Un hommage posthume a été rendu, hier, à Mohamed Saïd Afifi, qui était l'incarnation la plus poétique de l'histoire du théâtre marocain à El Jadida, sa ville natale. Plusieurs grands noms nationaux du théâtre et du cinéma sont venus apporter leurs témoignages. Pour en citer quelques-uns, Ahmed Tayeb Laâlaj (malgré sa convalescence), Fatima Regragui, Mohamed Benbrahim ou encore Amina Rachid. Mohamed Saïd Afifi, acteur, réalisateur et musicien à ses heures, a été honoré de son vivant le 17 mars 2009 (avant de décéder en septembre 2010) au Théâtre national Mohammed V, à l'occasion de la Journée internationale du théâtre. C'est la compagnie Labrija Ibdaâe, regroupant d'anciens comédiens et acteurs d'El Jadida, qui a donc organisé cette cérémonie. Afifi, qui disait avec force «l'art est éternel et la vie est courte», était passionné, exigeant, travailleur infatigable et inspiré, comme en atteste son parcours très édifiant. Il a été le premier mime marocain à présenter en 1964 un show de pantomime à Cuba. Il a été homme de théâtre à Paris et a suivi une formation au Théâtre Old Vic à Londres. En 1957, il joue avec succès «Hamlet» à Alger et Carthage. Cet artiste au parcours élogieux a été l'auteur de pièces de théâtre jouées en arabe dialectal : «Les fourberies de Scapin», «Le malade imaginaire», «Les balayeurs » (pièce d'atelier d'auteur) et «Hamlet». Chose rarissime, Afifi avait fait l'unanimité de la presse parisienne, y compris auprès du critique redouté, Jean-Jacques Gautier, du journal Le Monde, qui consacra sa première page à un article élogieux sur le théâtre marocain. Molière en babouches Pour sa part, le magazine Paris Match écrivait en juin 1956 : «Molière en babouches fait naître à Paris le théâtre marocain». Comme en témoigne sa veuve, Mohamed Saïd adorait le théâtre et voulait transmettre cet art. Pendant 24 ans, il a été professeur d'art dramatique aux Conservatoires de Rabat et Casablanca. Il a aussi été directeur du théâtre d'El Jadida (de 1969 à 1974), qu'il a marqué de son empreinte avec, entre autres, la pièce «Madrassat Al Moucharibine», qui remporta la médaille d'or à Alger en 1972. En 1975, il crée un centre d'art dramatique au sein des «Charbonnages du Nord» à Jerrada, avec la troupe composée d'enfants de mineurs. Conscients de l'héritage qu'a légué Afifi au théâtre et de l'importance de la culture et de l'art dans l'épanouissement de tout un chacun, les autorités locales ont débloqué un budget de 6 MDH pour la rénovation du théâtre municipal d'El Jadida. C'est un monument architectural actuellement en état de délabrement, qui sera baptisé, à la fin des travaux de rénovation, du nom de Mohamed Saïd Afifi.