Mouhammed Mariane Directeur de Marogest, société de gestion Les ECO : Quels éléments ont été favorables au développement de la Bourse de Casablanca depuis le début de l'année ? Mouhammed mariane : Nombreux sont les éléments qui ont plaidé pour un redressement du marché boursier en 2014. Les premiers ont donné le ton avant même le commencement de l'année. Très exactement à la suite de l'annonce du reclassement du Maroc dans le MSCI Frontier Markets. Un reclassement qui promettait de donner une meilleure visibilité à un marché financier marocain longtemps relégué au second rang et qui aujourd'hui sera représenté par 8 valeurs pour un poids significatif de 4,7%. À cela s'ajoute la publication par les sociétés de la cote de résultats plus qu'honorables au premier semestre 2013. Ce facteur a permis, pour sa part, d'apaiser les craintes d'une grande classe d'investisseurs préoccupés par la capacité des entreprises de la cote à amortir l'onde de choc de la crise, qui sévissait partout ailleurs dans le monde et les a ainsi incités à se repositionner sur le marché des actions. D'autres facteurs ont plaidé indirectement en faveur du développement du marché des actions cette année, notamment, la baisse des taux d'intérêt, due à la réduction du déficit budgétaire, qui a généré de nouveaux arbitrages en faveur des actions. Ceci dit, côté dynamisme, aucune amélioration n'a été réalisée. Bien au contraire, les flux échangés semblent poursuivre leur inlassable retrait et ceci tant sur le marché des blocs que sur le marché central, remettant ainsi sur le tapis l'urgence de l'adoption de réformes destinées à sortir le marché de sa léthargie. Par ailleurs, l'accent a été mis sur l'intégration de produits financiers qui viendront étoffer l'offre du marché, limitée aujourd'hui au cash. On se rend compte que l'évolution de la Bourse dépend d'éléments conjoncturels. Dans ce sens, quels événements pourraient marquer le parcours de celle-ci d'ici la fin de l'année ? D'ici la fin de l'année, on s'attend à ce que la hausse du budget étatique alloué à l'investissement et le raffermissement de la consommation des ménages, génèrent davantage de retombées positives sur les sociétés de la cote. Aussi, la sortie de crise qui se profile en Europe devrait engendrer une amélioration ostentatoire de la demande extérieure adressée au Maroc et bénéficier en premier lieu aux entreprises exportatrices. D'autre part, il est attendu l'introduction en Bourse de Marsa Maroc. Les préparatifs pour cette opération ont, semble-t-il, atteint la dernière ligne droite. D'ici peu de temps, un mastodonte fera alors son entrée en cotation. Bien entendu, si les conditions fixées pour cette IPO arrivent à séduire les investisseurs, ces derniers répondront présents augmentant ainsi les chances de réussite de l'opération et ouvriront par la même occasion la voie à d'autres sociétés qui sont tentées par l'expérience de la cote, mais qui n'osaient pas franchir le pas sous prétexte que le cycle boursier actuel n'est pas propice. Qu'en est-il des résultats semestriels ? À quoi s'attendent les professionnels ? Les résultats semestriels attendus par les intervenants du marché courant ce mois de septembre serviront de repères dans l'élaboration des nouvelles stratégies de placement et conditionneront indubitablement le comportement avenir du marché. À en juger par l'accumulation de titres sur le marché depuis fin août, on pourrait d'emblée avancer que les investisseurs tablent sur une amélioration des résultats semestriels des sociétés de la cote. Toutefois, le raffermissement macro-économique qui prend progressivement place impactera à des degrés différents ces valeurs, chacune selon les conditions sectorielles qui lui sont propres. À titre d'exemple, les minières profiteront de l'augmentation de leur capacité de production, la Samir de l'augmentation de la production du raffinage du pétrole à fin juin 2014, Risma de la montée des recettes de voyages et de la hausse des nuitées réalisées dans les établissements touristiques classés. Par contre, les cimentières accuseront le coup du retrait de la consommation des matériaux de construction. Enfin, bon nombre de valeurs de la cote tireront avantage de l'instauration de mesures anti-dumping en leur faveur «Sonasid, Med Paper, SNEP, etc». Est-il tôt pour parler d'une reprise de la Bourse ? La cote casablancaise réunit aujourd'hui de multiples avantages comparatifs qui sont de nature à augmenter son attractivité et à la remettre sur les rails. On cite tout particulièrement le niveau de rentabilité accru de ses capitaux propres (ROE) et le rendement élevé de ses dividendes (D/Y). Ceci dit, la place souffre d'handicaps structurels majeurs l'empêchant en toute circonstance de tourner efficacement. Il s'agit particulièrement de son étroitesse et de la faiblesse de son facteur flottant. Des efforts doivent alors être fournis dans ce sens pour élargir la base de ses intervenants et compléter de fait ses préalables pour l'entame d'une reprise plus solide.