En dépit des efforts entrepris par le Maroc pour améliorer sa connectivité maritime, d'importants défis restent à relever. C'est ce que relève la DEPF dans une étude sur l'évolution et les perspectives du transport des marchandises. C'est le ministère de l'Economie et des finances qui l'affirme : «En l'absence d'une politique maritime volontariste et intégrée, le développement d'un transport maritime performant et compétitif sera difficile». Cette conclusion sans concession s'est imposée via une étude sur l'évolution et les perspectives du transport des marchandises au Maroc que vient de rendre publique la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). De ce fait, l'étude recommande aux pouvoirs publics de veiller à mettre en place «des mesures incitatives à l'investissement maritime afin d'améliorer l'attractivité de l'industrie navale pour le secteur privé». Au titre des alternatives, l'Etat pourrait également développer des partenariats privé-public à travers, notamment, la création d'une entité de coordination entre les différents intervenants du secteur, ce qui serait de nature à renforcer la coordination de toute stratégie de mise à niveau de ce secteur. Le ton est donné: le secteur a besoin d'une mise à niveau afin de l'adapter au contexte actuel et à la dynamique que connaît le transport maritime au niveau mondial, lequel assure plus de 80% du trafic mondial de marchandise. Compétitivité Selon le constat dressé par l'étude de la DEPF, l'importante évolution de la structure des échanges commerciaux du Maroc sur les deux dernières décennies a engendré un besoin grandissant en matière de transport maritime. «Il s'agit d'un besoin multidimensionnel, notamment avec la nouvelle orientation du Maroc vers l'ouverture sur de nouveaux partenaires commerciaux dans l'objectif de réduire sa forte dépendance vis-à-vis de ses partenaires historiques», poursuit le document. De grands efforts ont été, certes, engagés au cours de ces dernières années, rappelle la DEPF qui cite entre autres la réforme portuaire, la mise en service du port Tanger Med et le développement des lignes régulières, ce qui a permis de renforcer la connectivité maritime du pays. Cependant, d'importants défis restent à relever afin d'accompagner et de renforcer les exportations marocaines, notamment vers des régions à fort potentiel de croissance comme l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie et le Moyen-Orient. La structure du transport maritime marocain est caractérisée par la prédominance des flux vraquiers, secs et liquides, lesquels représentent la partie la plus importante de la demande du transport maritime, au moment où l'offre du pavillon national est quasiment absente sur ce segment. Du côté de l'offre, l'étude fait cas de deux tendances opposées. La première concerne la mise à niveau des infrastructures du transport maritime, un domaine où le Maroc affiche une forte dynamique et dispose d'une vision claire du secteur portuaire. En revanche, la seconde, qui est relative à l'offre maritime, accuse un certain retard du moment que son évolution n'accompagne pas le progrès de l'offre portuaire. Dans ce cadre, l'étude note que le dépavillonnement est le principal défi auquel est confrontée la flotte marocaine. Selon la DEPF, il est important «d'encourager le rapprochement entre les chargeurs et les armateurs pour optimiser l'exploitation du pavillon national, d'autant plus que le commerce extérieur national est caractérisé par sa concentration produit-marché». Aussi, les pouvoirs publics auront tout à gagner en misant sur la création d'un deuxième registre incluant de manière progressive les segments du transport maritime, en commençant notamment par le vrac solide avant de l'étendre au vrac liquide. Côté législation, l'étude recommande la mise à jour du dahir portant code de commerce maritime (DCCM) datant de 1919 afin de «doter le secteur maritime marocain d'un cadre législatif moderne et adapté aux changements profonds du commerce maritime international». En outre, l'industrie navale est quasiment inexistante au Maroc alors qu'elle affiche, au niveau mondial, un dynamisme soutenu. Par conséquent, «il serait judicieux d'encourager dans un premier temps l'émergence de services de réparation voire de construction navale, en plus de l'ensemble des services connexes notamment en matière de financement, d'assurances, de gestion technique et des ressources humaines».