Le constat est fait par la presse occidentale : la Chine semble donner de plus en plus d'importance à un secteur phare dans ses relations commerciales avec l'Afrique: l'agriculture. Cette volonté a été en effet réitérée par Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, lors du dernier sommet de la «Chinafrique», début novembre, à Charm-El Cheikh. 10 milliards de dollars de prêts ont ainsi été promis au continent africain pour «la réduction de la pauvreté, l'aide à l'agriculture et aux infrastructures», précise le gouvernement chinois. Cette volonté, elle est aussi de même ordre que celle qui a animé la proposition d'un député chinois devant l'Assemblée nationale populaire de Pékin, à savoir, envoyer «un million de nos compatriotes sans emploi» en Afrique pour cultiver les vastes espaces de terre qui existent sur ce continent. Traduite en action, cette volonté commence déjà à donner des fruits. Ainsi, les dernières rencontres de Charm-el-Cheikh sur la coopération sino-africaine ont été surtout marquées par l'adoption des deux parties d'un plan d'action 2010-2012 visant notamment à « élargir leur coopération dans les domaines tels que la construction des infrastructures agricoles, la production de céréales, l'élevage, l'échange et le transfert de technologies agricoles pratiques, la transformation, le stockage et le transport des produits agricoles ». La Chine prévoit aussi l'envoi, dans les trois prochaines années, de missions techniques agricoles en Afrique, ainsi que la formation de techniciens agricoles issus de pays africains. Le pays de Hu Jintao s'est aussi engagé à continuer à accroître le nombre de centres agricoles de démonstrations technologiques présents sur le continent noir. Cerise sur le gâteau, les Chinois débloqueront 30 millions de dollars à la FAO pour la création d'un « trust fund », destiné à soutenir la coopération avec les pays africains dans le cadre du Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire. L'Occident boude, la Chine agit Il apparaît évident que cette prise en considération accrue du secteur agricole dans les relations sino-africaines est quelque peu imposée par un contexte international marqué par une crise alimentaire qui se précise de plus en plus. Les pays les moins avancés du continent noir se cherchent un partenaire qui pourrait les aider à s'assurer une certaine sécurité alimentaire. Et c'est justement ce que l'Empire du milieu semble avoir compris, contrairement au monde occidental, en l'occurrence l'Europe, qui a traditionnellement été le premier interlocuteur de l'Afrique en matière d'aide au développement. Aujourd'hui, cette relation se ternit, au fur et à mesure que les actions de la Chine destinées aux pays africains lui font de l'ombre. Cela, d'autant plus qu'aucun chef d'Etat européen, mis à part l'Italien Berlusconi, n'a été présent lors du dernier Forum de la FAO sur la faim dans le monde.