Pour leur première collaboration avec 2M, Zakia Tahiri et Ahmed Bouchâala ont opté pour une comédie légère. «Mrahba», qui sera diffusé demain mercredi à 22h sur 2M, se veut un téléfilm gai sur un sujet beaucoup moins drôle: les disparités sociales au Maroc. Tout commence lorsque Mina Berrada (Fatym Layachi) décide de rentrer au Maroc pour se marier avec Saïd (Khalid Maâdour). Fille d'une famille bourgeoise, Mina ne savait pas que le fait de vouloir épouser cet acteur «beur» d'origine marocaine allait lui causer tant de problèmes. En effet, ses parents (Mouna Fettou et Kamal Benyahya) modernes et libéraux n'apprécient guère Saïd. La situation s'envenime lorsque les parents de ce dernier (Salaheddine Benmoussa et Naïma Ilias), des immigrés traditionalistes qui tiennent une boucherie à Toulon, en France, débarquent chez les Berrada pour la noce. Le temps des préparatifs du mariage, les deux familles se découvrent, se confrontent et se déchirent, tandis que Mina et Saïd font l'impossible pour faire s'accepter deux familles que tout oppose. Un casting surprenant ! Le public aura donc rendez-vous, pendant une heure et demie, avec des situations drôles, bien filmées et bien interprétées. Il faut dire que les deux réalisateurs nous proposent à travers cette production de (re)découvrir des acteurs bien de chez nous. Mouna Fettou, qui n'est plus à présenter, campe dans «Mrahba» un rôle différent. Se mettant dans la peau d'une bourgeoise qui n'a qu'un seul but : frimer devant ses copines, Fettou s'essaie à un rôle complexe et surtout nouveau pour elle. Même constat pour Fahd Benchemsi et Houda Rihani (frère et belle-sœur de Saïd), qui ne manqueront pas de surprendre les téléspectateurs. Quant aux vétérans, Benmoussa et Ilias, ils sont tous deux convaincants dans le rôle d'immigrés marocains de première génération en France. Khalid Maâdour (un acteur français d'origine marocaine) que le public marocain ne connaît pas assez, prouve encore une fois que l'intérêt que lui accordent les cinéastes français est loin d'être infondé. «Mrahba» nous révèle aussi une actrice novice, Nissrine Erradi, qui a excellé dans le rôle de la petite bonne toujours au courant de tout ce qui se passe. Après avoir collaboré avec France 2 (Belleville Tour) et Arte (Pour l'amour de Dieu), le couple Tahiri/Bouchâala récidive cette fois-ci avec la télévision marocaine. Malgré les craintes des réalisateurs (voir interview ci-contre), le résultat est satisfaisant. Tourné à Casablanca durant 12 jours, «Mrhaba» a nécessité un budget d'un million de dirhams (la moyenne attribuée par 2M pour la réalisation d'un téléfilm), et ouvrira le bal des téléfilms produits par la chaîne et programmés chaque mercredi tout au long du mois de ramadan. «Grâce à la comédie, on peut aborder des sujets complexes»: Zakia Tahiri, Réalisatrice Les Echos quotidien : À l'instar du film «Number One», vous abordez dans le téléfilm «Marhaba» un sujet épineux sur un ton humoristique. Pourquoi ce choix ? Zakia Tahiri : J'ai toujours aimé parler des choses qui fâchent et je pense que la bonne manière de les exprimer est de mettre les pieds dans le plat. J'aime bien déranger avec l'humour et la tendresse. La force n'est pas toujours indispensable à mon sens. Contrairement à ce que certains pensent, la comédie est un excellent moyen pour aborder des sujets complexes. «Marhaba» est votre premier téléfilm réalisé au Maroc. Comment s'est passée cette expérience ? Cela faisait deux années que nous tournions autour. Nous avons eu du mal à nous lancer au départ parce que nous avions très peur des conditions. Après le succès de mon long métrage «Number One», je ne voulais pas décevoir mon public qui était reconnaissant et fidèle. Je voulais faire un sujet et un film à la hauteur. Bref, je voulais offrir une belle production au public marocain. Quand on n'a pas beaucoup de moyens, je vous assure que ce n'est pas évident. Il faut donc être généreux de son cœur, de ses sentiments et surtout dépasser la peur. Vous avez réussi à nous faire (re) découvrir des acteurs déjà connus en leur confiant des rôles complètement différents... Je fais des films d'images mais aussi d'acteurs. Je trouve que lorsqu'on est juste avec un comédien, il vous donne tout ce qu'il possède. Les acteurs qui ont participé à ce film ont tout simplement été magnifiques. Ils se sont investis corps et âme durant toute la période du tournage qui n'a pas dépassé d'ailleurs 12 jours. Quels sont vos projets ? J'ai recommencé avec 2M pour une production surprise. Je ne peux pas vous en parler maintenant, mais vous en saurez un peu plus bientôt. Par ailleurs, je suis en train d'écrire un long métrage et un autre téléfilm. J'ai également deux autres projets en France, mais je ne sais pas encore dans quel ordre les choses vont évoluer. C'est toujours difficile de faire un film au Maroc ou en France, mais le plus important c'est qu'on continue à croire en nous.