Mouhammed Mariane Gérant Actions chez Marogest, Société de gestion Les ECO : Le baromètre de la place casablancaise enregistre une timide hausse de +0,24% à 9.494,79 pts au mois de mai. Quels en sont les raisons ? Mouhammed Mariane : Nul doute que le semblant de redressement du marché boursier en ce mois de mai est porté par le seul élargissement survenu au courant de ce mois et ayant pris effet le 2 juin, de la représentativité du Maroc dans le panier des valeurs MSCI Frontier Markets. Cet élargissement, tenant au reclassement des UAE et du Qatar vers le MSCI Emerging Markets et aboutissant à une dilution de l'indice MSCI Morocco, ayant vu sa pondération passée de 4,6% à 6,53%, a enclenché, particulièrement à la toute dernière semaine du mois, une demande tant locale qu'étrangère sur les neuf valeurs marocaines figurant dans ce panier. Qu'en est-il de l'Offre publique de vente de Lesieur ? A-t-elle eu un impact sur l'évolution du Masi en mai ? L'ensemble des opérateurs du marché a vu en l'élargissement du flottant de Lesieur Cristal en Bourse une occasion inespérée pour se procurer une valeur de fond de portefeuille, qui n'a plus rien à démontrer en matière de stabilité, de croissance, et de rétribution de l'actionnaire, le tout à des conditions bien avantageuses, mention spéciale faite à la décote considérable retenue dans cette OPV «-31,3% pour le type d'ordre I, et -24,9% pour le type d'ordre II». S'agissant de l'impact de cette opération sur le marché, il est pour l'instant plus psychologique qu'autre chose, vu que les actions allouées dans le cadre de cette OPV ne seront librement échangeables qu'à partir de ce lundi 09 juin. Quel a été le comportement de la valeur Lesieur Cristal suite à l'OPV ? Comment devrait-elle évoluer en juin, selon vous ? Vu l'étroitesse du flottant de Lesieur Cristal en Bourse, la valeur n'a pas fait l'objet d'échanges exceptionnellement élevés en mai. Son cours a en revanche été plus volatil que normal, la valeur a dû essuyer une perte mensuelle de plus de 3% à 105,5 DH et est même allée tester le niveau de 100,5 DH en milieu de période. Cette correction provient de l'écart important existant entre le prix de l'action en Bourse et celui arrêté dans le cadre de l'OPV. Bien entendu, la faible pondération du titre dans le Masi, qui est de l'ordre de 0,45%, a fait que le marché a été peu ou prou insensible à ses fluctuations. S'agissant de l'évolution future du titre en Bourse, en remontant aux dernières opérations sur capital en date, on peut s'attendre, dès les premières séances de cotations, à l'émergence d'ordres de ventes formulés par certains spéculateurs, qui voudraient réaliser des gains rapides, en profitant du gap existant entre le prix de l'OPV, et celui en vigueur sur le marché. Le titre de la valeur ne fléchirait pas facilement pour autant. Si Lesieur traitait par le passé à des niveaux avoisinant les 100 DH, c'est parce que son cours intégrait une décote d'illiquidité. Maintenant qu'elle triple son flottant en Bourse, cette décote n'a plus lieu d'être, le titre doit en toute logique franchir un nouveau palier à la hausse et traiter désormais à des niveaux proches de son prix de valorisation. Par ailleurs, l'engouement des institutionnels qui ont été faiblement servis lors de l'OPV «taux d'attribution avoisinant 9%», laisserait penser que la demande substantielle subsistant encore, éviterait au titre de piquer du nez en cas surabondance de l'offre. Quelle sera l'évolution du Masi en juin, sachant que la période estivale est historiquement marquée par une faiblesse des volumes ? La dégringolade du marché observée pendant cette première semaine du mois de juin, avec un Masi qui a cédé 1,65% de sa valeur et un Madex qui a lâché 1,74%, en disent long sur l'orientation défavorable qui sera le mot d'ordre en ce mois de juin. Même les opérations d'allers-retours qui survenaient en fin de semestre et qui permettaient de redresser plus ou moins la barre, n'auraient vraisemblablement pas lieu d'être cette année. À supposer qu'ils adviennent, leur effet sur le marché serait neutre, étant donné que les principales valeurs concernées par ces opérations se sont plutôt bien comportées depuis le début de l'année. Est-il intéressant d'investir sur le marché actions en ce mois de juin ? Même en étant baissier, le marché boursier abrite encore des valeurs anticycliques, insensibles à la baisse actuelle qui le traverse. Ces valeurs sont constamment scrutées par les investisseurs qui les collectent au compte-goutte et sont souvent à dénicher dans le panier des petites ou moyennes capitalisations. Il serait alors intéressant d'investir dans ces valeurs pendant cette période creuse. D'un autre côté, la baisse des taux obligataires pourrait faire basculer une partie des flux en circulation en direction du marché des actions, entraînant in fine le marché boursier à la hausse. Il y a donc là autant d'arguments pour ne pas écarter l'œil sur les opportunités qui s'offrent sur le marché des actions, en dépit de ses actuels déboires.