La desserte maritime de transports de marchandises reliant le port de Motril à Tanger Med fraîchement inaugurée dérange les agriculteurs de la région. Ces derniers craignent une hausse des exportations agricoles en provenance du Maroc. La nouvelle ligne maritime reliant le port de Motril, dans la province de Grenade, à Tanger Med, ne fait pas que des heureux. Le puissant et tonitruant syndicat agricole espagnol, COAG a fait part de son mécontentent suite à la mise en service de cette connexion commerciale entre les ports marocain et espagnol. Le secrétaire général de cette organisation à Grenade, Miguel Monferrer, a fait part des préoccupations de ses collègues quant au «danger» que représente, pour le secteur agricole de la région, cette desserte. De fait, les agriculteurs craignent que ces liaisons maritimes encouragent les exportations agricoles marocaines et «permettent d'importer encore plus de marchandises du Maroc», redoutent les producteurs et exportateurs de la région. «Nous estimons que, pour le reste des secteurs, cette liaison est bénéfique, mais ce n'est pas le cas pour le secteur agricole de Grenade car la filière ne compte rien exporter vers le Maroc», soutient le porte-parole de COAG à Grenade. Celui-ci a martelé que cette ligne constitue une menace car les produits agricoles acheminés du royaume viendront concurrencer ceux de la région, et vont être commercialisés dans les mêmes supermarchés de la zone. «Si la ligne est exploitée pour échanger d'autres biens ou services, nous en serons ravis, mais notre secteur est très préoccupé actuellement par l'arrivée de camions chargés de produits agricoles dans la région de Grenade et d'Almeria». De fait, le nouveau service opéré par la compagnie maritime FRS, disponible pour le moment pour le transport de fret, ne semble pas démarrer sur les chapeaux de roue. La desserte a été suspendue durant le premier weekend de février pour «manque d'inspecteurs». En effet, l'autorité portuaire du port de Motril s'est plainte de manque de personnel relevant de l'administration douanière, en charge de mener les contrôles douaniers en vigueur. Le président du port, Francisco de la Chica, a accusé l'administration centrale de tergiversations, vu que la demande de renforcer les effectifs a été formulée, en octobre dernier concernant cette ligne, et en juillet 2012 en ce qui concerne la ligne avec Al-Hoceima. Appelé à la rescousse, un député de la région, issu du Parti populaire, a promis de mener des actions auprès de Madrid afin que cette ligne continue sur sa lancée. L'édile, qui est aussi porte-parole adjoint du PP au Parlement, a assuré que le gouvernement mise beaucoup sur cette connexion; en témoignent «les travaux d'amélioration des infrastructures en relation avec le port pour un meilleur fonctionnement de cette desserte», a rassuré le parlementaire de droite. Toutefois, et malgré les premiers couacs de ce service, la desserte permet à la région de connaître un nouveau souffle économique, selon l'Association des entrepreneurs de la côte tropicale et la Chambre de commerce de Motril. Les deux organismes estiment que cette desserte maritime avec le port tangérois aura un impact positif sur plusieurs secteurs de la région et jettera un pont supplémentaire entre les deux continents.