Malgré la disponibilité théorique du foncier industriel, ce dernier se fait toujours rare dans plusieurs zones à cause de la spéculation. Pour sortir de cette impasse, les opérateurs économiques optent pour des parcs industriels locatifs. La disponibilité du foncier industriel se fait toujours rare dans plusieurs zones au niveau de la région Souss-Massa à cause de la spéculation, mais aussi de la transformation de certains quartiers industriels en des zones d'habitations. C'est en substance ce qui ressort d'une réunion, tenue en milieu de semaine dernière, à Agadir, au sujet de la situation des zones industrielles. Pour sortir de cette impasse, les opérateurs économiques optent actuellement pour des parcs industriels locatifs avec une société de gestion pour éviter les erreurs commises auparavant. Cependant, c'est le mode d'attribution qui est essentiellement pointé du doigt en plus de la méthode d'aménagement des zones industrielles qui doivent selon les opérateurs être revues de façon systématique en subdivisant la démarche d'aménagement de celle de la commercialisation et de la valorisation. Alors que pour l'aménageur, la valorisation est synonyme de démarrage de travaux de construction, pour d'autres intervenants, la valorisation est synonyme de démarrage d'activité industrielle. C'est effectivement là que réside toute la différence de cette notion sous-jacente de valorisation. Chiffres à l'appui, au niveau des zones les plus proches de la ville d'Agadir, notamment Tassila et Aït Melloul, les lots actifs ne dépassent guère 52%.Pis encore, les unités industrielles qui sont localisées dans ces zones et qui appartiennent à la région oscillent entre 30% à 40%. Pourtant, ces zones ont été créées depuis une vingtaine d'années alors que les terrains inactifs sont respectivement de 28 et 31%. Pour les lots en cours de valorisation, ils représentent 5 et 3% tandis que les lots avec des constructions non achevées s'élèvent à hauteur de 2 et 5%. Le reste sont des lots encore nus en raison de la non-réactivité des attributaires. Un peu plus loin, dans la zone de Sidi Bibi I, en cours de viabilisation, d'autres problèmes sont rencontrés. Le faible taux de valorisation dans cette zone est dû essentiellement au non-apurement de l'assiette foncière de la zone à cause de la non-disponibilité des titres fonciers. D'où la nécessité de débloquer cette question et inciter par la suite les bénéficiaires à valoriser leurs lots. Le constat est le même pour Sidi Bibi II dont le solde de l'opération à ce jour est de 87MDH. Ladite zone est grevée par l'existence des exploitations agricoles sur environ 40 ha. S'ajoute à cela le problème du raccordement de l'assainissement puisque l'emplacement de la STEP n'est pas encore défini (étude en cours de réalisation par l'ONEP) tandis que la réponse se fait toujours attendre au sujet de l'étude AEP déposée à l'ONEE (branche eau) depuis 2010, sachant bien que le coût estimatif des travaux d'électrification est très élevé pour la totalité de la zone. Actuellement, une étude d'optimisation est en cours d'élaboration alors que les ayants-droits s'opposent au mode de paiement des indemnisations. Cependant, les investisseurs attendent l'accélération des travaux de viabilisation et l'assainissement du foncier sur la base d'une offre de location avec possibilité de cession après valorisation et de prévoir un organisme de gestion de la zone dès le départ. Pour la zone industrielle de Tiznit, dont 58% des lots ont été attribués, la station d'épuration des eaux usées se fait toujours attendre au niveau de cette zone dont le solde est à ce jour égal à 68MDH. Pour Oulad Teima, qui représente 114MDH de solde, la commercialisation n'est pas encore entamée tandis que les données sur la zone de transformation du Port d'Agadir sont actuellement indisponibles. Par ailleurs, au niveau du parc Haliopolis, la valorisation a été déjà entamée. Six lots en construction tandis que l'agropôle et la zone de Lastah à Taroudant sont en cours de viabilisation ou en cours d'études. Khalil Nazih Directeur du Centre régional d'investissement (CRI) Souss-Massa Les Inspirations ECO :Vous avez listé les lacunes des zones industrielles. Quelles sont les solutions pour sortir de cette impasse ? Khalil Nazih : Premièrement, il est indispensable d'arrêter la reproduction des mêmes erreurs. Il est également urgent de mettre une nouvelle vision à long terme pour la gestion des zones industrielles en place. Aujourd'hui, nous disposons encore de zones où la région peut se rattraper. C'est le cas de Tiznit, Oulad Teïma, Sidi Bibi II où la valorisation n'est pas encore entamée. Si on compte commercialiser et gérer ces zones de la même façon, je pense qu'on entraînera les mêmes défaillances d'où la nécessité de mettre en place un nouveau cahier des charges avec des clauses suspensives qui seront obligatoirement inclues dans le contrat de vente enregistré chez le conservateur foncier. À cet égard, la cession du bien ne peut se faire qu'une fois la valorisation faite. Qu'en est-il de la seconde solution ? Pour Sidi Bibi II et Oulad Teima où les lots ne sont pas encore vendus, contrairement à Tiznit où 58% ont été attribués, il est primordial d'adopter l'approche du ministère de tutelle, qui a adopté le principe de location à longue durée. Dans ce sens, il faut qu'il y ait un tour de table pour intervenir auprès d'Al Omrane à travers un montage financier qui puisse rembourser la société qui a investi dans son aménagement. À l'instar du parc industriel de Bouskoura et bien d'autres, ces zones de location seront un argument de vente pour la région devant l'absence du foncier. Aujourd'hui, si on dispose d'une réserve foncière, on peut choisir nos investisseurs et leur donner des avantages. Pour les autres zones industrielles, notamment Aït Melloul, Tassila et Sidi Bibi I où la valorisation a dépassé 50%, ces zones mal gérées souffrent de problèmes de dégradation des infrastructures (voiries, éclairage, signalisation) et de l'insuffisance de la capacité installée en électricité qui provoque des chutes de tension. De ce fait, il est nécessaire de lancer une entité de gestion privée, notamment une SDL où les intervenants seront représentés avec une gestion confiée sur le modèle d'un syndic à une société privée. Par ailleurs, tant que nos zones sont en mal de valorisation, il est infructueux de mobiliser des fonds pour des opérations de requalification. Et comment vous comptez procéder pour les lots non valorisés ou ceux qui sont sous forme de chantiers non valorisés ? Il faut procéder au cas par cas. Pour ceux qui ont construit et qui n'arrivent pas à exploiter, on va les réunir pour s'arrêter sur leurs difficultés ou modifier carrément le cahier des charges pour leur permettre de changer l'activité. Pour ceux qui souffrent d'une difficulté financière, il faut penser à la possibilité de céder le terrain. S'agissant des chantiers non achevés, la commune doit également réagir puisque ces lots sont devenus des points noirs au niveau des zones industrielles. Pour les terrains nus, nous sommes en train de voir avec la conservation foncière un appui juridique pour étudier la possibilité de reprendre les terrains. Concernant les industriels qui ont des terrains nus non valorisés, ils seront répertoriés et ne pourront pas par la suite bénéficier d'aucun terrain de l'Etat quelle que soit sa nature. S'il y un cas de force majeure, il faut restituer le terrain ou trouver un acquéreur.