Ali Tazi Administrateur directeur général du groupe Dislog, spécialisé dans la distribution des produits de grande consommation. Les ECO : Le fonds Capital North Africa Venture II vient de prendre une participation de 33% dans le capital de Dislog. Pourquoi ? Ali Tazi : L'ouverture du capital n'est pas une chose nouvelle dans l'histoire de la société. En 2007, nous avons éprouvé le besoin d'ouvrir le capital et nous l'avons fait au profit de Capital Invest à travers (CNAVI). Nous l'avions fait pour assurer notre développement, grâce au rachat de Comunivers, une société de distribution qui appartenait à Procter & Gamble, notre principal partenaire. Ce dernier avait décidé d'externaliser sa distribution auprès des grossistes et détaillants pour ne garder que la partie moderne en direct. Puis en 2011, CNAVI est sorti du capital de Dislog. Aujourd'hui, l'objectif est d'accompagner notre vision 2012-2020, notamment notre développement à l'international. Le marché marocain commence à saturer en termes de distribution. Il va donc falloir se développer à l'extérieur. Nous considérons que nous faisons bien notre travail au Maroc et que nous pouvons le dupliquer ailleurs. Le développement à l'international est également encouragé par nos partenaires. Comment s'est opérée la sortie de CNAV I en 2011 ? Nous étions initialement dans une logique de sortie en Bourse, mais il n'était pas opportun de la faire cette année là. Les actionnaires de Dislog ont agréé avec Capital Invest de racheter les parts de CNAV I, avec une clause de réouverture du capital à son profit en cas de besoin. C'est ce qui s'est produit en janvier 2014. Après une année de négociation, nous avons donc ouvert une nouvelle fois notre capital à CNAVII. En réalité nous étions prêts à ouvrir notre capital à d'autres fonds, même, étrangers. Nous avons fait des road shows au Moyen-Orient et en Europe. Quelle est votre politique d'expansion à l'international ? Nous souhaitons nous développer en Afrique, en commençant par la Mauritanie, à travers la création d'une structure avec un partenaire local. Celle-ci sera appelée Communivers Mauritanie et va s'occuper un premier temps de la distribution des produits P&G. Il y a également les Conserves de Meknès qui nous ont autorisés à distribuer leurs produits sur place. Nous avons également l'objectif de nous développer sur d'autres pays subsahariens. En réalité, nous avons entamé notre expansion à l'international, il y a déjà un an, avec notre succursale Communivers UAE. Celle-ci nous permet d'attaquer le marché de l'Afrique de l'Est : Kenya, Somalie, Ethiopie depuis Dubaï. Notre filiale Communivers Mauritanie représente également une plateforme pour le développement dans les marchés du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ce sont des marchés qui n'ont pas de port d'accès et pour lesquels la Mauritanie et le Sénégal jouent ce rôle. L'ouverture a-t-elle pour seul objectif d'accélérer votre internationalisation ? L'opération nous a également permis de récupérer une plateforme logistique opérationnelle. L'entrée de CNAV II a été monnayée par la cession à Dislog d'une structure qui s'appelle Building Logistics. En réalité, Dislog signifie «Distribution et Logistique». Après la distribution, nous voulons nous attaquer à la logistique. Grâce à cette structure basée dans la zone industrielle de Bouskoura, nous avons pu augmenter de 10.000 m2 (soit de 50%) notre espace de stockage. Building Logistics c'est aussi 3.000 m2 de bureau aménageables d'une manière modulable, que nous proposons à n'importe qui voudrait créer une startup. Au total, le groupe dispose aujourd'hui de près 35.000 m2 d'espaces de stockages couverts. Il s'agit de 22 plateformes qui couvrent tout le territoire. Quant à la flotte, elle comprend 350 véhicules tous formats confondus. Nous avons toujours la possibilité de développer davantage d'espaces de stockage, car la structure que nous avons récupérée détient 1,5ha de foncier mitoyen. D'ici la fin de l'année, nous aurons utilisé tout l'espace disponible. Dès lors, nous aurons besoin d'investir dans à peu près 15.000 m2 supplémentaires. Quels sont vos objectifs en termes de CA ? Dans le domaine de la distribution, nous sommes leaders. Le développement de nouveaux métiers et le développement à l'étranger nécessitent une approche très pragmatique. Nous allons procéder par étapes, à commencer par la Mauritanie. Le plus gros challenge sera de trouver les ressources humaines compétentes. Aujourd'hui nous avons autour de 1 MMDH de chiffre d'affaires. Notre objectif est d'atteindre, en 2016, les 2 MMDH et nous ciblons 3 MMDH en 2020. Comment comptez-vous libérer du cash ? Nous avons d'excellentes relations avec les banques, car nous faisons en sorte de partager de manière systématique toutes les informations qui nous concernent. Toutefois, nous ne pouvons pas nous baser uniquement sur les emprunts externes. À chaque étape de notre développement, nous recapitalisons. Au niveau de Dislog, nous sommes à 50 MDH de Capital. Notre bilan est aujourd'hui équilibré. Sachez qu'il y a une deuxième ouverture de capital qui est en cours. Cette dernière devrait nous permettre d'accélérer notre croissance interne. 10% au plus seront donc cédés à un autre Fonds d'investissement marocain. Nous avons toujours pris comme décision de ne nous ouvrir qu'à des institutionnels en préparation à une éventuelle introduction en Bourse en 2017. Cette dernière nous permettra de poursuivre notre développement.