Rabii Berady Directeur général d'ABY Finance, société de courtage immobilier Les ECO : Après avoir été un secteur très porteur, et une valeur sûre, comment devrait évoluer l'immobilier en ce début d'année, que ce soit en termes d'offre ou de demande ? Rabii Berady : Il n'y a pas eu d'éléments majeurs pouvant changer la tendance en ce début d'année 2014, relativement à celle observée durant l'année 2013. L'on a donc toujours une demande assez importante sur le segment du moyen standing, qui ne trouve pas une offre adéquate, vu la cherté du foncier, malgré l'effort de l'Etat pour mettre en place un dispositif incitatif et qui ne séduit pas beaucoup de promoteurs immobiliers. L'on a aussi un important stock dans le haut standing avec en face une demande assez limitée et surtout très exigeante. Enfin, le segment «social» continue de s'essouffler, un essoufflement qui se traduit par le rallongement des délais moyens de vente observé surtout dans quelques grandes villes comme Tanger et Fès. Le secteur immobilier peine décidément à retrouver son rythme de croisière. Qu'est-ce qui explique ces tendances notamment l'essoufflement du segment social ? Les incitations fiscales introduites il y a quelques années pour le logement social ont eu un impact immédiat sur le secteur de l'immobilier et ont boosté les investissements dans ce secteur. À l'époque, on parlait d'un déficit de logement de l'ordre de 1.000.000 d'unités. Aujourd'hui, les dernières statistiques parlent d'un déficit de l'ordre de 600.000 unités et la signature de 707 conventions pour produire plus de 1.000.000 d'unités. Il est donc clair que le marché est en train de se saturer et que le déficit est en train d'être résorbé. Investir dans ce segment devient de plus en plus risqué comparativement au passé. Reste la niche du moyen standing où il aurait été possible de recréer le modèle du social s'il y avait des incitations fiscales car sur ce segment, il existe une réelle demande qui est solvable et surtout «bancable». Toutefois, la mouture actuelle du moyen standing laisse les investisseurs immobiliers perplexes. D'ailleurs, peu sont ceux qui ont signé des conventions avec l'Etat. Le secteur est en crise et n'est pas près de se reprendre. Quels en seront les impacts sur l'évolution des prix dans les différents segments ? A priori, c'est la loi du marché qui prime ou la théorie de l'équilibre entre l'offre et la demande. Pour le segment du social, les prix sont réglementés. Les promoteurs peuvent toujours baisser le prix ou augmenter les qualités des prestations, mais les marges de manœuvres sont très limitées car il y a un élément de taille qui conditionne tout l'investissement, c'est le prix du foncier. À ce titre, je souhaite rappeler qu'en l'absence de nouvelles zones aménagées avec les infrastructures nécessaires permettant un cadre de vie agréable, la pression sur le foncier existant ne baissera jamais et donc il est, à mon sens, difficile de parler de baisse de prix dans l'immobilier. Quelle sera alors, à votre avis, la tendance des prix en 2014 ? Les prix resteront stables, à l'instar de ce qui a été observé durant l'année 2013.Dans ce cas, existe-t-il encore des opportunités pour les investisseurs immobiliers en 2014 ? Selon les dernières statistiques dont je dispose, 70% de la population marocaine est propriétaire de son logement. Je pense qu'il est temps pour le segment du locatif d'émerger en tant que solution alternative et mode de vie. Plusieurs textes de loi ont été votés pour lancer ce segment de l'immobilier, il reste donc aux investisseurs immobiliers en partenariat avec l'Etat et les banques à trouver les mécanismes (de financement, de subventions) adéquats pour rendre ce segment attractif et séduire les acquéreurs-investisseurs. Je pense qu'à ce moment-là, il y aurait de belles opportunités à saisir.