Noël Albertus Directeur général de PwC Advisory Maghreb et Afrique francophone Les ECO : PwC Advisory vient d'obtenir le statut CFC. Pourquoi souhaitez-vous vous installer à CFC ? Noël Albertus : PwC Advisory couvre aujourd'hui l'ensemble du marché du Maghreb : Maroc, Algérie et Tunisie, ainsi que 23 pays d'Afrique subsaharienne francophone. Cela fait au total 26 pays, ceci sans compter les pays couverts par notre réseau international en Afrique anglophone et lusophone. Nous avons donc des bureaux un peu partout en Afrique, mais nous avons décidé de faire à Casablanca un hub, qui sera à la fois un centre d'excellence, d'expertise et de formation. Ce centre aura un rôle de support de nos équipes locales dans le développement de notre activité de conseil. PwC va investir dans son activité de conseil sur les 5 prochaines années 200 millions de dollars pour l'ensemble de l'Afrique, dont 70 millions pour l'Afrique francophone. Parmi les investissements, on parle essentiellement de recrutement de nouvelles compétences afin de pouvoir accompagner nos clients internationaux, mais également africains dans leur développement en Afrique. Pourquoi souhaitez-vous le faire à partir de Casablanca et non de Paris ou de Londres ? Certes nous ferons toujours appel à des expertises pointues en France ou ailleurs, mais nous considérons que les modèles économiques occidentaux ne sont pas toujours adaptés aux marchés africains. Il y a donc une spécificité africaine qui demande de développer des compétences de conseil spécifiques pour l'Afrique, d'où l'idée de le faire depuis Casablanca dans un premier temps. Nous souhaitons le faire ultérieurement sur certains centres importants comme Abidjan pour l'Afrique de l'Ouest et le Cameroun pour l'Afrique centrale. Nous envisageons également dans des délais assez courts d'investir en République démocratique du Congo. Pourquoi avoir fait de CFC le point de départ ? Il y a à la fois des raisons macroéconomiques et microéconomiques. S'agissant des raisons macroéconomiques, la position géographique du Maroc, sa stabilité économique et politique et son hub aérien, facilitent le développement et le business depuis Casablanca. Les principales raisons microéconomiques sont le dynamisme des entreprises marocaines, notamment dans le secteur financier, en Afrique. Aujourd'hui, ces entreprises nous demandent de les accompagner dans leur développement en dehors des frontières du Maroc. De plus, CFC a mis en place un cadre juridique et fiscal qui facilite ce développement sur l'Afrique. On a tendance à oublier tous les avantages liés à l'immigration qui permettent à des collaborateurs de toutes nationalités de venir plus facilement à Casablanca pour travailler, il est plus facile d'avoir un visa ou un permis de travailler. Pour nous, il s'agit d'une grande avancée. Aussi, l'écosystème qu'a créé le CFC est intéressant pour nous, puisque toutes les entreprises qui ont btenu le statut CFC ont un plan de développement panafricain, comme nous. Quel regard portez-vous sur le projet CFC ? De nombreuses études présentent CFC comme étant la place financière la plus attractive en Afrique. De nombreuses entreprises marocaines et étrangères ont aujourd'hui le statut CFC, dont la dernière est Africa 50. Comme je vous l'ai déjà expliqué, l'écosystème et l'environnement créés par CFC sont très intéressants. En outre, il est plus facile d'y recruter les compétences nécessaires pour notre développement. Pour obtenir le statut CFC, il faut démontrer que l'on a un plan de développement sur le continent africain et aujourd'hui l'Afrique est l'une des régions au plus fort développement. Sur les dix dernières années, les taux de croissance en Afrique se situent entre 7 et 10% par an. L'Asie et les BRIC continuent à se développer, mais à des niveaux moindres. Lorsqu'on parle aujourd'hui des marchés émergents, on pense d'abord à l'Afrique. Pour PwC au niveau mondial, développer nos activités de conseil dans les pays émergents et en particulier en Afrique est l'une des priorités stratégiques. D'ailleurs, la plupart de nos grands clients internationaux et africains considèrent que l'investissement en Afrique est devenu une priorité stratégique. Quels sont les marchés africains les plus importants pour PwC Advisory ? Le Maroc est un pays très important. L'Algérie et la Tunisie sont aussi des pays à fort développement. Tout comme la Côte d'Ivoire qui rayonne en Afrique de l'Ouest, le Cameroun en Afrique centrale. La RDC a également un énorme potentiel. Dans les pays anglophones, je pense au Nigeria, au Kenya et à l'Afrique du Sud. Avec PwC Advisory, nous comptons doubler nos effectifs dans l'activité conseil dans les 5 prochaines années. Notre stratégie consiste à accompagner nos clients dans leur réflexion stratégique, mais on ne s'arrête pas à la définition de la stratégie, on va jusqu'à sa mise en œuvre. Ainsi, nous avons renforcé le haut de la pyramide de notre activité de conseil avec l'acquisition récente du cabinet Booz & Company, qui est devenu Strategy&. Nous travaillons avec le secteur privé et le secteur public. Notre stratégie consiste à avoir une approche sectorielle. Parmi les secteurs visés, je peux citer le secteur financier (banques et assurances), les télécommunications, l'énergie, dont le pétrole et le gaz, le secteur public et les infrastructures et puis l'industrie en général. Pour chacune de ces industries, nous avons un associé responsable.