Représentant près de 33% du PIB national, la région Casablanca-Settat concentre un tissu économique important, en particulier dans l'industrie et les services. Le découpage régional l'a en plus dotée de nouveaux potentiels dans le secteur primaire grâce à Chaouia-Ourdigha. Mais pour se hisser au rang de hub économique et financier international, la région doit relever plusieurs défis de taille. Le découpage territorial de 2015 a accouché d'une méga-région: Casablanca-Settat. L'agglomération, qui s'étale sur 9.448 km2, compte deux préfectures, Casablanca et Mohammedia, et 7 provinces, à savoir Benslimane, Berrechid, El Jadida, Médiouna, Nouaceur, Settat et Sidi Bennour. La région est également la plus peuplée du royaume avec 6,9 millions d'habitants. Aujourd'hui, Casablanca-Settat représente 20,3% de la population nationale avec un taux d'urbanisation de 73,6%. En prime, la région est dotée de nouvelles ressources naturelles, humaines, urbanistiques et économiques qui vont lui donner un nouvel élan dans la réalisation de son développement économique et social. La Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui a passé au scanner les potentialités de chaque région, en est ressortie avec la conclusion suivante : «La région du Grand Casablanca a été renforcée par les provinces d'El Jadida et de Berrechid, soutenant ainsi la connotation industrielle de la nouvelle région de Casablanca-Settat. Cette dernière a profité de l'apport de la valeur ajoutée primaire émanant des provinces précitées et de celles de Benslimane et Settat, sans toutefois remettre en cause son leadership industriel». Atouts La région a tous les atouts pour être la locomotive de l'économie nationale. En termes d'infrastructures, Casablanca-Settat est dotée d'une connectivité portuaire qui lui permet de jouer le rôle de catalyseur pour toute l'économie du pays. La région est la première zone portuaire du royaume avec 69% des échanges commerciaux du pays. Le port de Casablanca, qui assure près de 40% des échanges extérieurs du pays, fait transiter pas moins de 20 millions de tonnes de marchandises par an. Les ports de Mohammedia et de Jorf Lasfar, le premier spécialisé dans les hydrocarbures et le second ayant une vocation minière, servent de relais. Et ce n'est pas tout : l'Agence nationale des ports (ANP) compte renforcer les infrastructures portuaires du royaume: l'investissement global prévu dans les ports de la région pour la période 2016-2020 s'élève à environ 3 MMDH. À cela s'ajoutent d'autres moyens de connexions et transport (aéroport Mohammed V, réseau routier et autoroutier, voie ferrée..) qui assurent une fluidité des déplacements et du transport de marchandises. Le nouveau découpage devrait également renforcer la vocation économique et industrielle de la région. L'axe Casablanca-Mohammedia est connu pour son dynamisme industriel composé de mastodontes opérant dans différents domaines (cimenterie, raffinage de sucre, production d'électricité, sidérurgie, agroalimentaire), sans compter le tissu des PME qui monte en puissance. La province d'El Jadida est aussi appelé à prendre son envol dans la configuration actuelle. La zone industrielle de Jorf Lasfar abrite déjà de gros calibres industriels : Groupe OCP, Taqa Morocco, Sonasid, Winxo... Tous ces facteurs devraient permettre à la région de prendre sa vitesse de croisière et renforcer son poids économique, estimé aujourd'hui à près de 25% du PIB national avec 40% l'activité commerciale du pays et 60% de son activité industrielle. Relais Ces atouts font de Casablanca-Settat une destination de choix pour les investisseurs. Néanmoins, la méga-région a des défis à relever à sa mesure. Le chef-lieu de la région, le Grand Casablanca, souffre de plusieurs dysfonctionnements qui noircissent le tableau. Dans un rapport réalisé par «Casa, Lieu de vie», un des groupes du think tank créé par Khalid Safir, wali de la région, plusieurs défaillances ont été pointées. Déficit en logements, mauvaise gestion des déchets, manque d'espaces verts... En clair, le Conseil régional et la wilaya ont du pain sur la planche. Côté climat des affaires, opérateurs économiques et administrations publiques s'accordent à dire qu'il y a encore plusieurs obstacles qu'il faudra surmonter. Le Comité régional de l'environnement des affaires (CREA-Casa), créé début 2015, est d'ailleurs engagé dans ce processus. Dans son plan d'action, il a établi 13 axes. Amélioration des conditions d'installation des entreprises, accélération de la mise à niveau des zones industrielles, simplification de la fiscalité locale, dématérialisation des autorisations commerciales, intégration du secteur informel... plusieurs actions sont en cours de réalisation. Au-delà de la métropole, la région sera appelée à mettre en harmonie toutes ses composantes. L'axe Casablanca-Mohammedia est en passe s'être saturé. El Jadida et Settat peuvent constituer une véritable «soupape». À titre d'exemple, Jorf Lasfar est aujourd'hui la première plateforme mondiale de phosphates et dérivés et devra monter en puissance dans les années à venir grâce aux investissements engagés par l'OCP. Settat, plutôt orienté vers les industries chimiques et métallurgiques, n'est pas en reste. De plus, la région, jusque-là exclusivement spécialisée dans les activités des secteurs secondaire et tertiaire, la région s'est appropriée, avec le nouveau découpage, une valeur ajoutée du secteur primaire importante, en provenance de Chaouia-Ouardigha à spécificité agricole. Il faudra donc valoriser ce potentiel et en constituer un relais de croissance.