Zakia Tahiri et Ahmed Bouchaala signent Mabrouk l'Aid, un téléfilm qui sera diffusé mercredi 1er août à 22h30 sur 2M, spécialement pensé pour la période ramadanesque. Les comédiens Abdou Mesnaoui et Aziz Hattab. Comment est née l'idée de ce téléfilm, autour de la thématique du mouton? Est-ce le constat d'une pression évidente constatée chaque année à l'issue du mois de ramadan, pour certaines familles? L'idée de ce film est née de notre envie de faire une comédie sociale à mi-chemin entre les films sociaux de Ken Loach et la comédie italienne des années 60. Nous avons été très impressionnés lors des derniers Aïd où nous étions présents au Maroc, constatant la fièvre qui s'empare du pays autour du mouton. Tout le monde veut son mouton. Les organismes de crédit poussent à la consommation par des campagnes ciblées. Nous avons constatés que ce sont surtout les couches populaires qui sont concernées. Tout cela nous a fait penser au film de Ken Loach « Raining Stones » et nous nous sommes dits que nous pourrions partir du même point de départ pour écrire un film : dans Raining Stones le personnage fait tout pour acheter la robe de communion de sa fille, ici, il fait tout pour acheter le mouton de l'Aïd. Quels autres sujets sont également, évoqués dans «Mabrouk l'Aid»? Ce film traite de la pression sociale et religieuse qui s'exerce parfois à mauvais escient. Rien dans la religion n'oblige un croyant à sacrifier le mouton, c'est une sunna qui est devenue une obligation sociale, pour ne pas avoir l'air plus pauvre que ses voisins. Le film parle aussi de ces pauvres gens qui luttent pour survivre au quotidien. L'achat du mouton est une façon de montrer au monde qu'ils existent et de retrouver un semblant de dignité. Il y a d'autres sujets traités comme le problème des faux-témoins, qui pour quelques dirhams sont prêts à accuser n'importe qui devant un juge. C'est aussi un film sur l'amitié entre deux hommes, Aziz et Fouad, qui partagent un quotidien de galère. Comment le choix des acteurs s'est-il opéré? Nous avons fait un casting et parmi les acteurs que nous avons rencontrés le choix s'est très vite tourné vers Abdou Mesnaoui et Aziz Hattab. Nous avons aimé le regard triste d'Abdou Mesnaoui et l'énergie comique de Aziz Hattab, nous a séduite. Ils faisaient un très bon duo : Aziz, le grand, défaitiste, pessimiste, qui voit la vie en noir, et Fouad, le petit, qui voit tout en rose et qui se lève chaque jour avec une nouvelle idée qui lui apportera la fortune. Est-il plus facile d'écrire un scénario de long-métrage ou de téléfilm? Nous ne faisons pas de différence entre les deux formats. Nous écrivons un film. C'est à chaque fois aussi difficile, passionnant et prenant. C'est dans la fabrication que réside la différence. Pour un téléfilm, nous avons moins de temps et d'argent, moins le droit à l'erreur que pour un film cinéma. Nous avons tourné ‘'Mabroul l'Aid'' en seulement 15 jours. Mais nous demandons à nous-mêmes et à nos équipes, le même engagement que pour un long-métrage. Le plus difficile est de trouver la cohérence entre le budget et le projet. Pour ce film, nous avons eu la chance de trouver un quartier, Hay Hassani, où nous avons regroupé tous nos décors afin de gagner du temps. Et nous avons pu tenter une expérience qui ne se fait que dans certains films à grands budgets : tourner dans la continuité du scénario. Ce fut une expérience nouvelle et enrichissante à la fois pour les techniciens et les acteurs qui ont pu construire leurs rôles au quotidien. Quel est le budget de «Mabrouk L'Aïd»? Sentez-vous une volonté de 2M d'offrir au public marocain un projet 100 % Maroc pendant le Ramadan, période où les téléspectateurs sont friands de films qui leur ressemblent? Le budget est le même que celui attribué à tous les téléfilms de 2M. C'est très difficile d'essayer de faire de la qualité avec un tel budget mais nous avons fait de notre mieux pour livrer au public marocain un film drôle et émouvant dans lequel il puisse se reconnaître. Nous avons mis en oeuvre les moyens techniques et artistiques pour cela. Nous remercions les acteurs qui ont consenti de gros efforts financiers pour participer au projet, ainsi que nos techniciens. Nous avons travaillé en confiance avec la direction de la fiction de 2M qui fait un vrai travail d'accompagnement avec les réalisateurs afin d'améliorer la qualité des fictions proposées par la chaîne. Effectivement 2M, cherche à présenter aux marocains une production la plus marocaine possible durant Ramadan. Les gens ont besoin d'histoires qui leur ressemblent. Mais ce n'est pas une mince affaire. Comment satisfaire à la fois l'ouvrier de Derb Sultan, le paysan de l'Atlas, le bourgeois d'Anfa ? Forcément, il y a des mécontents. Êtes-vous actuellement en écriture ou en projet d'un nouveau long-métrage? Nous sommes toujours en écriture à la fois de téléfilms, de long-métrages et de concepts TV. Mais nous ne communiquons que quand les projets se réalisent. Nous savons par expérience que les cimetières sont pleins de projets morts-nés. Zakia Tahiri et Ahmed Bouchaala Jalons : 2001 Origine Contrôlée Long-Métrage Canal+ – M6 2005 Pour l'Amour de Dieu Téléfilm Arte 2007 Belleville Tour Téléfilm France 2 2008 Number One Long-Métrage Maroc 2010 Marhba Téléfilm 2M 2011 Madam M'safra Docu-réalité 2M 2012 Mabrouk l'Aïd Téléfilm 2M * Tweet * * *