Arouna Sanogo Consultant en organisation et ingénierie de la formation Directeur du cabinet Internale Consulting Notre objectif est de servir de pont entre le Nord, principalement le Maroc, et l'Afrique subsaharienne pour exporter des modèles de développement sur tout le continent grâce à un partage de savoirs. Les ECO : Ces dernières années, nous assistons à un mouvement d'implantations de sociétés marocaines en Afrique subsaharienne. Beaucoup d'entreprises ou institutions d'Afrique subsaharienne choisissent aussi le Maroc pour la formation de leurs cadres. Qu'est-ce qui explique cet engouement ? Arouna Sanogo : Le renforcement de la coopération avec les pays d'Afrique subsaharienne, entrepris ces dernières années par le Maroc, a sans nul doute favorisé cet engouement. La plupart des pays d'Afrique subsaharienne, hormis l'Afrique du Sud, visent aujourd'hui l'émergence. En Afrique, le Maroc figure parmi les pays dits émergents ou qui sont près de l'être. Il est tout à fait naturel que, en termes de modèle de développement, les pays d'Afrique subsaharienne capitalisent sur les réussites du Maroc en la matière. En quoi l'offre de conseil marocain peut constituer une réelle valeur ajoutée pour les entreprises et organisations d'Afrique subsaharienne ? Comme nous le disions précédemment, le Maroc a aujourd'hui accompli d'énormes progrès sur les plans économique et social, sur lesquels les pays d'Afrique subsaharienne pourraient capitaliser. À ce niveau, les cabinets de conseil marocain peuvent jouer un rôle, et cela passe entre autres par le renforcement des capacités et l'accompagnement dans le domaine du conseil. L'offre de conseil va permettre, dans chaque domaine, d'appréhender au mieux l'expérience marocaine en la matière, notamment par les échanges d'expérience, les études de cas marocains, ainsi que l'expérience des consultants marocains. Vous être d'origine subsaharienne et avez créé votre cabinet de conseil au Maroc. Pourquoi ce choix? Quelle valeur ajoutez pouvez-vous apporter par rapport aux cabinets existants? Quels sont les obstacles auxquels vous êtes confronté? Je suis un pur produit de l'enseignement supérieur marocain. Après une licence en économie et gestion, j'ai eu l'opportunité d'intégrer en 2007 le master «Métier de conseil et encadrement supérieur» à l'ENCG de Tanger, qui avait pour objectif de former des consultants capable d'intervenir dans le programme de mise à niveau en cours au Maroc. C'est donc tout naturellement, après un passage dans quelques cabinets de conseil, que nous avons opté pour le choix de la création de notre structure «Internale Consulting». Nous pensons aujourd'hui que nous avons un rôle important à jouer dans le cadre de la coopération entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne, d'où notre slogan «Être un pont entre le Nord et le Sud de l'Afrique pour exporter des modèles de développement sur tout le continent grâce à un partage des savoirs». Nous sommes principalement orientés vers les pays d'Afrique subsaharienne. Nous intervenons dans le cadre du conseil en management, de la formation et de l'aide à l'investissement. Nous nous voyons comme des interlocuteurs légitimes pour les entreprises qui veulent investir en Afrique subsaharienne et aussi pour les entreprises d'Afrique subsaharienne qui souhaitent investir au Maroc. Avez-vous rencontré des difficultés dans le cadre de la création de votre entreprise? Quels sont les obstacles que vous rencontrez fréquemment, aujourd'hui ? Pour ce qui est des obstacles, ceux-ci concernent les procédures administratives. Il faut dire qu'il nous a été vraiment très facile de créer la structure. Les principales difficultés, hormis celles rencontrées par toute jeune entreprise, étaient dans notre cas relatives à l'établissement du titre de séjour, car nous passions du statut d'étudiant à celui d'entrepreneur. Certaines pièces demandées n'étaient pas faciles à obtenir pour une entreprise nouvellement créée. Cependant, nous pensons aujourd'hui que les autorités sont en train de tout mettre en œuvre pour y remédier. Pensez-vous que les cabinets de conseil marocains peuvent viser le marché d'Afrique subsaharienne ? Oui, bien sûr! Il existe, à l'instar des contrat spéciaux de formation (CSF) au Maroc, des mécanismes de financement de formation continue des cadres dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne. En Côte d'Ivoire par exemple, un programme de mise à niveau, à l'instar de celui piloté par l'ANPME, baptisé «Programme Phoenix», sera mis en œuvre à partir de 2014. Il existe aussi le Programme de restructuration et de mise à niveau piloté par l'ONUDI, qui est en cours dans les pays de l'UEMOA. Comme au Maroc, ces programmes rencontrent certaines difficultés dans leur mise en œuvre. Cependant, les cabinets de conseil ou les consultants marocains pourraient apporter leurs expériences dans ce domaine. Vous avez un exemple récent, celui de GFI Maroc, cabinet qui intervient dans le domaine des systèmes d'information, qui vient de s'installer en Côte d'Ivoire. Il existe de réelles opportunités pour les cabinets de conseil marocains en Afrique.