Dina Bensaid Pianiste Elle s'initie au piano à l'âge de 4 ans, comme un certain Mozart qui l'a découvert à 3 ans. Elle est la fille de musiciens connus et décide d'en faire son métier, presque naturellement, comme si le don était héréditaire. Il s'agit de Dina Bensaid, pianiste reconnue à tout juste 24 ans et choisie par André Azoulay pour représenter la direction artistique du Printemps des Alizés. La jeunesse au service du talent. La fraîcheur et la rigueur font de Dina Bensaid une virtuose à l'avenir musical plein de promesses, à tout juste 24 ans. Choisie pour diriger le volet artistique du Printemps des Alizés qui se tient du 25 au 28 avril, la jeune pianiste vient d'une famille de mélomanes et d'un père violoniste et directeur de l'Orchestre philarmonique du Maroc. «C'est sûr que le fait que mon père soit violoniste m'a permis de baigner dans l'univers de la musique classique depuis mon plus jeune âge et m'a donc ouvert la voie vers la musique classique. Cependant, le choix de devenir pianiste est réellement personnel et mes parents mélomanes et musiciens m'ont soutenue dans cette voie», révèle Dina, qui ne se contente pas de son talent pour évoluer, mais sur un travail acharné. «Chaque musicien professionnel doit trouver son propre rythme de travail. Pour donner un chiffre de référence, cela ne peut pas être en dessous de 4h par jour. Quoi qu'il arrive, le secret réside dans la régularité du travail», continue-t-elle, tout en sachant qu'elle intègre tôt des formations profesionnalisantes à Paris et travaille avec les plus grands en étudiant la musique de chambre auprès de Philippe Bernold, Emmanuelle Bertrand, Marc Coppey et Bertrand Chamayou. «Nous, les Marocains, nous avons le rythme dans le sang et je dois cela à la musique traditionnelle marocaine. Par la suite, j'ai été très influencée par les professeurs avec qui j'ai travaillé tels Jacques Rouvier, Georges Pludermacher (qui est venu au Printemps des Alizés l'an dernier) et Franck Bralely . J'écoute un peu de tout. Vous seriez étonné de voir ma playlist. Cela peut aller du rock à la soul, en passant par le reggae. Mon coup de cœur du moment est Art Tatum, un immense jazzman que je viens de découvrir», révèle la musicienne mélomane gourmande de belles sonorités. C'est ainsi que son talent et son professionnalisme lui ont permis d'être choisie comme directrice artistique de la nouvelle édition du Printemps des Alizés à Essaouira. C'est un défi qu'elle relève haut la main, du haut de ses 24 printemps. «Je me produis depuis toute jeune dans le cadre des Matinées jeunes talents du festival. Je connaissais donc bien l'esprit des Alizés et M.Azoulay m'a fait confiance pour assurer la relève», explique la nouvelle directrice artistique , dont le travail consiste à faire la programmation du festival. «Il s'agit de choisir les artistes qui se produiront à Essaouira et de discuter avec eux des œuvres qu'ils choisiront ade présenter, afin qu'elles correspondent aux demandes de notre public. Pendant l'événement, je m'occupe de tous les détails artistiques, de la gestion des artistes et de la présentation des concerts», explique Dina Bensaid, qui se voit confier cette lourde tâche d'un événement de qualité, qui a su conquérir les cœurs des Marocains à travers les différentes éditions. «La particularité de cet événement est que c'est un festival gratuit. C'est quelque chose d'extrêmement rare et précieux. Cela permet à tous de découvrir la musique classique dans des lieux féeriques du patrimoine souiri. L'esprit du festival est de rapprocher les cultures et les générations. La programmation reflète cet état d'esprit, et c'est quelque chose qui me touche énormément et à laquelle nous tenons tous», confie la jeune pianiste, dont les coups de cœur cette année sont difficiles à énumérer, grâce à la forte présence de musiciens marocains , représentés par Abdellah Lasri et Marouan Benabdallah, Abdel Rahman El Bacha et Pascal Amoyel qui sont des figures du monde pianistique d'aujourd'hui et le Quatuor Zaïde, qui est d'une qualité exceptionnelle, selon Dina Bensaid. C'est un constat de l'état de santé d'une musique classique assez encourageant, contrairement à l'état de ses conservatoires et à la rareté voire la nullité de ses écoles formatrices. «La musique classique au Maroc ne se porte pas si mal. Les écoles de musique et l'Orchestre philharmonique du Maroc font un énorme travail. SI vous allez à un concert jeune public de l'OPM, vous serez ahuri de voir autant d'enfants subjugués par un spectacle de musique classique. Si tel est le cas, c'est parce qu'un travail en amont à été fait : ils ont étudié les œuvres et se sont intéressés à la musique classique avant de venir au concert. Ainsi, je suis plutôt optimiste au sujet de la musique classique au Maroc. Il est cependant vrai que les structures privées sont les plus dynamiques dans le domaine». C'est ainsi que la jeune femme continue son parcours artistique en se rappelant d'où elle vient et en encourageant le talent marocain. Une figure emblématique, une douceur passionnée dans la technique et une frappe de piano qui déconcerte, la justesse et la qualité de jeu de Dina Bensaid sont à saluer et feront d'elle une référence musicale bien marocaine dans les années à venir, puisqu'elle se distingue déjà par sa propre approche instrumentale pleine de grâce. Ses mains parcourent les touches du piano avec une facilité des plus complexes, laissant le public admirer une chorégraphie manuelle et technique au service des tonalités. «Je suis encore étudiante au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et peut être l'an prochain à la Royal Academy de Londres. Je suis donc en pleine construction de ma carrière de pianiste et cela passera très probablement par des concours dans les temps à venir». Si de mauvaises langues disent que la musique classique est «vieillotte» voire «morte», c'est aller bien vite en besogne. En attendant, vive le vent des «Alizés» !