Malgré leur déficit chronique en liquidités, les banques continuent à prêter de l'argent. Les banquiers sont un peu moins généreux qu'au premier semestre 2010 mais surtout plus regardants sur le risque. Les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib démontrent qu'à fin juin l'encours des crédits distribués a marqué un pic au mois de mai pour entamer une nouvelle tendance à la hausse. Certes ce niveau n'est pas le même que celui observé courant 2010, mais dénote tout de même d'une reprise de la dynamique économique. Au total, les banques ont prêté 658,6 milliards de DH en évolution de 6,4% par rapport à la même période de l'année dernière. Depuis le début de l'année en cours, l'évolution, est de l'ordre de 6%. Or cette progression ne témoigne pas d'une vraie reprise des crédits accordés à l'économie. Cette situation trouve son origine dans la hausse de l'encours des découverts et des crédits de trésorerie. Une situation qui s'explique surtout par les problèmes de trésorerie que rencontrent de plus en plus les entreprises sous l'effet de la crise et des défaut de paiement de leurs clients. En effet, alors que sa progression était de l'ordre de 5,8% entre juin 2009 et juin 2010, cette bonification se chiffre à 11,4% à fin juin 2011. Sur le premier semestre, l'encours s'est accru de 13,5% et s'établit à 162,2 milliards de DH. L'envolée de cette ligne de crédit s'explique principalement par la coïncidence de cette période avec celle du versement du deuxième acompte de l'impôt sur les sociétés de l'année. Les crédits à l'équipement ont enregistré par ailleurs une amélioration de 11,8% sur l'année mais seulement de 2,1% sur le premier semestre, contre 23,9% ou encore 8,8% un an auparavant. Selon les analystes, cette décélération pourrait traduire un ralentissement du rythme d'investissement dans notre économie, soit en raison de la frilosité des banques face à la montée du risque, soit par volonté des entreprises de reporter leurs projets, vu le contexte politique actuel. le crédit immobilier se porte mieux ou plus exactement, sort indemne de la crise que vit le secteur, récoltant ainsi les premiers fruits des efforts déployés pour soutenir l'offre et la demande en matière de logement, notamment le logement économique. Ainsi, les crédits à l'immobilier, qu'ils soient destinés aux ménages ou aux promoteurs immobiliers, observent une tendance positive au premier semestre 2011. Au moment où les ménages maintiennent le taux d'évolution de leur encours sur le premier semestre, à peu près au même niveau que l'année dernière, à 5,2% ou 130,3 milliards de DH, les promoteurs immobiliers eux connaissent plutôt une ascension en matière d'obtention de crédit, témoignant d'un retour de confiance des banquiers rassurés par les signaux politiques envoyés par le gouvernement pour provoquer la reprise du secteur. Au terme du premier semestre leur encours a avancé de 6,5% à 68 milliards de DH contre une évolution de 3,4% sur le premier semestre 2010. Paradoxalement, les crédits à la consommation, d'habitude très prisés par les ménages à l'approche de la période estivale ont connu plutôt un fléchissement. Leur évolution passe de 5,7% à fin juin 2010 à seulement 3% à fin juin 2011. Au final, l'encours s'établit à 33,4 milliards de DH. Sur un autre registre, les données de la banque centrale font ressortir que les créances nettes sur l'Administration centrale ont progressé de 32% sur le semestre pour atteindre 32,9 milliards de DH d'encours. De leur côté, les crédits accordés d'une banque à l'autre ont fléchi de 0,2% depuis le début de 2011 et de 11,4% sur une année, pour atteindre 84,3 milliards de DH. Un repli qui trahit la pression exercée à ce jour sur les liquidités et qui peine à se dissiper..