Crise. Les ventes de voitures neuves en Europe ont chuté de 7,9% l'an dernier, soit un million d'unités en moins. Hormis le Royaume-Uni, quatre des cinq plus gros marchés sont restés dans le rouge. La Volkswagen Golf reste la voiture la plus vendue sur le vieux continent. ATO Dynamics, un cabinet mondialement réputé en tant que spécialiste de l'information automobile professionnelle, vient de publier ses chiffres. De précieuses données, puisqu'il s'agit des ventes de voitures neuves sur l'ensemble des pays européens, classées par marchés, par marques et par modèles. Comme il était attendu durant une bonne partie de l'année écoulée, ces chiffres sont en baisse par rapport à ceux de 2011, qui fut elle-même une année de crise. Le troisième marché mondial Plus précisément, il s'est vendu 12.573.842 véhicules neufs en Europe, entre le 1 janvier et le 31 décembre 2012, soit une baisse de 7,9% par rapport à l'année 2011. Ce même mois de décembre a même enregistré son seuil le plus bas en 19 ans, en restant bien au-dessous de la barre du million d'unités, avec précisément 847.366 véhicules vendus. À l'exception du Royaume-Uni (+5,3% à 123.557 unités vendues), la désaffection de la clientèle pour la voiture neuve n'a pas épargné les quatre autres marchés des «Big five» que sont la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Dans ce dernier pays, la baisse en décembre a même atteint -16,4%, soit plus de 40.000 véhicules en moins par rapport à décembre 2011 ! Sur l'ensemble de 2012, la France, l'Italie et l'Espagne ont enregistré une chute significative de leurs ventes, clôturant l'année à respectivement -13,9%, -19,8% et -13,3%. En dépassant tout juste les 12,5 millions d'unités vendues, l'Europe se situe ainsi en troisième position derrière les marchés chinois et américain. Des constructeurs dans le rouge Du côtés des constructeurs, à l'exception des marques Audi (+3,4%) et Mercedes (+0,6%), grâce notamment à leurs nouveautés lancées l'an dernier (Audi A3, Q3, A6 et Mercedes Classes A, B et M), tout le monde est dans le rouge ou presque. Selon les données de JATO Dynamics, les évolutions en croissances annuelles sont de -22,1% pour Renault, -15,7% pour Opel-Vauxhall, -15,2% pour Fiat, -13% pour Ford, -12,9% pour Peugeot, -12,8% pour Citroën. Même le «champion» Volkswagen, affiche une contre-performance, soit -4,4% à un peu plus de 1,6 million d'unités vendues. Outre le fait que sa Golf reste le modèle plus vendu en Europe (lire encadré), le premier constructeur européen conserve néanmoins son statut de leader et continue à coiffer le top-10 devant Ford, Opel, Renault, Peugeot, Audi, Citroën, BMW, Mercedes et Fiat. Il reste à nuancer ces résultats en fonction de certains pays. Ainsi, Renault reste leader du marché français, mais Peugeot y est est tête si l'on exclue les ventes d'utilitaires du losange. De même, Ford conserve la main sur le marché britannique où il est numéro 1 des ventes depuis 36 ans ! Enfin, l'on remarque dans ce classement, que les Japonais n'ont pas encore retrouvé leurs niveaux d'avant-crise (2007), y compris Toyota qui est repassé numéro 1 mondial. En revanche, le groupe coréen Hyundai-Kia résiste à la crise. Ainsi, Hyundai a écoulé 444.000 véhicules, en progression de 10,2%, tandis que Kia Motors Europe a vendu 332.000 véhicules, soit une hausse annuelle de 14,5 %. De grosses répercussions sur les usines À n'en pas douter, ce plongeon collectif des marchés automobiles européens entraîne avec lui une forte baisse des cadences industrielles sur les principaux sites européens, voire des décisions en cascade de fermeture de plusieurs usines. Outre Opel qui a fermé son usine belge d'Anvers et annoncé la suppression d'une ligne de montage (du Zafira) dans son usine allemande de Bochum dès 2016, puis Ford qui en a fait autant pour son site de Genk en Belgique, le groupe PSA prépare la fermeture de son complexe historique d'Aulnay-sous-Bois pour 2014. À son tour, Renault vient d'annoncer la suppression de 7.500 postes en France, sans pour autant évoquer des licenciements. En cause, la compétitivité de la production automobile, laquelle se concentre désormais dans trois régions du vieux continent à savoir, la Turquie, l'Espagne et certains pays de l'Est (Roumanie, Slovaquie, Tchéquie, Hongrie et Slovénie). Moralité de l'histoire : après l'Amérique qui a restructuré son industrie auto il y a quelques années, dans la douleur, l'Europe suit visiblement le même chemin ! Peu d'espoir à l'horizon Selon plusieurs instituts d'intelligence économique, cette baisse s'explique notamment par la baisse du pouvoir d'achat suite à une hausse d'impôts et à différentes politiques d'austérité imposées dans plusieurs pays d'Europe. Voilà pourquoi, experts et analystes s'attendent à ce que cette tendance baissière du marché auto européen se poursuive au moins jusqu'au milieu de l'année en cours, avec comme prévision –peu optimiste– des ventes tout juste proches de l'équilibre, soit environ 12,4 millions de véhicules en 2013. En attendant, 2012 sera à coup sûr une année à oublier pour l'ensemble des professionnels du secteur automobile en Europe.