Un printemps musical à Essaouira a levé le voile sur une belle histoire musicale. Une histoire de famille. Quatre jours où parents et enfants, frères et sœurs ont partagé des moments privilégiés de musique, afin de prouver que le talent est dans les gènes et dans le sang. «La particularité du festival cette année, est qu'il porte l'empreinte de ces familles de musiciens qui ont de tout temps jalonné les parcours les plus emblématiques du répertoire», fait remarquer André Azoulay, président fondateur de l'association Essaouira- Mogador. En effet, la famille El Bacha, la famille Métral, la famille Bellom ou la famille Bensaid. Tous se sont donné rendez-vous au Printemps des Alizés à Essaouira pour une treizième édition riche en partage et en moments d'émotion. En effet, ce printemps musical a été l'occasion pour Farid Bensaid, violoniste, président fondateur de l'Ecole internationale de musique et de danse de Casablanca et Rabat et président fondateur de l'Orchestre philarmonique du Maroc de jouer pour la première fois avec sa fille Dina au piano. «C'est sûr que le fait que mon père soit violoniste m'a permis de baigner dans l'univers de la musique classique depuis mon plus jeune âge et m'a donc ouvert la voie vers la musique classique. Cependant, le choix de devenir pianiste est réellement personnel et mes parents mélomanes et musiciens m'ont soutenue dans cette voie», révèle Dina, émue et fière de jouer aux côtés de son père, qui a longtemps jonglé entre une carrière d'ingénieur le jour et une carrière d'artiste la nuit. Âgé de 10 ans, Farid Bensaïd s'inscrit au conservatoire et décide d'apprendre le violon en le choisissant comme son instrument musical préféré. Ingénieur de l'Ecole supérieure des travaux publics (ESTP) de Paris, il obtient son premier prix de violon au Conservatoire de Paris en 1984 et une carrière musicale qui finira par le rattraper lorsqu'il fait la rencontre du Printemps des alizés, entre autre, ainsi qu'en fondant l'Orchestre philarmonique du Maroc. En tout cas, après la série de concerts en famille des Bensaïd, la musique est une évidence. Un concert qui a été précédé de celui des frères Métral avec Victor au piano, Joseph au violon et Justine au violoncelle. Des frères surdoués qui ont beaucoup touché lors de cette édition. En effet, Victor obtient son diplôme d'études musicales (DEM) et sa médaille du conservatoire en 2006, au Conservatoire national de région, dans la classe de Sandra Chamoux. Il poursuit son parcours en perfectionnement au CNR de Lyon avec Hervé Billaut et est reçu en 2009 au concours d'entrée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans la classe de Bruno Rigutto, Claire-Marie Le Guay et Fernando Rossano. Lauréat en 2001 du concours Stenway & Sons, en 2003 du concours Madeleine de Valmalète, il reçoit le premier grand prix du concours «FLAME», «Jeunes solistes» en mars 2006 à Paris. Il obtient en mai 2008, le premier prix «à L'unanimité» du 6e concours de piano Thérésa Lacuna et le «prix spécial du jury» dans la catégorie excellence. Quant à Justine, elle a commencé le violoncelle à cinq ans au centre musical de la ville de Meylan et elle est reçue en 2010 au conservatoire supérieur de musique de Paris dans la classe de Philippe Muller. Justine participe depuis plusieurs années à des académies internationales d'été de musique et se perfectionne en musique de chambre avec le quatuor Artis dans le cadre du Festival Pablo Casals. Elle se produit en solo ou en trio avec ses frères dans le cadre de prestations régionales. D'ailleurs son deuxième frère, Joseph, a commencé le violon à l'âge de 4 ans et obtient son diplôme et sa médaille du conservatoire à 13 ans au Conservatoire national de Grenoble. Il perfectionne depuis plusieurs années la pratique du violon auprès de Jean Lenert. Il a obtenu le certificat musical de fin de cycles secondaires de La Schola Cantorum à Paris, où il a terminé le cycle supérieur avec la mention très bien «à l'unanimité et les félicitations du Jury», en 2010, puis obtenu plusieurs prix et distinctions, comme si le talent récompensé était dans le sang. De la famille Métral à la famille Bellom, la fraternité est une histoire d'harmonie et ce ne sont pas Guillaume et Adrien qui diront le contraire. Un duo piano-violon que Dar Souiri a accueilli avec bonheur le premier jour des festivités du Printemps musical. Né en 1992, Guillaume Bellom débute conjointement l'étude du piano et du violon à l'âge de six ans au conservatoire à rayonnement régional de Besançon. Il y obtient en 2008 ses prix de piano dans la classe de Sylvia Kohler, de violon dans la classe d'Agnès Kaïtasov et de musique de chambre dans la classe de György Adam. En 2009, il est admis à l'unanimité au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans la classe de piano de Nicholas Angelich et Romano Pallottini. Il a remporté le concours de piano des jeunes musiciens à Besançon en 2008, grâce auquel il a joué avec l'Orchestre philharmonique de Besançon dans le concerto de Grieg, puis l'année suivante dans le 1er concerto de Brahms. En mai 2010, il a joué avec Philippe Cassard qui l'a invité en janvier 2011 à participer à son émission sur France Musique, «Le Matin des musiciens», autour du Lebensstürme de Schubert. Son grand intérêt pour la musique de chambre l'incite à se produire au sein de diverses formations, notamment au Festival de Pâques, à l'Août musical de Deauville, ou encore au Festival de Bel-Air à Chambéry. Il est depuis 2012 pianiste résident à la Fondation Singer-Polignac. Son frère Adrien se trouve actuellement au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et fait partie de l'Académie de l'orchestre philarmonique de Radio France. Passionné de musique de chambre, il s'emploie à découvrir le répertoire méconnu de la sonate, du trio et du quatuor avec piano et c'est aux côtés de la famille El Bacha que la musique a opéré. Camille, le fils a choisi le piano également, comme son père Abdel Rahmane que l'on ne présente plus. Issu de deux parents musiciens, le pianiste français d'origine libanaise de renommée internationale commence ses études de pianiste et de pédagogue en 1967 avec Zvart Sarkissian, pianiste arménienne, elle-même ancienne élève de Marguerite Long et de Jacques Février. En 1974, il rentre au conservatoire de Paris. Il en sortira avec quatre premiers prix (piano, musique de chambre, harmonie et contrepoint). En 1981, il obtient la nationalité française et vit dès lors majoritairement à Paris. Il est particulièrement reconnu pour les qualités émotionnelles de son jeu. Son répertoire va de Johann Sebastian Bach à Sergueï Prokofiev. Deux compositeurs lui tiennent à cœur : Chopin et Beethoven, autant de qualités émotionnelles, qu'il doit, selon lui à sa mère, laquelle a développé chez lui une mémoire auditive. Abdel Rahman El Bacha est actuellement maître en résidence à la chapelle musicale Reine Elisabeth à Waterloo en Belgique. Il met ainsi son talent au service des jeunes pianistes étudiant à la chapelle. Il met également son talent au service de son fils, Camille, qui lui aussi devient pianiste et découvrira sa passion à l'âge de 7 ans. Ses capacités musicales naturelles lui vaudront plusieurs distinctions et le mèneront à intégrer le pôle supérieur d'enseignement artistique de Paris en 2011. C'est ainsi que la musique a joué les notes d'une histoire de famille, celle qu'Essaouira a réuni cette année, autour d'un printemps musical. Le printemps des Alizés a tenu toutes ses promesses, ses surprises, ses rendez-vous familiaux, ses sourires, ses larmes, ses émotions. Une treizième édition autour de la famille des artistes mais surtout autour de la famille des mélomanes et des amoureux de la musique. Un moment de partage à la hauteur de la ville de charme et de la terre d'accueil de toutes les musiques. La musique classique se sent bien à Essaouira et elle a prouvé grâce à des représentants de qualité la réussite d'un festival sans strass ni paillette, à encourager pour faire de la route des Alizés, un parcours long, riche, toujours plein de belles aventures et de rencontres. Vive le vent du printemps !