Que l'on aime ou pas, on connaît tous Bowie de part une chanson, un look qui a choqué ou un clip qu'on admire secrètement. Une légende est partie dimanche 10 janvier, presque trop brutalement. En pleine promo de son 25e album, le king du Glam Rock s'en va à 69 ans. Une belle façon de tirer sa révérence. Il était inclassable et tellement indéfinissable. Entre pop, rock, électro, funk, soul parfois même reggae, l'auteur compositeur, acteur, musicien et chanteur qu'il était a, non seulement laissé des chefs d'œuvres musicaux, mais de beaux souvenirs de scène ou encore de belles images figées à jamais. Avec des looks improbables, celui qui brouillait les pistes en étant androgyne et macho à la fois, était le précurseur des clips pop art décalés. Un héritage qu'il laisse à tous ceux qui se sont inspirés de lui et qui continuent. Il s'en est allé ce 10 janvier des suites d'un cancer du foie contre lequel il s'est battu ses 18 derniers mois. Le super héros de la musique Il avait cette beauté qui n'avait pas de nom, un charisme et une voix qui n'appartenaient qu'à lui, ce sourire ravageur et cette timidité presque dans les yeux lorsqu'il partageait la scène avec ses copains comme Tina Turner, Annie Lennox ou encore Freddie Mercury, John Lennon ou Iggy Pop. Il est né un 8 janvier comme un certain Elvis Presley, il meurt un 10 janvier après avoir soufflé ses 69 bougies. Le plus international des British, qui n'a jamais perdu cet accent qui faisait son charme, David Bowie, s'est imposé à la fin des années 60 avec «Space oddity», après des débuts difficiles et une carrière dans le mime. Pas étonnant que le chanteur avait un talent fou à camper des personnages et des rôles. Enfant, il baigne dans une ambiance musicale et théâtrale, influencé par un demi-frère de 10 ans son aîné, qui souffrait de troubles mentaux et qui finit par se suicider des années plus tard. Une blessure ultra présente dans l'œuvre et l'écriture de Bowie. Il apprend le saxophone comme premier instrument avant de «toucher» à la guitare. Musicalement, il se réinvente constamment, signe des bijoux de la musique à l'image de «Let's dance», «The man who sold the world», «China girl», «All the Madmen», «Life on mars» marquant chaque décennie par un style allant du glam rock à la pop électro, en passant par la soul funk en inventant presque un courant où il serait le rocker de l'espace ! Visionnaire et créateur de mouvements Il crée des personnages qui deviennent des super héros, et plus que des chansons, il met au monde des morceaux mythiques et des concepts. L'interprète de «Ashes to ashes» ou «Space oddity» qui a fait une belle carrière dans le cinéma, est aussi Aladdin Sane avec un éclair tricolore rouge, noir et bleu sur le visage comme frappé par la foudre ! Il le crée certes mais il le campe tellement bien. Un personnage qui aurait inspiré le personnage de Harry Potter...Une sorte d'avatar de Ziggy Stadust, dont la chevelure rouge, le fard à paupières bleu et les combinaisons moulantes multicolores sont apparus, pour la première fois, sur scène à la télévision en juillet 1972. David Bowie présente alors son album : «The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars», le cinquième de sa carrière. Il utilise ce super héros à l'intelligence extraterrestre pour faire passer des messages de paix et d'amour aux humains ! Ensuite viendra le Halloween Jack, aux allures punk qui a sûrement inspiré un certain Johnny Depp pour Jack Sparow. Et pour casser avec les codes, il revient en dandie des années 80 avec un personnage mélancolique, celui de Thin White Duke, un «Duc mince et blanc», un personnage triste et sombre, dont le regard est troublant. Celui qui n'a de cesse de se réinventer lance son dernier clip «Lazarius», en campant son dernier personnage : Lazare, une sorte d'ange de la mort. Un clip prémonitoire, qui anticipe sa mort comme il a su anticiper sa vie, un extrait d'un album magnifique qu'il intitule «Black star» comme pour boucler la boucle. David Bowie signe donc son dernier album, le 25e, une belle façon de dire adieu à ses fans. Une mort à l'image de sa vie, magistrale et libre, qu'il ne veut pas scénariser en funérailles comme pour laisser le mystère régner. Celui qui chantait : «We can be heroes just for one day», vient de prouver qu'il était un héros éternel. Une chose est sûre, le rockeur de l'espace n'est pas mort. Il est juste retourné chez lui, près des étoiles, quelque part sur Mars...Repose en paix Bowie ! Hommages... Assaad Bouab, acteur Il y a quelque chose qui m'a toujours frappé chez cet artiste, c'est son côté caméléon, après je n'ai pas grandi en écoutant Bowie. Et c'est quelque part bien dommage, car il a enregistré des chefs-d'œuvre. On dit que les légendes ne meurent jamais. Sa musique nous est laissée en heritage». Khouloud Sajid Kebali, journaliste C'est le seul artiste qui donnait des couleurs aux notes de musique... C'est un caméleon qui m'a fait rêver, à travers toutes ses couleurs... Une identité, un talent, une audace et une personnalité inimitables. Celui qui «donnait le ton». Toute une partie de mon adolescence : Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Halloween Jack, Thin White Duke !!! Faïçal Tadlaoui, animateur J'ai commencé à vraiment écouter Bowie après un électrochoc lors du tribute à un autre «extraterrestre», Freddy Mercury. Bowie reprenait avec Annie Lennox, Under Pressure de Queen. L'émotion qui se dégageait m'a marqué à jamais. Bowie fait partie de ces artistes qui nous rappellent que l'art, la musique sont, par essence, audacieux.