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Une province en pleine mutation
El Jadida à l'heure de la modernisation
Publié dans Albayane le 16 - 05 - 2013


El Jadida à l'heure de la modernisation
De par sa situation stratégique au milieu du pays, son climat doux et clément, ses diverses richesses et potentialités agricoles, portuaires, touristiques, culturelles et humaines, la province d'El Jadida était destinée, déjà, à un meilleur avenir il y a plus d'un siècle. Malheureusement, la construction du port d'Anfa, au début du 20e siècle, tua dans l'œuf cette mutation logique devant se produire. C'est ainsi que son port, le plus important de l'Océan Atlantique au 19e siècle, perdit de ses intenses activités d'export vers l'Europe et de sa splendeur.
Cette situation profita à l'ancien Anfa qui se développa rapidement au détriment d'El Jadida. L'élite jdidie, comptant de grandes figures du monde des finances, de l'art, de l'armée, de la politique, de la presse, de la littérature, du sport et des affaires, fut contrainte, dès lors, de migrer sous d'autres cieux. Notamment vers les centres de pouvoir du centre-nord du pays à savoir Rabat, Casablanca et Fès. Une deuxième chance de décollage s'offrit, de nouveau, à la ville au début des années 80 avec le premier programme d'ajustement structurel (PAS), imposé par les instituions des Bertin Woods, et qui tendait à la redéfinition de l'agriculture dans l'économie marocaine. Les hauts centres de décision optèrent, forcément, pour une politique visant à réduire le poids exorbitant de la bourgeoisie de Fès et de Rabat, dominante dans le centre de décision, au profit des régions délaissées. La province d'El Jadida fut choisie. Mais contre toute attente, c'est... la Chaouia qui en bénéficia ! Les milieux doukkalis avisés n'écartèrent pas l'intervention subtile de l'homme fort du régime à cette époque, Driss Basri, dans la déviation de ce programme vers la région de ses origines. Ces mêmes milieux l'accusent, d'ailleurs, d'autres problèmes et tracas ayant nui au développement des Doukkala comme le retard affiché dans la réalisation de l'autoroute Casablanca-Jorf Lasfar, qui devait voir le jour après celle de Casablanca-Rabat et bien d'autres dont les séquelles traînent encore. Ce retard poussa les jeunes bras, en quête de travail, à quitter leur ville natale pour d'autres destinations et principalement vers Casablanca qu'ils surpeuplèrent. Malgré cette rivalité, qui n'avait pas de raison d'exister entre la Chaouia et les Doukkala, la ville d'El Jadida continuait à grandir et à voir augmenter sa population, bon gré mal gré, grâce à l'exode rural, au développement de l'irrigation et à l'industrialisation ayant débuté en 1946.
La phase salvatrice, enfin
Finalement, la fin de son étouffement se produisit à partir de 1986 avec l'installation de Maroc Phosphore III et IV qui imposeront la province d'El Jadida comme un sérieux site industriel du Royaume. Depuis, elle vit une mutation en profondeur de ses activités agricoles, touristiques et industrielles. De cette date jusqu'à 1990, elle vécut un afflux d'investissement sans précédent. En 1987, l'investissement industriel réalisé par le secteur s'est chiffré à plus de 408 MDH (non compris celui de Maroc Phosphore III et IV). Les unités en activité avaient dégagé une production de plus 3,5 milliards de dirhams et une valeur ajoutée de 476 MDH. En 1990, les investissements avaient atteint plus de 960 MDH. De 1991 à 1996, le nombre d'unités industrielles est passé de 77 à 142 et la production avait enregistré une croissance de 43%. Les exportations et le chiffre d'affaires avaient affiché respectivement une évolution de 16% et de 35%. En 1999, la production industrielle, de 168 établissements, s'était établie à 8.997 MDH. Soit 6% de la P.I.N. En matière d'exportation, le secteur industriel avait réalisé 4.627 MDH. Soit 13% des exportations nationales. Le chiffre d'affaires réalisé s'était élevé à 9.229 MDH. Soit 5% du C.A global dégagé par les unités industrielles nationales. En 2001, la province avait réalisé 7% de la P.I.N, généré 9,3% de la valeur des exportations et participé à la création de 5% de la valeur ajoutée.
Jorf Lasfar, un fleuron économique
Les résultats enregistrés ne sont point le fruit du hasard, mais celui d'un ensemble de mesures entreprises dans le cadre de la politique de décentralisation, comme vecteur de développement, traduite par la réalisation d'infrastructures d'accueil et de projets économiques de grande envergure. Avec un port d'une capacité de 30 millions de tonnes par an, une autoroute en cours d'achèvement, un réseau ferroviaire et d'autres infrastructures qui se développent, la province d'El Jadida réunit, actuellement, tous les atouts de la compétitive. Le port de Jorf Lasfar, autour duquel l'activité ne cesse de se développer, constitue, aujourd'hui, un maillon essentiel de l'essor économique de la région. La plus grande centrale thermique, d'une puissance de 1.330 mégawatts, est installée à Jorf Lasfar. Elle consomme 3,4 millions de tonnes de charbon et satisfait près de 70 % des besoins actuels du pays en énergie électrique. La Sonasid a choisi, à son tour, le site de Jorf Lasfar pour y implanter son second laminoir, d'un investissement de 950 millions de dirhams dans la réalisation d'une aciérie. D'autre part, la Samir aurait établi une étude pour la construction d'une raffinerie évaluée à 7 milliards de dirhams. Ceci, en plus d'un parc industriel international de 500 ha prévu également dans ce site. Les expropriations des terrains sont dans un stade très avancé et plusieurs aménageurs-développeurs ont déjà exprimé leur intérêt pour cet ambitieux projet inscrit dans le cadre du plan économique et social 2000/2004. Une étude de faisabilité a été réalisée pour une première tranche de 250 ha dont 110 ha appartiennent à l'ODEP.
Infrastructure routière très dense
De ce côté, la province d'El Jadida dispose du réseau routier le plus dense du Maroc avec 2059, 700 km dont 1757, 400 sont revêtues. L'accès difficile et dangereux, à la fois, à El Jadida par la RN1 et qui faisait hésiter plus d'un investisseur à s'y installer ou à y transférer son activité a été résolu grâce à l'autoroute. Seulement, une politique de réfection des axes routiers et de leur entretien est plus qu'indispensable.
La zone industrielle d'El Jadida :
Un modèle de réussite
Implantée sur la route de Marrakech, à la sortie de la ville sur une surface de 117 ha, la zone industrielle d'El Jadida a de quoi séduire. Faisant l'objet d'une extension, elle focalise l'attention des autorités et de l'Association des industriels de cette zone (AZIJ) qui multiplient les efforts et les initiatives pour intéresser des investisseurs d'une autre catégorie. «Notre rôle consiste, certes, à organiser la zone, explique le président de l'AZIJ, Abdellah Marzak. Nous faisons de notre mieux. Les chaussées de la zone sont recouvertes et le renforcement des canalisations a été opéré, dans le cadre du programme MEDA. En effet, la ville ne comptait que 21 unités à participation étrangère en 2001. Soit 14 % des entreprises industrielles de la région. Cependant, le chiffre d'affaires a enregistré une progression de 26 % entre 2000 et 2001. Les investisseurs étrangers restent réticents et préfèrent investir à Casablanca. Il est à signaler que la zone industrielle est propriété de la municipalité d'El Jadida. Elle s'étend sur une superficie de 117 hectares et assure de l'emploi à plus de 12.000 personnes. Elle est localisée à la sortie de la ville, bordant la route menant vers Marrakech. Le prix de cession des terrains est évalué entre 78 et 130 DH le mètre carré. Mais sur un nombre total de 376 lots, 12 parcelles seulement sont encore disponibles. Actuellement, les lots en activité sont au nombre de 346, alors que 45 autres sont en cours de construction, 38 en arrêt des travaux. Le taux de valorisation des terrains est par ce fait estimé à 92% par la Délégation de l'Industrie.
Le parc industriel de Jorf Lasfar unique au monde
Le parc industriel de Jorf Lasfar, unique au Maroc avec 500 ha et destiné aux industries de 1re catégorie (les industries lourdes), El Jadida offre aujourd'hui une grande attractivité pour les projets d'investissement d'envergure. En effet, cette importante infrastructure a séduit plusieurs groupes de renommée nationale et internationale qui ont décidé de s'implanter dans la région. C'est le cas notamment du groupe sud-coréen Daewoo Engineering Construction Co, qui a investi, en 2010, l'équivalent de 13 milliards de DH pour le compte de Jorf Lasfar Energy Company (JLEC). Le projet de ce groupe, chargé de l'adjonction de deux nouvelles unités de production électrique d'une puissance de 700 MW au niveau de la centrale thermique JLEC à Jorf Lasfar, va générer 4.000 emplois directs à moyen terme. Un autre groupe industriel, non moins important, a décidé lui aussi de s'implanter dans la région. Il s'agit de la société turque Tekfen qui a entrepris la réalisation de deux usines de fertilisants à Jorf Lasfar pour le compte de l'OCP. Le contrat entre les deux groupes porte sur 1,360 milliard de DH. Il générera 2.000 emplois.
Implantée sur la route de Marrakech, à la sortie de la ville sur une surface de 117 ha, la zone industrielle d'El Jadida a de quoi séduire. Faisant l'objet d'une extension, elle focalise l'attention des autorités et de l'Association des industriels de cette zone (AZIJ) qui multiplient les efforts et les initiatives pour intéresser des investisseurs d'une autre catégorie. «Notre rôle consiste, certes, à organiser la zone, explique le président de l'AZIJ, Abdellah Marzak. Nous faisons de notre mieux. Les chaussées de la zone sont recouvertes et le renforcement des canalisations a été opéré, dans le cadre du programme MEDA. En effet, la ville ne comptait que 21 unités à participation étrangère en 2001. Soit 14 % des entreprises industrielles de la région. Cependant, le chiffre d'affaires a enregistré une progression de 26 % entre 2000 et 2001. Les investisseurs étrangers restent réticents et préfèrent investir à Casablanca. Il est à signaler que la zone industrielle est propriété de la municipalité d'El Jadida. Elle s'étend sur une superficie de 117 hectares et assure de l'emploi à plus de 12.000 personnes. Elle est localisée à la sortie de la ville, bordant la route menant vers Marrakech. Le prix de cession des terrains est évalué entre 78 et 130 DH le mètre carré. Mais sur un nombre total de 376 lots, 12 parcelles seulement sont encore disponibles. Actuellement, les lots en activité sont au nombre de 346, alors que 45 autres sont en cours de construction, 38 en arrêt des travaux. Le taux de valorisation des terrains est par ce fait estimé à 92% par la Délégation de l'Industrie.
Un tourisme en plein essor
La province d'El Jadida est également vouée à un avenir prometteur dans le secteur du tourisme qui se développe particulièrement bien avec la station Mazagan. Il le sera encore davantage avec le démarrage de la nouvelle station touristique de Sidi Abed. Cette dernière, d'une superficie de 40 hectares, sera dotée d'une capacité d'accueil de 5.700 lits (résidences hôtelières verticales: 750 lits; résidences horizontales: 750 lits; résidences d'habitation: 2.200 lits; campings: 2.000 places), en plus des espaces dédiés au sport, au commerce et aux activités ludiques qui entoureront la station.
Un autre grand projet d'envergure sera implanté dans la province. Il s'agit du futur parc d'expositions d'El Jadida qui va impulser fortement les activités liées à la filière équine dans la région. Cet important parc multifonctions sera réalisé sur une superficie de plus de 46 ha pour un investissement global de 390 millions de DH et abritera, entre autres, le Salon du cheval d'El Jadida.
L'insertion dans plusieurs stratégies et programmes gouvernementaux notamment «le plan Azur», «le plan Biladi», «le plan Emergence», «le Programme des autoroutes», «le plan Maroc vert», «le Maroc numérique 2013», «Vision énergétique 2020», «le plan Halieutis», «Artisanat 2015», «Rawaj», «Moussanada» font désormais d'El Jadida un incontestable pôle d'excellence qui a pour ambition de devenir un territoire compétitif, attractif et de dimension internationale.
Le développement des activités annexes : une nécessite indispensable
Or, pour encourager les investisseurs à déployer leurs capitaux dans la province d'El Jadida, et pour faire fonctionner le port à plein régime, le développement des industries de sous-traitance et de services s'avère d'une nécessité indispensable. Toutefois, avec les transformations qui se produisent, les responsables doivent tenir compte du développement du monde rural. Il ne faut pas oublier que le Grand Doukkala est une plaine agricole surpeuplée. 75 % de sa population sont ruraux contre 49 % à l'échelon national. D'où la nécessité du développement d'une économie rurale et la création d'un cadre de vie propice à accueillir la population migrante. Les centres urbains intermédiaires pourraient jouer ce rôle. A condition d'y trouver maisons, eau potable, électricité, maisons de jeunes, établissements scolaires, hôpitaux et autres !


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