La visite censée être diplomatique du SG de l'ONU à Tindouf et en Algérie a succombé à la pression énorme qui a été exercée par les séparatistes et leurs alliés. À quelques semaines de la date de prorogation du mandat de la Minurso, la réaction du Maroc, à l'issue de la visite effectuée par le SG de l'ONU à la région en vue de dégeler les négociations, ne ferme pas définitivement la porte du dialogue. Dans les coutumes diplomatiques, la visite effectuée par Ban Ki-Moon, dans l'espoir de débloquer les pourparlers sur le Sahara, a viré plutôt vers la provocation. C'est en substance le contenu de la réaction du gouvernement marocain qui a choisi de s'exprimer de manière collégiale au lieu de confiner l'affaire dans les rouages de la diplomatie marocaine. Au lieu de retrouver les ficelles de la reprise du dialogue multipartite, tenu aux Etats-Unis, le comportement du plus haut représentant de l'instance internationale a laissé perplexe l'ensemble des observateurs, notamment durant cette période où l'UE s'est dressée comme un nouvel élément perturbateur de la reprise du dialogue. Ce n'est pas uniquement le mot «colonisation» qui a dérangé profondément les composantes de l'Exécutif, mais ce sont surtout les messages implicites lancés par le SG de l'ONU qui l'ont fait réagir. «Le gouvernement relève, avec une grande stupéfaction, les dérapages verbaux, les faits accomplis et les gestes de complaisance injustifiés de Ban Ki-mMoon, secrétaire général des Nations Unies, durant sa récente visite dans la région. Ils sont inappropriés politiquement, inédits dans les annales de ses prédécesseurs et contraires aux résolutions du Conseil de sécurité. Ces propos outrageux blessent les sentiments de l'ensemble du peuple marocain», indique le communiqué du gouvernement. Simple lapsus ? Le refus catégorique du Maroc, d'être qualifié comme un pays colonisateur, s'est accompagné d'une demande d'éclaircissement de la part des diplomates onusiens dont la neutralité est mise actuellement sur la balance. «Ce type de dérapage sémantique porte dangereusement atteinte à la crédibilité du secrétariat général des Nations Unies. Il faut espérer, dans l'intérêt du processus de facilitation onusien, qu'il ne s'agit là que d'un lapsus», insiste le communiqué du gouvernement. Un cumul des actes qui témoignent de l'iniquité de la position onusienne et aussi constaté par le gouvernement qui cite dans cette optique le cas des plaintes des 3 femmes qui n'ont pu aboutir jusqu'à présent, dans une totale méconnaissance de leurs souffrances. L'instrumentalisation du sujet des droits de l'Homme reste, pour sa part, le maître mot des séparatistes, qui semblent être suivis par quelques diplomates au sein du secrétariat général. Au lieu de condamner le processus de résolution du conflit, le durcissement de la position marocaine provient plus du souci de sauvegarder l'option de la négociation, contrairement aux séparatistes et de leurs alliés qui ont été, durant la visite de Ban-Ki-Moon, plus enclins à bloquer toute tentative de reprise des pourparlers sur la base du principe du plan d'autonomie. Les omissions de Ban-Ki-moon Deux sujets, qui intéressent amplement le Maroc, ont été esquivés par le plus haut représentant de l'ONU. Le premier est la question du recensement des populations considérée comme un préalable par le Maroc, alors que le 2e renvoie au détournement de l'aide humanitaire destinée aux séquestrés des camps. Au lieu de cela, le SG de l'ONU a promis de drainer encore des fonds au front Polisario durant cette étape de préparation d'une conférence pour doper le moral des donateurs. Sans citer expressément l'Algérie, la demande du Maroc au voisin d'assumer ses responsabilités, exprimée par le roi dans ses discours a été réitérée et qui serait plus adaptée au nouveau contexte régional et en vue de faciliter la recherche d'une solution politique au différend sur le Sahara marocain.