Youssef Tagmouti Président de la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (FENELEC) Le président de la FENELEC explique les retombées de la misssion «Action Lumière». Il évoque également les prochaines actions de la Fédération à destination des pays non francophones. Les ECO : Quel bilan faites-vous de la mission «Action Lumière» ? Youssef Tagmouti : Nous avons commencé par Ouagadougou où plusieurs contrats de partenariat ont été signés, et où plusieurs commandes fermes ont été enregistrées. Des négociations sont en cours afin de concrétiser un flux d'affaires sur les prochains mois. Pour ce qui est de Libreville, il s'agit là d'une plateforme difficile, nous avons eu beaucoup de mal à y concrétiser des opportunités. Il s'avère qu'après deux jours de travail acharné, nous avons réussi à engranger un flux d'affaires qui s'est situé au-dessus de nos estimations, et surtout de notre perception du marché. Enfin, Brazzaville était aussi réputée difficile. Cependant, grâce au professionnalisme des membres de la FENELEC, il s'est avéré que le Maroc a une position de choix au niveau du Congo-Brazzaville. Retenons que cette mission est profitable aux entreprises. Elle a démontré que le savoir-faire marocain est réel, à travers le Programme d'électrification rurale global (PERG). Quel est le pays offrant le plus d'opportunités aux entreprises marocaines ? Le Burkina Faso est un pays mature pour les produits marocains, nous y avons mené plusieurs actions (B to B, B to G, etc). Beaucoup de rencontres bilatérales ont été menées durant les dernières années, donc on peut dire que le Burkina est un pays «facile». Concernant le Gabon et le Congo-Brazzaville, nous les avons un peu moins «travaillés», vu les distances et l'étroitesse du marché. Cependant, nous avons constaté que le potentiel de développement de ces deux pays est très important. À partir de janvier 2015, une stratégie pour la zone CEMAC sera adoptée afin de combler ce déficit au niveau de la communication, du marketing et surtout de la présence de la prospection, sur ces deux plateformes en l'occurrence. Les demandes des opérateurs des pays visités sont-elles identiques ? Les demandes sont toujours les mêmes : des rencontres de qualité, une vision claire du pays, une vision des différentes stratégies énergétiques. Tous cela démontre que nos opérateurs sont matures et savent comment aborder un marché nouveau à travers les indicateurs macroéconomiques et microéconomiques. Les membres de la FENELEC ont toutes les clés de répartition pour entamer des prospections sur n'importe quelle plateforme. Quels sont les autres marchés africains qui vous paraissent les plus porteurs ? Aujourd'hui, nous avons trois marchés d'Afrique subsaharienne qu'il faut classer différemment : il y a d'abord l'Afrique de l'Ouest, c'est-à-dire la zone UEMOA, puis l'Afrique centrale, dite CEMAC. Nous avons aussi les pays hispanophones et les pays lusophones. Pour le moment, les pays anglophones ne constituent pas notre préoccupation. Nous voulons d'abord entériner un savoir-faire au niveau des pays lusophones, notamment au Mozambique et surtout en Angola. La Guinée équatoriale est notre principale orientation dans les pays hispanophones d'Afrique. Cela dit, il ne faut pas oublier que les pays francophones sont des pays stratégiques, et qu'ils restent notre priorité. Les pays qui nous paraissent les plus intéressants pour les prochaines missions sont le Cameroun, la RDC, ainsi que la Côte d'Ivoire. Notre objectif est d'aller autant que faire se peut dans une plateforme, jusqu'à obtention d'une part de marché importante, comme c'est le cas au Sénégal. Quelle est votre stratégie face à la concurrence étrangère dans ces pays ? Aujourd'hui, le produit marocain est un produit extrêmement compétitif. Il répond aux normes et aux références européennes, avec un prix beaucoup plus compétitif que celui du marché européen. Cela dit, il faut comparer ce qui est comparable. À qualité égale, le Maroc est extrêmement compétitif, même lorsqu'on le compare aux pays d'Asie du Sud-Est. Le positionnement géostratégique du royaume lui permet d'avoir un coût logistique extrêmement intéressant, le coût de la main-d'œuvre est également bon marché, et il peut faire valoir une technicité acquise tout au long des dernières décennies. Cela donne au produit marocain une position de challenger face à d'anciennes marques européennes. Quelles sont les difficultés rencontrées en Afrique ? La réelle difficulté est celle de l'information. L'information reste -ou devient- l'outil ultime d'un manager. Dans certains pays, l'information est la clé de la réussite. L'autre difficulté est liée au coût logistique des prospections. Le fret et le transport aérien sont extrêmement chers et n'encouragent pas les entreprises marocaines à prospecter davantage. Si nous prenons l'ensemble des frais liés au transport, à l'hôtel, etc., le retour sur investissement devient difficile sur le court terme. En un mot, la cherté du billet d'avion constitue un handicap majeur au développement du produit marocain.