Adnan Hakoun, Photographe Tous ceux qui sont passés derrière son objectif s'étonnent de la rapidité d'exécution et de la précision de ses clics. Pour lui, la photographie est le prolongement de l'instant, de la vie. Elle est naturelle. Bienvenue dans le monde parallèle d'Adnan Hakoun. Il observe, visualise, devine, anticipe et quand il a trouvé le bon moment, il le saisit, tout simplement. Lui, c'est Adnan Hakoun, photographe qui sait capter la magie d'un festival international du film de Marrakech autrement, saisir les expressions sous un autre angle, servir ceux qui posent pour lui. Pourtant, la photographie n'a pas été une évidence tout de suite, mise à part une grand influence presque latente d'un père passionné de photographie. «Il est vrai que je ne me suis intéressé réellement à la photo qu'en 2010, à 34 ans. Avant, prendre une photo consistait à garder un souvenir ou à illustrer une documentation sans que je ne m'attarde sur l'aspect technique ou artistique alors que j'ai toujours été au contact d'appareils photo mais le vrai déclic est survenu quand une amie a décidé de m'offrir un appareil photo que je devais choisir moi-même», confie le photographe, qui s'est lancé dans une recherche effrénée, qui a duré plus d'un mois alors qu'elle devait prendre 5 minutes. Celui qui ne connaissait rien au domaine commence à apprendre le jargon et se rend compte que la photographie a ses règles, ses codes, ses spécificités. «M'intéresser à la photographie avant d'avoir un appareil entre les mains m'a permis d'assimiler (en partie) le côté théorique et de m'ouvrir sur les différents genres et courants. Quand j'ai reçu l'appareil, 3 mois plus tard, je connaissais son mode d'emploi par coeur et la pratique quotidienne a pris la relève, mais comme dans chaque domaine, rien n'est jamais acquis, le photographe est en perpétuel apprentissage», confie le photographe perfectionniste et passionné. Investi, il aime surprendre, se renouveler. «Je suis le photographe qui aime partager sa vision des choses, qui aime partager ses émotions, ses états d'âme. J'aime aussi montrer ce qui peut échapper dans l'évidence, montrer que l'on peut trouver du beau et de l'intéressant dans tout», continue celui qui pense que tout est sujet à photographier. Comme si l'appareil photo était presque secondaire pour lui, il voit en l'humain ce que l'œil normal ne voit pas. «L'humain est un sujet de prédilection à travers ce qu'il est et ce qu'il construit. J'aime bien aller le questionner, le pousser dans son retranchement, non pas avec le dessein de le déranger, mais plutôt celui de le pousser à ce qu'il s'exprime et à ce qu'il s'affirme en face de moi. J'aime aussi saisir le cycle du temps à travers les nuances, les couleurs et les lumières». Il se permet de revisiter l'humain mais se refuse à aller dans le sensationnel ou ce qui pourrait affecter la dignité d'autrui. Le photographe authentique est allergique au faux et au manque de spontanéité. «Pour mes prises, j'observe beaucoup et comme je l'ai dit précédemment, je vais chercher le détail, ce qui fait que la photo parle sans qu'on ait à se poser moult questions avant de savoir ce que j'ai voulu transmettre. Si par la suite, elle interpelle ou suscite une certaine recherche, tant mieux. À travers la photo, on fige le temps, l'instant mais pas la prise en elle-même dans laquelle se trouve sa propre interprétation», explique Adnan Akoun qui crée à partir de ce qu'il voit et ce qu'il ressent comme s'il échangeait avec sa propre photo. «L'angle de vue est très important, c'est lui qui dirige et interpelle mais en même temps, j'aime quand les personnes avec lesquelles je partage mes photos se les approprient et s'identifient, que cela soit dans le regard d'un sujet, dans les lumières d'un crépuscule ou dans la photo d'un bout de mur. Quand une photo éveille les sens tel un parfum, une caresse ou une saveur, c'est qu'elle est réussie». En attendant, celui qui aurait aimé que Balzac et Zola soient marocains et qui se voit illustrer leurs romans en photos peut se féliciter d'être la version marocaine du super héros Flash, pour la photo !