Grève des pilotes, séparation d'Air Sénégal, printemps arabe, chute du trafic aérien, concurrence des lowcost et forte hausse des cours du pétrole, les ingrédients du cocktail Molotov qui a plongé les comptes de Royal Air Maroc dans le rouge, au point que son président Driss Benhima, souligne «la grande fragilité» de la compagnie nationale. Un plan de restructuration a été donc décidé, assorti d'un plan social prévoyant le départ de 1.560 salariés sur les 5.400 qu'emploie actuellement la compagnie. Le plan de rationalisation interne prévoit également une refonte du réseau, le recentrage autour du hub de Casablanca, la cession de 10 avions et la restructuration du top management, le tout entre 2011 et 2013. L'activité court-courrier du Groupe RAM, qui bénéficiera de l'acquisition des nouveaux avions ATR, et qui est opérée par la filiale RAM Express, sera-t-elle touchée par cette restructuration, notamment en termes de réseau ? En effet, le maître mot est désormais la rentabilité. Il faut dire que plusieurs lignes internes affichent un taux de remplissage habituellement faible. «Seules des lignes internationales pourront être annulées, les lignes intérieures ne seront pas concernées par le plan de restructuration, aucune ne sera donc supprimée», coupe court le commandant Omar Lechheb, directeur général de RAM Express. «Il y a effectivement des lignes qui sont très peu fréquentées en milieu de semaine, mais elles bénéficient de l'appui de l'Etat et des régions qui sont desservies», poursuit-il. Là, c'est la mission de service public qui prime, surtout que le tourisme de certaines régions est tributaire de la liaison aérienne. «Si pendant la semaine les vols vers des destinations comme Errachidia, Guelmim ou Zagora connaissent une faible affluence, les vols sont surbookés pendant le week-end», souligne de commandant Lechheb. Plus que d'intérêt public, ces vols sont d'intérêt économique pour ces régions. Les pouvoirs publics continueront donc à mettre la main à la poche pour les maintenir, malgré leur poids sur la rentabilité. En revanche, les vols internationaux assurés par la compagnie sont les plus rentables. RAM Express opère avec ses ATR, des vols régulier vers Lisbonne et Porto au Portugal, Valence et Malaga en Espagne. Parmi destinations, Lisbonne et Porto génèrent le plus de bénéfices, mais Valence commence aussi à monter en puissance, selon le top management de la compagnie régionale. Valse d'avions Avant la livraison des deux premiers ATR 72-600 le 19 août dernier, RAM Express opérait avec 4 ATR 72-200, une ancienne génération de cet avion court-courrier à turbopropulseur. Ces appareils sont en leasing auprès de leur constructeur. Les nouvelles livraisons sont venues donc remplacer deux des appareils exploités en crédit-bail. Le renouvellement et le renforcement de la flotte se poursuivront avec les deux tranches restantes de cette même commande, dont le montant global au prix catalogue s'élève à près d'un milliard de dirhams (125 millions de dollars). La compagnie recevra 2 autres ATR 72-600 juin 2012, qui viendront remplacer les deux appareil encore en leasing. La dernière tranche porte sur la livraison courant 2013 de deux ATR 42-600, une version plus courte du même avion. Mais pour l'instant, l'aéronef n'a toujours pas été certifié par l'Agence européenne de la sécurité aérienne qui octroie ce sésame. «L'ATR 42-600 sera certifié avant la fin de l'année et entrera en service dès 2012», indique Filippo Bagnato, Président exécutif du constructeur aéronautique européen. Dès lors, RAM Express sera en mesure d'effectuer des rotations régionales bien plus denses, avec par exemple des trajets Laayoune – Las Palmas – Agadir – Laâyoune. D'un point de vue organisationnel, la compagnie mise sur la flexibilité et la légèreté de la gestion. L'exploitation se fait en grande partie suivant le modèle connu par «ACMI», qui exploite les effets de synergie offerts par son rattachement à la compagnie mère. ACMI, pour aircraft, complete crew, maintenance, insurance (avion, équipage, maintenance et assurance), est le modèle par lequel ces éléments d'exploitations, sont facturés par RAM à sa filiale. Cette dernière tourne donc avec des équipes réduites, soit 32 pilotes et 32 hôtesses et stewards. Lire aussi: Le «greenliner» prend son envol Exit les Airbus en novembre Dans le cadre de sa restructuration, la compagnie nationale prévoit de se séparer de 10 appareils. Une mesure qui entre dans le cadre de l'optimisation des charges d'exploitation et d'entretien. L'idée étant de renouveler les appareils vieillissants (coûteux en consommation de kérosène et en entretien) et d'harmoniser la flotte pour réduire au minimum les charges d'entretien. Derrière le carburant, ce sont les postes de charge les plus importants dans l'activité d'une compagnie aérienne. Dans cette optique, RAM se séparera des 4 seuls airbus A321-200 dont elle dispose sur une soixantaine d'appareil, le reste étant exclusivement composée de Boeings, mis à part les ATR de la filiale régionale. «Pour harmoniser la flotte, nos 4 Airbus seront vendus le 5 novembre prochain», indique un cadre supérieur de la RAM. Cette décision intervient alors que Ahmed Réda Chami avait tenté de rassurer les européens lors du dernier salon du Bourget, en maintenant la possibilité d'acquérir des Airbus lors d'un prochain programme d'achat prévu à partir de 2015, cette piste est-elle donc définitivement écartée ?