Au moment où le roi appelle les partis à l'émergence d'une nouvelle élite politique, le président de la première Chambre, 78 ans, s'apprête à se porter candidat. Abdelouahed Radi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est le plus ancien député du monde. Pour ceux qui ne le savent pas, le chef de file des socialistes marocains, et plusieurs fois ministre, est parlementaire depuis 1963. Un demi siècle de «militantisme» parlementaire n'a pas usé le doyen des perchoirs. Quel enseignement peut-on tirer de cet entêtement à vouloir s'éterniser en politique? Après toutes les responsabilités cumulées à l'issue d'un parcours de cinquante ans, le temps n'est-il pas venu de passer le flambeau. On nous avance que cette fois-ci, Radi est «obligé» de se présenter pour préserver les chances du Maroc de remporter la présidence de l'Union interparlementaire, une candidature qui ne peut être maintenue que si Radi est député. On veut bien le croire, mais on aurait préféré quand même voir un Radi annonçant qu'il ne se représenterait plus, qu'il conduirait la campagne du parti, qu'il assisterait la nouvelle élite du parti à travers le Maroc, et que dès la fin des tractations de l'après élections, il convoquerait un congrès extraordinaire où il annoncerait son retrait définitif de la vie politique. Nous avons toujours en mémoire un Lionel Jospin, leader du PS français, annonçant son retrait de la politique au lendemain de sa défaite contre Chirac... et Le Pen. Malheureusement, nos politiques préfèrent les sorties par la petite porte et les placards. Jusqu'en 2002, l'USFP n'a jamais été un parti de postes ou d'intérêts étroits, d'où son devoir d'être le porte-drapeau de la motivation de la jeunesse et de l'émergence d'une nouvelle élite. Pour y parvenir, honorer sa réputation et donner l'exemple, une seule voie : celle du retrait, avec les honneurs, des Radi, Oualalou, El Yazghi, Malki... au même titre que de tous les autres dinosaures des autres partis.