La polémique a éclaté au début du mois de ramadan. La sitcom «Foyer des filles», coproduite par la SNRT et Spectop, n'a pas été diffusée sur Al Oula. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que cette production soit programmée durant le mois sacré. Un casting regroupant des artistes plébiscités par le public marocain, un réalisateur qui a déjà fait ses preuves, une maison de production leader dans le domaine... «C'était une surprise pour nous... d'autant plus que nous avons essayé de répondre à toutes les demandes de la SNRT», nous explique Fatna Benkirane, directrice de Spectop. En effet, et toujours selon la productrice, les responsables de la SNRT, lui ont demandé de présenter un projet différent de «Dar Lwarata». «Au début, nous avons essayé de convaincre la SNRT de produire la troisième partie de Dar Lawarata, qui a eu un grand succès auprès du public. Mais les responsables n'étaient pas chauds à cette idée. Ils voulaient s'éloigner de tout ce qui est traditionnel», ajoute Benkirane. Le projet du «Foyer des filles», qui relate l'histoire d'une famille marocaine moderne a donc été validé et le tournage a été achevé en mai dernier. Bref, les premiers épisodes de la sitcom ont été remis au département concerné de la SNRT, plusieurs semaines avant le mois sacré. Réalisé par Hicham Jebbari (c'est lui qui avait réalisé les deux parties de Dar Lwarata), «Foyer des fille » a connu la participation d'un aréopage d'acteurs marocains, notamment Mohamed El Klafi, Nezha Regragui, Aziz El Alaoui, Fadila Benmoussa, Ilham Ouaziz, Jamila El Haouni, Aziz Dadès, Mourad Zaoui... Une démarche... inédite Quinze jours après le début du mois sacré, la productrice a décidé de sortir de son silence pour dénoncer la décision d'Al Oula. «Le fait que la sitcom ne fasse pas partie de la grille de programmation du ramadan n'est pas un problème, parce qu'on pourra toujours la diffuser après. C'est plutôt le fait que certains responsables de la chaîne qualifient officieusement le travail de médiocre, qui m'a mise hors de moi», affirme la productrice. Que faire ? Fatna Benkirane n'a pas trouvé mieux que d'inviter la presse pour découvrir les épisodes de cette sitcom et surtout de les juger. «L'objectif de ce point de presse est de montrer quelques épisodes de la sitcom et surtout de permettre aux journalistes d'avoir une opinion sur ce projet, qui a été sacrifié en faveur d'autres productions qui ne font pas fait l'unanimité. Les chiffres d'audience des deux premières semaines en sont d'ailleurs la preuve», ajoute-t-elle. Soutenue par l'équipe de la sitcom, Benkirane tient toutefois à préciser que sa sortie ne veut pas dire que sa production est excellente. «Loin de là. J'aimerais juste qu'on m'explique avec des arguments consistants pourquoi on a refusé la série et sur quels critères on se base pour juger les productions télévisuelles». Les lettres adressées au département de la programmation audiovisuelle, les coups de téléphone effectués pour rejoindre l'un des ses responsables sont restés lettre morte. Aucune explication n'a été donnée à l'équipe du «Foyer des filles». Avez-vous parlé d'antécédents ? Le cas du «Foyer des filles» qui a nécessité un budget global de 5,5 MDH est loin d'être isolé. Al Oula a l'habitude de valider des projets, de les financer pour au final, ne pas les diffuser. Rappelez-vous, la sitcom «Mademoiselle Kamilia», écrite et réalisée conjointement il y a quelques années, par Narjiss Nejjar et Mohamed Achaouer, avait subi le même sort. Pis, Al Oula avait inséré cette série dans sa grille, avant de la retirer à la dernière minute, sans donner aucune explication. D'autres projets de téléfilms, feuilletons ou encore sitcoms, s'emplilent sur les casiers de la chaîne, au fil du temps, amassant de la poussière. Cette stratégie soulève de multiples interrogations quant à l'aptitude des responsables à bien gérer la programmation audiovisuelle. Il ne faut surtout pas oublier que ces productions sont financées avec l'argent du contribuable. De surcroît, Al Oula n'a pas réussi, encore une fois, à attirer les spectateurs marocains. La part d'audience affichée en prime time ne dépasse pas 6,6%. Ce chiffre en dit long sur l'état de santé de la grille de la première chaîne. SNRT, silence radio ! Nous avons tenté, à plusieurs reprises, de joindre la direction des programmes de Al Oula. Sans succès ! À l'heure où nous mettions sous presse, le directeur de la programmation, Alami Khallouki, était toujours injoignable alors qu'il nous a promis de répondre à nos questions. Quant au cabinet du PDG de la SNRT, il s'est contenté de nous orienter vers la direction concernée. Drôle de communication de la part d'une chaîne qui prétend être réactive par rapport aux requêtes des journalistes.