La diaspora burkinabèe au Maroc, à l'instar de leurs compatriotes de l'étranger, ont suivi de près les événements qui ont changé leur pays, le 30 octobre dernier d'autant plus que le royaume entretient de relations fraternelles et amicales avec le pays des hommes intègres. Arouna Sanogo, fruit de la coopération entre le Maroc et le Burkina pour avoir fait tout cursus universitaire ici, et directeur du Cabinet Internale Consulting-Conseil en management aide à l'investissement, nous parle de cette journée mémorable. L'Opinion : Comment avez-vous vécu les événements du 30 octobre dernier survenus dans votre pays, le Burkina Faso ? Arouna Sanogo : Comme tout citoyen attaché à son pays, nous avons suivi avec beaucoup d'attention les évènements qui se sont produits chez nous, le 30 octobre dernier, et nous continuons à suivre l'évolution de la situation. Il faut le reconnaitre que c'est un cas inédit dans la sous région car le Burkina Faso a su relever le défi de passer le cap de cette crise avec un sens élevé de maturité politique. Il n'y a pas eu de conséquences majeures sur la situation socioéconomique et sécuritaire du pays et la cohésion a permis de vivre pacifiquement ce changement. Actuellement, le Burkina expérimente une transition démocratique civile, ce qui est aussi inédit dans la sous région et nous ne doutons pas qu'une fois encore, le peuple burkinabé saura relever le défi. L'Opinion : En tant que Burkinabè opérateur résident au Maroc, qu'attendez-vous des nouvelles autorités de Ouagadougou, bien qu'il s'agisse d'une transition ? Arouna Sanogo : Les objectifs assignés aux nouvelles autorités du pays sont clairs. Il s'agit de préparer les élections générales d'ici une année afin de renouer avec la stabilité politique tout en assumant la gestion régulière des affaires de l'Etat. En la matière, il y a à relever qu'aucun accord, traité ou convention ratifiés par le Burkina n'ont été remis en cause et les évènements qui ont eu lieu n'ont eu aucune conséquence sur les relations diplomatiques entre le Burkina et ses pays amis. De ce fait, la solidité des relations entre le Burkina et le Maroc est encore intacte et devrait par conséquent se raffermir davantage en ces moments où le pays a plus que jamais besoin de la solidarité de ses partenaires. Le Maroc a une expérience crédible en la matière puisqu'il a été au chevet de plusieurs autres pays de la région lorsqu'ils ont connu des périodes d'instabilité politique et je pense que les autorités burkinabées en sont conscientes. Pour la petite histoire, le lieutenant-colonel Zida qui a assuré l'intérim à la tête de l'Etat durant ces derniers jours a été formé, entre autres, au Maroc à l'académie royale de Meknès comme beaucoup d'autres cadres civils et militaires du pays. Nous nous attendons à ce que la même dynamique de coopération entre nos deux pays se renforce davantage tant durant cette phase de transition que par la suite. Les entreprises marocaines sont bien implantées au Burkina. L'Opinion : En Afrique de l'Ouest, plusieurs voix se sont élevées pour saluer la révolution pacifique du pays des hommes intègres. Quel sentiment cela vous fait en tant que Burkinabè ? Arouna Sanogo : C'est naturellement un sentiment de fierté surtout que les exemples ne sont pas légion sur le continent. Il reste à espérer que c'est le début d'une nouvelle phase en Afrique. C'est en effet une véritable leçon qui va faire cas d'école en faisant en sorte que les périodes d'instabilité politique se déroulent pacifiquement. Il est vrai que le risque d'instabilité reste encore assez élevé en Afrique subsaharienne mais grâce à cet épisode burkinabé, les choses sont appelées à changer. Les contrats signés par les sociétés étrangères ainsi que les investisseurs n'ont pas été inquiétés. L'impact socioéconomique a été tempéré et le pays a su éviter les sanctions internationales maintenant ainsi son attractivité. L'Opinion : A propos de votre secteur, quels impacts ce changement peut-il induire à la lumière de la bonne coopération qui existe entre le Maroc et le Burkina ? Arouna Sanogo : Vous savez aujourd'hui il y a des secteurs comme le nôtre qui est celui du renforcement des capacités ou du conseil qui sont indifférents au cycle d'instabilité politique. L'évolution que connait nos pays sur le plan politique et socioéconomique induit des besoins qui sont impossibles à ignorer pour les Etats parce que le capital humain constitue un levier fondamental de développement. Il s'agit de secteur à haut potentiel de croissance tout comme tant d'autres où des opportunités de croissance existent. Autant la dynamique politique et socioéconomique du continent s'améliorera, autant les niches de croissance vont s'élargir. L'Opinion : Quel message avez-vous envers vos compatriotes du Maroc ? Le message est aujourd'hui, comme de tout burkinabé où qu'il se trouve, celui de souhaiter à notre pays de traverser cette période de transition en toute quiétude et de renouer avec un cycle politique normal sans que les fondamentaux socioéconomiques du pays en souffrent. Le pays regorge d'énormes potentialités et les perspectives de croissance sont reluisantes. Il importe de soutenir ce rythme en apportant de quelque manière que ce soit notre contribution à l'atteinte de ces objectifs. Particulièrement pour nous de la diaspora, la responsabilité nous incombe de nous comporter en digne ambassadeurs de notre pays maintenant qu'il se trouve au devant de l'actualité.