Avançant vers la COP22, le Maroc a accéléré le processus qui sera couronné par l'élaboration en 2016 d'une Stratégie nationale de développement sobre en carbone et d'un Plan national d'adaptation au changement climatique (CC), avec notamment 49 mesures et projets visant l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES). N'en déplaise aux Casablancais qui étouffent dans les embouteillages, le Maroc reste un «petit» pollueur et un «très petit» contributeur au réchauffement climatique global. Les guillemets sont de circonstance puisque notre pays ne doit cet ordre de grandeur qu'à la grande contribution néfaste des pays occidentaux, le citoyen marocain étant pour sa part quotidiennement confronté aux effets du changement climatique (CC). Pis encore, le royaume est particulièrement vulnérable et très exposé aux impacts, quelquefois catastrophiques, de la pollution et de l'effet de serre. C'est l'une des conclusions criantes qui ressortent de la Troisième communication nationale (TCN) sur le CC qui s'est tenue hier à Rabat, et durant laquelle a été présenté le rapport y afférent avec la contribution du PNUD. «La Troisième communication nationale fait suite à la soumission par le Maroc au mois de juin 2015 de sa Contribution prévue au niveau nationale «INDC» et sera suivie par la soumission avant fin février du premier rapport biennal actualisé «BUR1»», explique Hakima El Haite, ministre déléguée chargée de l'Environnement. «Ce processus sera couronné par l'élaboration en 2016 d'une Stratégie nationale de développement sobre en carbone et d'un Plan national d'adaptation au changement climatique», annonce d'emblée la ministre qui sera, cette année, plus que jamais sous le feu des projecteurs avec l'organisation de la COP22 à Marrakech. «Avec la mise en œuvre de tous ces chantiers, le Maroc aura ainsi respecté l'ensemble de ses engagements vis-à-vis de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et des décisions des Conférences des parties et s'apprête à déployer tous ses efforts pour réussir l'organisation de la COP22 qui se veut une conférence du lancement du processus d'opérationnalisation de l'accord de Paris», se félicite la ministre. Responsabilités sectorielles Il faut dire qu'au-delà de l'enjeu organisationnel et d'image, l'organisation de la COP22 en novembre prochain est une véritable aubaine pour l'avenir de la Nation. En ce sens que ce rendez-vous donnera une impulsion inestimable pour l'implication de toutes les parties prenantes au Maroc. «Le climat futur du Maroc sera plus défavorable, quel que soit le scénario envisagé, optimiste ou pessimiste», alerte Abdelfetah Sahibi, coordinateur national chargé de l'Environnement, car pour notre pays plus que pour d'autres, les effets du CC menacent la pérennité de notre développement économique à travers une multitude de secteurs vitaux vulnérables. «Le Maroc est un faible émetteur de gaz à effet de serre (GES) avec une part de 0,2% au niveau mondial, mais il est en revanche fortement vulnérable aux effets des émissions de GES. Le Maroc est avant-gardiste dans la lutte contre le CC, et il doit avoir l'ambition de donner l'exemple aux autre pays», souligne Aychani Labe au nom du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Si le Maroc fait figure de bon élève au niveau international, le Marocain moyen émet, sans surprise, de plus en plus de GES. En revanche, la structure des émissions par secteur est restée quasiment inchangée comme le démontre l'inventaire national effectué dans le cadre du rapport présenté à la TCN. En effet, sur le plan sectoriel, l'énergie est responsable d'environ 78% de dégagement de gaz carbonique et plus de la moitié des émissions globales des GES du Maroc, soit de loin le premier émetteur avec 54,4% et 56,5% respectivement en 2010 et 2012. Puis vient l'agriculture avec 23,4% environ des émissions de 2010 (21,3% en 2012). Arrivent ensuite les procédés industriels avec environ 10%, les déchets (7,9%), alors que le changement d'affectation des terres et foresterie affiche une part de 4,4%. De leur côté, les émissions nettes par habitant devraient progresser à un rythme annuel moyen de 2,59% à l'horizon 2040. Elles sont aujourd'hui 8 fois plus faibles que les émission d'un Canadien. «L'établissement du scénario d'atténuation s'est basé sur des mesures susceptibles de réduire les émissions de GES tout en permettant au Maroc de faire face à ses défis de croissance économique et de développement social. Le scénario d'atténuation identifié comprend 49 mesures et projets visant l'atténuation des émissions de GES dans les différents secteurs émetteurs», annonce le département d'El Haite, posant ainsi les bases de l'effort national. En chiffres Le changement climatique est déjà en cours au Maroc au vu des tendances climatiques observées entre 1960 et 2005 : *Les températures moyennes annuelles ont augmenté de 1,0 à plus de 1,8°C, et les précipitations ont subi un déclin qui varie entre 3 et 30% avec une baisse de 26% dans la région Nord-Ouest du pays considérée comme la zone la plus humide du Maroc. *Pour les températures moyennes annuelles, une tendance à la hausse de 0,5 à 1°C est projetée à l'horizon 2020 et de 1 à 1,5 °C aux horizons 2050 et 2080, sur l'ensemble du pays. *Le capital en eau subirait une baisse importante à l'horizon 2050 et 2080, engendrant ainsi une situation de pénurie d'eau dès l'horizon 2020, quel que soit le scénario considéré. *Réduction des rendements céréaliers de 50% à 75% en année sèche, et de 10% en année normale. *Disparition de certaines espèces forestières. *Deux tiers des plages seraient déjà en érosion, et le risque sera intensifié avec le retrait prévu des plages qui pourrait atteindre 15 mètres d'ici 2030.