Eurobonds. L'agence de notation américaine constate une nette augmentation des recours aux emprunts internationaux chez les économies africaines. La réorientation des capitaux occidentaux vers les marchés en développement a accentué la tendance, mais cela n'est pas sans impact sur les dettes extérieures des pays africains. Les économies africaines sont en train de rattraper progressivement leur retard sur le marché international des capitaux en multipliant les sorties, mais semblent prêter peu d'attention aux effets boomerang de cette tendance : la progression des dettes extérieures. Tel est, en substance, le constat du rating service de l'agence internationale de notation Standard & Poor's, récemment livré à la presse. «Au moment où l'Afrique du Sud était encore le seul Etat à multiplier les recours au marché international en termes d'émissions d'obligations, plusieurs autres économies africaines se sont aussi très vite lancées sur la même voie durant les deux dernières années», relève-t-on dans la note de l'agence. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis 2007, sept Etats africains ont eu recours aux emprunts à l'international, d'une valeur totale estimée à 5 milliards de dollars US et la tendance s'accentue d'année en année. L'agence explique cette situation par le fait que les faibles retours sur investissement sur les marchés européens et américains, en l'occurrence, poussent les capitaux internationaux à se tourner vers les économies en développement et émergentes, en l'occurrence en Afrique. Les économies du continent ont ainsi de plus en plus de promptitude à émettre des obligations d'Etats sur les marchés internationaux, au détriment du marché domestique. De plus, «les mesures d'austérité prévalant dans la plupart des économies en développement, depuis l'éclatement de la crise financière internationale, pèsent beaucoup sur les prêts et financements bilatéraux entre Etats, traditionnellement considérés comme l'une des principales voies de financement auxquelles ont recours les économies africaines», constatent les experts de S&P. Le recours aux emprunts internationaux tend ainsi à supplanter les financements dans le cadre des coopérations bilatérales. À double tranchant Si cet engouement pour les emprunts internationaux est essentiel pour le financement de la dynamique de croissance de la plupart des économies du continent, cela constituerait cependant un risque d'accentuation des dettes extérieures de ces Etats, selon les appréciations de l'agence de notation américaine. Il faut dire que le volume des emprunts commerciaux contractés par les pays africains est loin d'être au ralenti. «Nous estimons que pour les 16 pays étudiés dans la région subsaharienne, les emprunts commerciaux devraient progresser de 25% en 2012, pour atteindre la valeur de 56 milliards de dollars US (emprunts internationaux et domestiques compris). Même si une bonne partie de ces emprunts a été opérée sur les marchés domestiques, le recours aux euro-obligations, en l'occurrence, se révèle de plus en plus un réflexe partagé chez ces Etats. En 2007, le Ghana et le Gabon ont été les premières économies de la région, hors Afrique du Sud, à émettre des Eurobonds. Une seconde vague d'émissions a démarré depuis 2011. Sur les 12 derniers mois, sur une échéance plus récente, trois autres économies africaines se sont greffées à la tendance. Il s'agit de la Zambie pour un montant de 750 millions de dollars, de l'Angola pour 1 milliard de dollars US et du Rwanda pour une valeur de 400 millions de dollars US. Diversification Les intérêts des pays africains recourant aux capitaux internationaux ne se limitent pas uniquement aux Eurobonds. Selon le rapport de S&P, une bonne partie de ces Etats envisagent également d'émettre des «sukuks», des obligations islamiques conformes aux règles de la charia. Pour l'heure, la tendance à la finance islamique reste limitée. Seuls la Gambie et le Soudan ont récemment procédé, pour le moment, à des émissions régulières de sukuks sur leur marché domestique respectif. Toutefois, d'autres économies comme le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Mauritanie et le Nigéria, ont récemment manifesté leur intérêt pour ce type de recours au financement islamique à l'international, sans qu'aucun de ces pays n'ait encore fait réellement le pas.