Selon le classement WEF 2013/2014, les pays africains continuent à soigner leur image auprès des investisseurs et à gagner en compétitivité. La stratégie est payante puisque selon un nouveau rapport d'Ernst et Young, le flux d'IDE en direction du continent maintiendra sa dynamique durant les prochaines années. La nouveauté, c'est l'orientation des investissements vers de nouveaux secteurs porteurs comme les infrastructures et les IDE. L'édition 2013/2014 du très attendu classement annuel du World Economic Forum (WEF) sur la compétitivité et la productivité dans le monde a été publié il y a quelques jours. Pour la présente édition, c'est 144 pays qui figurent dans ce rapport, lequel s'appuie sur les résultats d'une l'enquête réalisée auprès de quelques 15.000 chefs d'entreprise. C'est sur la base de cette enquête que le WEF, tout comme les autres institutions, à l'image de la Banque mondiale et de son fameux «Doing Business», mesure le niveau de productivité de chaque pays figurant au classement. Pour ce faire, les analystes du WEF étudient une centaine d'indicateurs qui sont par la suite regroupés autour de 12 critères, dont la qualité des institutions, celle des infrastructures, de la santé, de l'enseignement ou de la formation professionnelle, ainsi que la taille de l'économie du pays, l'efficacité de son marché financier et son degré d'évolution en matière de technologie. Ce sont ces critères qui permettent au WEF d'établir au final un classement sur la compétitivité dans le monde. À la tête du classement 2013/2014, la Suisse, Singapour, la Finlande, l'Allemagne et les Etats-Unis. L'Afrique en force Comme c'est le cas ces dernières années, les pays africains ne cessent d'améliorer leur score et de gagner en compétitivité. Dans la présente édition annuelle du WEF, c'est l'Île Maurice qui arrive en tête des pays africains classés, en se positionnant à la 45e place mondiale. Le champion africain améliore ainsi son statut et dispute de plus en plus le titre de meilleure économique africaine en matière d'attractivité à son dauphin l'Afrique du Sud, qui arrive à la 53e place. Il convient de relever que d'après les critères du WEF, l'économie mauricienne est plus compétitive que certains pays émergents du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du sud) et fait encore mieux que des pays développés comme l'Italie. À la dernière place du podium des pays africains figure le Rwanda qui est arrivé 66e, et récolte les fruits des efforts consentis ces dernières années pour attirer les investisseurs. Le trio de tête des pays africains est talonné par le Botswana à la 74e place et par les économies nord-africaines, notamment le Maroc à la 77e position, la Tunisie à la 83e et l'Algérie à la 100e place du classement mondial. Cette montée en force des pays africains s'explique, selon les conclusions du rapport, par la bonne santé économique de l'Afrique, ainsi que par ses perspectives d'évolution pour les prochaines années. De ce fait, beaucoup de pays du continent ne cessent d'engager des réformes s'inscrivant dans le cadre de l'amélioration de leur climat des affaires, ainsi que dans celui du renforcement de leur compétitivité. Il va sans dire que le rythme n'est pas le même au niveau, non seulement des pays, mais également selon les différentes zones géographiques. Au delà, du classement, le rapport du WEF comporte plusieurs indications qui donnent une idée de la situation économique actuelle des pays africains. Ainsi les pays d'Afrique subsaharienne engrangent les dividendes d'une évolution de la croissance de leur PIB, laquelle sur ces dernières années a enregistré une moyenne de 5%. Selon le WEF, cette dynamique est essentiellement portée par «la croissance des investissements, l'existence d'un marché des matières premières favorable et une amélioration du cadre macroéconomique». Le rapport du WEF n'a pas manqué de réactualiser les défis qui continuent à constituer de sérieux obstacles pour que les pays africains puissent atteindre leurs vitesses de croisière. Parmi les principaux défis pour les pays du continent, notamment ceux du sud du Sahara, figure la réorientation stratégique des mamelles de croissance vers l'industrialisation, ce qui leur permettrait de gagner en efficacité. De même, le continent accuse un sérieux retard en termes d'innovation. Perspectives prometteuses Le rapport du WEF vient confirmer une fois de plus, le potentiel dont dispose le continent africain en matière de développement économique. Avec les efforts consentis par les différents pays dans l'amélioration du cadre réglementaire et macroéconomique, les investisseurs consolident de plus en plus leur présence dans le sud du continent. Selon le cabinet d'audit Ernst et Young (E.Y) qui vient de publier la semaine dernière un autre rapport sur les IDE, la dynamique des investissements en Afrique ces dernières années va se maintenir et même gagner en volume et en valeur. «L'Afrique intéresse de plus en plus les investisseurs et ce continent s'arroge depuis cinq ans une part croissante des investissements directs étrangers dans le monde, principalement du fait des pays émergents» ,a souligné E.Y dans son troisième baromètre relatif à l'attractivité de l'Afrique. La part des IDE en direction du continent est de ce fait, passée de 3,2% en 2007 à 5,6% en 2012. Contrairement aux autres années, la nouveauté cette fois, c'est que les IDE en provenance des pays émergents prennent de plus en plus d'ampleur alors que jusque-là, la tendance à la hausse a été essentiellement portée par les investissements des pays développés comme les USA, la France ou le Royaume-Uni. De même, les IDE jusque-là récoltés sont particulièrement orientés vers le secteur des matières premières, alors que la nouvelle tendance est orientée vers d'autres secteurs aux perspectives plus prometteuses. Il s'agit entre autres des infrastructures, avec le déficit criant qu'accuse le continent ou celui des télécoms, des services financiers, de l'éducation, de la santé ou de la grande distribution.