentables dont les revenus seront réinjectés dans les opérations de conservation du patrimoine culturel de la médina de Fès», ajoute Serrhini. Cette vision qui répond, selon le management de l'Ader-Fès, aux directives du roi Mohammed VI, est conforme aux dispositions de la Charte de Venise. Cette dernière stipule dans son article 5 que «Le patrimoine des monuments est toujours favorisé par l'affectation de ceux-ci à une fonction utile à la société. Une telle affectation est donc souhaitable, mais elle ne peut altérer l'ordonnance ou le décor des édifices. C'est dans ces limites qu'il faut concevoir et que l'on peut autoriser les aménagements exigés par l'évolution des usagers et des coutumes». L'ensemble Chemmaïne- Sbitriyyine, dédié à l'artisanat communautaire Le Foundouk Chemmaïne tire son nom du souk des fabricants de cierges (cham', chammâ'). La porte de la mosquée Qaraouiyyine, dite des «anciens potiers», fondée par les Almoravides (1056-1147), fut convertie en «porte Shammâ‘în» au début de l'époque mérinide. C'est également à cette époque que première mention fut faite de ce foundouk, lorsque le sultan Abou Yaacoub Youssouf (1286-1307) le restaura et le constitua en waqf au profit de la mosquée en question, selon des historiens. Après sa restauration, il constitue, avec Foundouk Sbitriyyine, un ensemble dédié à un «Centre de la culture et de l'artisanat communautaire haut de gamme». En détail, Foundouk Chemmaïne, d'une surface utile de 535 m2, comprend 3 ateliers de finition-vente, 11 aires d'exposition-vente, 2 cafés, 1 restaurant et d'autres espaces communs, tandis que le Foundouk Sbitriyyine, qui le jouxte, abritera, sur une surface utile de 540 m2, 5 ateliers finition vente, 18 aires d'exposition vente, une banque, un café et autres espaces communs. Foundouk Barka, de la traite des femmes à l'artisanat féminin À proximité de la Bank Al-Maghrib, sise rue Kettanine, Foundouk Barka était réservé, dans le passé à la traite des femmes selon certains historiens. Pour d'autres, il a été consacré à l'allaitement des enfants notamment orphelins. Ainsi, comme son histoire est liée à celle des femmes, l'ADER Fès et ses différents partenaires, dans le cadre du projet Fès Médina, ont décidé de faire de ce foundouk un «centre de créativité artisanale féminine». L'idée consiste à rendre hommage aux femmes qui ont vécu un jour dans cet espace en tant qu'esclave ou pour l'allaitement des enfants. D'une surface utile de 283 m2, le foundouk comprend 10 ateliers de finition/vente, 2 boutiques, 1 vitrine d'exposition, une galerie des métiers, une galerie des arts plastiques, un espace associatif, un café/buvette, une garderie et d'autres espaces d'accueil. Foundouk Staouniyine retrace la présence des Tétouanais à Fès Fréquenté jadis par des commerçants tétouanais, Foundouk Staouniyine est l'un des plus anciens centres commerciaux de Fès, contemporain de la medersa Attarine datant de 14e siècle. Il sera dédié, après sa restauration, à un «Centre d'innovation de l'artisanat du tissage». D'une surface utile de 437 m2, le Fondouk Staouniyine comprend 5 ateliers de finition-vente, 14 espaces d'exposition-vente, une librairie, un espace dédié à la tapisserie, un café-restaurant, un atelier de formation et des espaces communs. La renaissance de ces quatre foundouks datant des 13 et 14e siècles et ce nouveau concept de management des sites historiques devraient ouvrir la voie à la réhabilitation d'une centaine d'autres foundouks situés tout le long des axes principaux de la Médina (Talâa kbira et sghira, Ras Cheratine, Nejjarine et Seffah), à proximité des portes que sont Bab Boujloud, Bab Elguissa, Bab Ftouh et autour de la Mosquée Quaraouiyne. Le but étant d'en faire de hauts lieux de commerce et d'artisanat revêtant le label «Fanadik Fès».