Après la Banque mondiale et le FMI, l'ONU confirme les perspectives économiques positives de l'Afrique pour 2014. Les World Economic Situation and Prospects 2014 (WESP) projettent 4% en 2013, 4,7% en 2014 et 5% en 2015. La pression inflationniste demeure modérée. Quelques semaines à peine après le dernier rapport de la Banque mondiale et du FMI sur les perspectives économiques africaines, l'enthousiasme est encore de mise dans les pages des organismes internationaux vis-à-vis de la dynamique économique du continent. En milieu de semaine dernière, à Abuja, au Nigéria, c'était au tour des World Economic Situation and Prospects 2014 (WESP) des Nations Unies de livrer leurs perspectives sur la conjoncture économique africaine. Selon l'institution internationale, la croissance du continent a atteint 4% en 2013, et devrait passer à 4,7% en 2014, et à 5% en 2015. Ces chiffres confirment évidemment les projections des institutions de Bretton Woods, à quelques virgules près. Dans le détail, le WESP indique que cette dynamique s'illustre particulièrement en Afrique de l'Est et de l'Ouest, «grâce à de nouveaux investissements et des découvertes en gisements de pétrole et de minéraux». Par contre, l'instabilité et les incertitudes politiques continuent de plomber le potentiel de croissance des économies en Afrique Centrale et du Nord. «Les pays exportateurs de pétrole et de minéraux sont supposés connaître des trajectoires de croissance positives, mais les pays non exportateurs de pétrole et non dotés de minéraux ont vu croître leurs taux de croissance», commentent les auteurs de l'étude WESP. Défis structurels Le rapport revient également sur d'autres indicateurs macroéconomiques du continent. Il indique ainsi que la pression inflationniste sur les économies africaines reste certes globalement «modérée». Cela n'empêche pas, cependant, qu'elles restent confrontées aux pressions financières. Le déficit budgétaire global du continent est ainsi passé de 1,3% du PIB en 2012 à 1.8% en 2013. Les auteurs du rapport pensent que cette situation souligne «l'importance de la recherche d'autres sources de financement pour le développement». Le rapport s'arrête par ailleurs sur les difficultés des économies du continent à traduire leur dynamique en termes de capacités de création d'emplois. Le chômage demeure en effet très élevé auprès des jeunes, sans parler des grandes discriminations entre sexes sur l'accès aux revenus. Sur le volet des échanges commerciaux, le WESP relève que «les soldes extérieurs de l'Afrique ont été positifs, alimentés par les exportations de produits de base». Ces exportations sont pourtant bien en recul, face à la baisse de la demande en provenance des économies émergentes. Le commerce, de façon plus globale, a également baissé en termes de contribution au Produit intérieur brut (PIB) dans presque toutes les régions du continent, selon les experts du WESP. ...Et la CEA revient sur les acquis Si les perspectives 2014-2015 sont optimistes, c'est sans doute parce que le continent a bâti de solides acquis macroéconomiques sur les dernières années. En 2012, justement, la croissance économique africaine s'est consolidée à 5%. La forte consommation intérieure et la demande d'investissement sont les principales raisons à cette situation. Le continent fonde ses perspectives à court terme sur de bons acquis. La Commission économique pour l'Afrique (CEA) est formelle, à travers son traditionnel rapport annuel sur la situation économique du continent. En effet, concernant 2012, l'institution indique que «la dynamique économique en Afrique s'est consolidée pour atteindre 5%, malgré un ralentissement de l'économie mondiale». Les auteurs du rapport constatent que la production et les exportations de produits de base sont demeurées essentielles pour la croissance sur le continent, sur cette même année. De nombreux pays cherchent pourtant de plus en plus à diversifier leur économie et leurs sources de croissance. En 2012, toujours, «la croissance a été forte aussi bien dans les pays riches en produits de base que dans ceux dépourvus de ressources, même si au sein de ces deux groupes, les exportateurs de pétrole ont enregistré une croissance légèrement plus rapide, sous l'effet de l'augmentation de la production et des prix du pétrole», selon le diagnostic de la CEA. L'organisme précise aussi que la croissance africaine a continué, en 2012, à bénéficier de l'amélioration de la gestion macro-économique et de politiques macroéconomiques prudentes qui ont permis de procéder à des dépenses publiques importantes, notamment dans les infrastructures et les services publics. Consommation et demande Selon l'institution panafricaine, l'augmentation de la consommation intérieure et de la demande d'investissement, favorisée par la hausse des revenus et l'urbanisation, ont représenté plus de la moitié de la croissance dans de nombreux pays africains en 2012. Dans le détail de la structure et des composantes de cette dynamique évolutive du PIB africain en 2012, on se rend compte que la consommation privée a été le principal moteur de croissance en Afrique cette année, talonnée par l'investissement fixe brut et la consommation des administrations publiques. «L'investissement brut en capital fixe et les exportations ont enregistré une forte reprise en Afrique du Nord en 2012, mais la contribution de la formation brute de capital fixe à la croissance du PIB réel, a toutefois baissé dans le reste de l'Afrique à mesure que le solde extérieur diminuait», observent les experts de la CEA. Afrique du Nord En Afrique du Nord, les partenaires traditionnels des économies de la région demeurent importants. De nombreux pays, notamment ceux du Maghreb, ont pu non seulement atténuer l'impact de la récession en Europe mais également diversifier leurs exportations par destination et composition. Cela est notamment dû «au renforcement des relations commerciales et d'investissement avec les économies émergentes», selon les commentaires des économistes de la CEA. Ces derniers pensent d'ailleurs que «ces relations aident également les pays nord-africains à diversifier leurs sources de capitaux et à attirer des investissements directs étrangers (IDE) et une aide publique au développement (APD) vers les secteurs de l'infrastructure et de produits autres que les produits de base». Les tensions politiques s'étant atténuées, les recettes touristiques ont également augmenté en Afrique, ce qui a favorisé la croissance en 2012.