Les autorités américaines ont décidé de fermer leurs frontières aux agrumes marocains suite à la détection de larves de cératite dans une cargaison originaire de Berkane. Une décision qui a plongé les opérateurs marocains dans la tourmente. C'est un coup dur pour les agrumiculteurs. Les autorités américaines viennent de fermer leurs frontières aux agrumes marocains jusqu'à nouvel ordre. Et pour cause, des larves de cératite ont été détectées sur les clémentines d'origine marocaine au port de Philadelphie. «Suite à une notification d'interception d'une cargaison de clémentine, exportée vers les Etats Unis d'Amérique pour présence de larves de cératite, les autorités phytosanitaires Américaines (APHIS) ont suspendu provisoirement les exportations d'agrumes du Maroc à partir du 21 janvier 2016», confirme l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa). Les autorités américaines ont en effet pris des mesures pour suspendre l'importation d'agrumes du royaume, à partir du 8 février 2016. Seuls les navires dont le départ était avant le 21 janvier à partir du Maroc seront autorisés à décharger. Saison compromise La nouvelle a eu l'effet d'une douche froide sur les agrumiculteurs qui misent beaucoup sur le marché nord-américain. «C'est une très mauvaise nouvelle pour la filière. Nous avons fourni beaucoup d'efforts sur ce marché pour booster nos exportations. Les résultats ont été au rendez-vous puisque nous sommes passés d'un volume d'exportation de 10.000 tonnes en 2014 à 25.000 tonnes cette année, sachant que la saison ne s'est pas encore terminée. Cet incident remet tous nos acquis en question», indique Rachid Fahman, patron d'Atlas Agrumes, l'une des principales stations qui exportent vers les Etats-Unis. La décision des autorités américaines plonge la filière dans la tourmente. Elle intervient dans un contexte où la configuration des marchés cibles des exportateurs marocains est en pleine mutation. La Russie, qui était pendant longtemps un marché de prédilection pour les agrumiculteurs absorbant jusqu'à 60% des exportations marocaines, n'est plus une option intéressante. La chute vertigineuse du rouble a entamé le pouvoir d'achat des consommateurs russes et fait que les produits marocains sont devenus un peu plus chers. Sans compter le risque de défaut de paiement qui donne du fil à retordre aux opérateurs marocains. «Les trois plus gros marchés des agrumes marocains sont la Russie, le Canada et les Etats-Unis. Il reste le Canada, mais dans l'état actuel des choses deux problèmes vont se poser : primo, tous les exportateurs vont jeter leur dévolu sur ce marché avec un risque de baisse des prix ; et secundo, le coût du fret va augmenter parce que, jusque-là, les expéditions marocaines faisaient d'une pierre deux coups en visant deux marchés, les USA et le Canada. Le trajet se fera désormais pour un seul pays ce qui revient plus cher», explique Rachid Fahman. Pour lui, la saison actuelle est compromise. «Le temps de régler ce problème, en espérant que les autorités américaines vont lever l'interdiction rapidement, la campagne sera terminée», poursuit-il. Contrôle renforcé Les agrumes marocains seront dorénavant suivis de très près par les autorités sanitaires américaines. Celles-ci ont en effet annoncé que des inspections supplémentaires sont planifiées sur les clémentines marocaines en cours de commercialisation sur le marché américain. Du côté marocain aussi, les autorités de contrôle bottent en touche. «Pour ses exportations d'agrumes vers les Etats-Unis, le Maroc se conforme au protocole de traitement par le froid exigé par les autorités phytosanitaires Américaines depuis 1991. Aucune notification d'interception de présence de larves de cératite n'a depuis lors été signalée. Pour faire face à cette situation, l'Office a procédé aux investigations nécessaires sur le terrain afin de déceler l'origine de cet incident. Une réunion de travail avec les professionnels du secteur agrumicole a suite à cela été tenue afin de convenir des mesures à prendre pour lever cette suspension», assure l'Onssa. Les autorités des deux pays essayent en effet de trouver une issue au problème. Des échanges ont eu lieu le 21 janvier entre les représentants du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime et les services phytosanitaires Américains sur ce sujet. Il en est sorti qu'un tour de vis s'impose pour éviter ce genre d'incident. «Aucune transgression aux protocoles de contrôle adoptés conjointement par les deux autorités phytosanitaires marocaines et américaine n'ayant été constaté, les deux parties sont parvenues à la conclusion que des mesures complémentaires, notamment au niveau des vergers de production et des stations de conditionnement devront être mises en œuvre pour renforcer le plan d'action de surveillance de cet insecte. Des mesures qui devraient permettre de lever la suspension dans les meilleurs délais», indique l'Onssa. A noter que la cératite, également appelée «mouche méditerranéenne des fruits» est un insecte de quarantaine pour les Etats-Unis. Il existe dans les pays du bassin méditerranéen, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique Latine et les Caraïbes et s'attaque à plus de 300 espèces de plantes hôtes: agrumes, pêcher, caféier, figuier, manguier, etc...