Un remède miracle pour pallier le mal du recouvrement en temps de crise ? Non, il n'y en a pas. Les experts sont clairs, loin de délivrer une recette miracle à ce handicap qui plombe l'activité des entreprises et plus particulièrement les petites et moyennes entreprises, ces derniers prodiguent quelques conseils de «gestion» des aléas que provoque cette situation complexe. À l'occasion d'un événement organisé cette semaine par le magazine Stratégie et management, en partenariat avec la société Inforisk et Coface, les experts en matière d'assurance, d'analyse des risques ainsi que les organismes financiers ont décortiqué la problématique des délais de paiement en adoptant une approche innovante. En effet, il n'était pas question cette fois-ci de discuter des avancées de la loi sur les délais de paiement mais d'apprendre à gérer une situation à la fois persistante et handicapante pour la trésorerie des entreprises. «Aujourd'hui les entreprises ne peuvent pas compter sur d'éventuelles solutions miracles. Le Maroc est équipé juridiquement pour gérer les litiges des délais de paiement. Le problème réside dans la gestion d'impayés en période de crise», explique Jean-Christophe Batlle, directeur adjoint de la région Méditerranée et Afrique à Coface. Le mot d'ordre est donc l'organisation. Un exercice d'anticipation Si le débat a jusque-là tourné autour de l'arsenal législatif et juridique, cette nouvelle approche du débat vient souligner un aspect évident qui n'est pas souvent envisagé, à savoir celui de l'organisation interne de l'entreprise, pour faire face à un fléau comme celui des impayés. «Il incombe à l'entreprise de s'organiser pour anticiper au mieux la problématique des délais de paiement, à titre d'exemple, les entreprise opérant dans le secteur de l'industrie prennent des mesures pour anticiper les risques, notamment en ce qui concerne l'entreposage des marchandises», poursuit Jean-Christophe Batlle. Dans cette logique, l'idée aujourd'hui est d'ajouter à la démarche de «lutte» contre les délais de paiement trop longs, pour une nouvelle démarche de «gestion de la situation», la mise en place de mesures visant à réduire les risques auxquels l'entreprise peut être confrontée, notamment en termes de délais de paiement. Selon les experts, les créances ont besoin de ces mesures préventives pour aider à réduire le risque. Ceci suppose une adaptation de l'organisation interne de l'entreprise en générant une culture d'anticipation du risque. C'est donc «un changement structurel» qui doit être opéré pour pouvoir générer une vraie culture de la gestion des actifs. Dans cette logique de travail à réaliser en interne, les entreprises sont exposées aux problématiques de contractualisation. Ce volet contractualisation est en effet à l'origine de nombreux litiges. En l'absence d'une démarche d'anticipation dans le processus de gestion des factures, de documentation et d'assurance de recevabilité des créances, l'entreprise s'expose à des risques. Plus concrètement, il en va de la responsabilité de l'entreprise qui doit s'assurer du fait que toutes les décisions sont prises en interne pour que les processus de gestion de facturation et des données contractuelles soit assurés. Plus encore, l'entreprise peut faire en sorte d'ajuster les modalités de règlement et de garantie. C'est dans ce sens qu'intervient la nécessité de la «modélisation du poste client». Ce travail permet à terme à l'entreprise de prendre la responsabilité de travailler ou non avec un client donné. L'entreprise peut aussi modéliser le fait de travailler ou non avec ce client, en ayant une idée claire sur l'impact que cela peut avoir sur l'activité des entreprises.