L'émergence d'un tissu industriel national fort et compétitif dans le domaine des énergies renouvelables passe par le transfert des technologies, a souligné jeudi, à Marrakech, Sanogo Aly Bale, chercheur au sein de la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Mohammedia. Les politiques publiques sont appelées à favoriser la naissance d'un tissu industriel local dans les énergies renouvelables sans pour autant être dépendant de l'extérieur technologiquement, a-t-il ajouté lors d'un atelier sur "Energies renouvelables, transition énergétique et efficacité énergétique" organisé dans le cadre des 7èmes Journées scientifiques internationales du Forum des Economistes Marocains (Marrakech 19-20 mars). Pour ce chercheur, la Chine et Taiwan se présentent comme un véritable modèle dans ce domaine, avec respectivement 5 et 3 fabricants dans le Top 10 des entreprises mondiales dans le secteur des énergies renouvelables. Pour emboiter le pas à ces pays, le Maroc est appelé d'abord à "appuyer temporairement les entreprises nationales le temps qu'elles deviennent compétitives au niveau du marché local et à l'échelle internationale". Intervenant sous le thème "les transferts de technologie dans les énergies: quelles pistes pour le Maroc ?", Sanogo Aly Bale a recommandé le financement des projets risqués de grande envergure et le financement de la formation et de la recherche-développement, de même qu'il faut procéder à une division technique du travail entre plusieurs entreprises selon la chaine de valeur de production, à favoriser le partenariat public-privé (PPP), la constitution obligatoire de coentreprises en contrepartie d'un accès au marché, à mettre en place un système de certification et licences en contrepartie d'un accès au marché et à créer des pôles de développement technologique à partir du copiage. Selon Sanogo Aly Bale, la diaspora marocaine a un grand rôle à jouer dans le cadre du développement du savoir-faire dans le secteur des énergies renouvelables. La chercheuse au sein de la FSJES de Fès, Assia Zeryouh, a noté de son côté, que le Maroc connait une forte dépendance d'énergie primaire, qui génère des conséquences sur l'équilibre économique et financier du pays suite aux variations des prix des matières premières. En raison de ces causes, le gouvernement marocain s'est orienté vers les énergies renouvelables qui se positionnent dans le cadre d'une économie verte car elles agissent en faveur d'un développement durable, n'engendrent pas ou peu de déchets ou d'émissions polluantes, participent à la lutte contre l'effet de serre et les rejets de CO2 dans l'atmosphère, et facilitent la gestion raisonnée des ressources locales et génèrent des emplois, a-t-elle expliqué. Et de relever que les énergies renouvelables se présentent comme alternatives aux énergies conventionnelles, permettant de s'affranchir de la dépendance en importation et de passer à 42 % de contribution des énergies renouvelables à la production de l'électricité. L'intervenant a passé en revue les opportunités du Maroc en matière d'énergies renouvelables, dont des ressources abondantes, un positionnement au cœur d'un carrefour énergétique, une infrastructure électrique de transit et réseau d'interconnexion avec l'Espagne et l'Algérie très développés, une réglementation locale incitatrice et une capacité à réaliser de grands projets. Elle a toutefois relevé certaines faiblesses dans ce domaine, dont une prédominance des PME-PMI, axées sur la commercialisation et le service, une production de chauffe-eau solaire au Maroc peu développée, un déficit en ressources humaines qualifiées (notamment les ingénieurs) et une absence d'un cadre de subventions financières ou fiscales pour la production. Le plan stratégique de développement des énergies renouvelables constitue un vecteur d'attraction pour les investisseurs dans les domaines des énergies renouvelables, a-t-elle ajouté. La chercheuse tient à rappeler que le Maroc est classé, selon l'indice d'attractivité des pays en énergies renouvelables (établi par le cabinet Ernst&Young), 28-ème pays le plus attractif au niveau mondial dans les énergies renouvelables, le premier dans la région MENA, et le deuxième en Afrique, ajoutant que des groupes internationaux envisagent de développer des projets structurants d'investissement dans le secteur et investir dans des projets solaires au cours des prochaines années. Organisées par la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales relevant de l'université Cadi Ayyad de Marrakech et le Groupe de Recherche en Management et Ingénierie de Développement (GREMID), sous le thème "Economie verte, croissance et développement: Etat des lieux et perspectives", les 7èmes Journées scientifiques internationales du Forum des Economistes Marocains (7JSI du FEM) visent la sensibilisation à l'importance empirique et théorique de l'économie verte, la participation au débat sur l'économie verte ouvert depuis quelques années à l'international, notamment suite à la publication du rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). Elles ont aussi pour objectifs la valorisation des expériences de quelques éco-entreprises existantes et du Green Business et le partage d'expériences entre experts, professionnels chercheurs, économistes, gestionnaires, élus, entrepreneurs, ONGs, étudiants et académiciens dans l'optique d'apporter des analyses nationales et internationales susceptibles de constituer une plateforme de développement de l'économie verte au Maroc. Les participants à cette rencontre débattent d'axes se rapportant à "l'évolution des cadres théoriques et institutionnels de l'économie verte", "l'agriculture biologique, gestion des forêts et économie de la biodiversité", "l'industrie verte et éco-industrie", "les énergies renouvelables, transition énergétique et efficacité énergétique", "l'innovation et développement et diffusion de technologies vertes". Au programme de ces Journées figurent des plénières et des ateliers traitant des "expériences transport vert et villes vertes", "les pratiques entrepreneuriales liées à l'économie verte", "la responsabilité sociétale des entreprises et stratégie de développement durable", "le financement des projets d'économie verte", "l'écotourisme et pratiques RSE dans le secteur touristique", "la gestion durable et valorisation des déchets", "le financement des projets d'économie verte", "l'investissement, croissance et fiscalité verte".