Les professionnels de la région estiment que la feuille de route régionale exclut le secteur de la pêche alors que c'est un secteur crucial pour le développement local. Ils tirent aussi la sonnette d'alarme car leur activité bat de l'aile. La colère atteint son paroxysme chez les professionnels de la pêche. La raison en est le Plan de développement régional de Oued Noun, présenté récemment au souverain, lors de sa dernière visite dans les provinces du sud. Des communiqués ont été diffusés dans lesquels les opérateurs dénoncent l'exclusion du secteur de la pêche de ce plan. Une rencontre a été organisée, le 8 mars à Tan-Tan, en présence du président de la Région, Abderrahim Ben Bouaida, ainsi que des parlementaires de la région et des représentants des professionnels et des industriels de la pêche, afin d'en discuter. «Dans ce Plan de développement régional, on a exclu le secteur de la pêche, lequel est pourtant le pilier de l'économie, notamment à Tan-Tan, dont le port de pêche est réputé pour le petit pélagique mais qui pourrait perdre la première place en valeur au profit des autres ports. Ce plan n'a pas été préparé ici, mais au ministère de l'Intérieur», explique Abderrahmane Boussri, membre de la Chambre de pêche maritime du centre. Un autre dossier suscite aussi l'ire des pêcheurs. Il s'agit du repos biologique de la pêche sardinière décrété dans la région du 1er juin au 30 août. Or, rien ne justifie une telle mesure, les pêcheries de Tan-Tan sont très abondantes . «L'administration doit revoir sa décision», dit-il. De l'avis des professionnels de Tan-Tan, à cause de cette décision, les prix ont connu une hausse importante notamment en matière du pélagique. Ainsi, le prix de la sardine est aujourd'hui de 7 DH/kg au lieu de 3 DH, il y a un an. «Cette période est vraiment difficile et cela ne manquera de pousser les professionnels à quitter Tan-Tan pour aller dans d'autres ports», prévient-on. D'autant plus que depuis la mise en vigueur du plan d'aménagement du petit pélagique, en juin 2015, l'activité a connu une chute en termes d'activité. Dans ce sens, les chiffres sont formels : en 2014, le port de pêche de Tan-Tan a été l'un des premiers ports du royaume en matière de débarquement de pélagiques. Cette année, plus de 13.000 tonnes de produits halieutiques y ont été débarquées pour une valeur de plus de 290.000 DH. En 2015, les captures ont connu une chute. Quelque 12.500 tonnes ont été capturées dans ce port pour une valeur de 260 millions de DH. Résultat, les taxes perçues par la municipalité sont passées à 800 millions contre 1 milliard de DH. Avec une halle de nouvelle génération, un chantier naval, un complexe industriel (1.200 emplois directs) et un port de pêche , le port de Tan-Tan, créé en 1979, a tous les atouts pour «performer». «Il y a encore deux à trois années, ce port tournait à plein régime. Mais l'activité a connu un ralentissement», est-il indiqué en marge de la caravane organisée dans les ports du sud (Tan-Tan, Tarfaya, Laâyoune, Boujdour et Dakhla). Certes, le rythme semblait très lent dans la nouvelle halle aux poissons de nouvelle génération, visitée lundi dernier. «Les opérations de vente s'arrêtent à 16 h 00, c'est pourquoi l'activité est moins intense», indique Hicham Jellani, responsable qualité à l'Office national des pêches (ONP). La criée est habituellement entamée, à 04h00 du matin, en présence de quelque 140 mareyeurs. Le nombre de bateaux débarquant, par jour, peut dépasser 15 bateaux côtiers, six palangriers et une soixantaine de barques artisanales. La halle a été inaugurée en février 2015. C'est une halle très moderne et où l'on a corrigé les erreurs commises dans d'autres halles. Côté qualité et hygiène, il faut souligner que la qualité du poisson est respectée, et ce, depuis le débarquement jusqu'à la vente. Car il y a séparation des flux du poisson. La température respecte la salubrité du produit. L'utilisation de caisses en plastique contribue à préserver la qualité du poisson. Quelque 2.500 caisses en plastique sont nettoyées chaque jour dans une unité dédiée, et équipée de trois machines de nettoyage. Le responsable, qui se félicite de la réalisation de ce centre, fait savoir que l'office lancera incessamment le démarrage d'un projet d'extension de ce centre de gestion des contenants normalisés pour un montant de 3 millions de DH. «Dans le cadre du plan Halieutis, il a été décidé de généraliser les contenants normalisés à l'ensemble des professionnels (mareyeurs et armateurs). C'est nécessaire pour la valorisation des produits halieutiques», précise Hicham Jellani. Chantier naval Autre visite, qui a marqué l'étape de Tan-Tan, le chantier naval. Pour un montant d'investissement de 3 milliards de DH, ce site est l'un des premiers chantiers au Maroc, spécialisé dans la réparation des bateaux côtiers. La ville de Tan-Tan est aussi connue pour la réparation des bateaux de la grande pêche. C'est au grand complexe industriel, à quelques mètres, qu'une cinquantaine de bateaux de la pêche hauturière sont réparés. «Aujourd'hui, lundi, 8 bateaux étaient en réparation et 42 en activité», souligne Safouane Abdellatif, directeur Pôle pêche d'Omnium, qui déclare que la baisse d'activité au port de Tan-Tan, est également ressentie chez les industriels locaux.