La Banque centrale vient de publier les indicateurs monétaires pour le mois de novembre. La décélération des crédits bancaires est un motif expliquant la réduction du taux directeur. La décision de Bank Al-Maghrib (BAM) d'abaisser, deux fois de suite et en l'espace de trois mois, son taux directeur à un niveau historique de 2,5% trouve sa justification dans le repli du crédit bancaire. C'est en substance ce qui ressort des dernières statistiques monétaires concernant novembre dernier et qui viennent d'être mises à jour par la Banque centrale. Selon les chiffres, le crédit bancaire a encore enregistré un repli au cours du mois de novembre, en raison principalement de la baisse des prêts aux sociétés non financières privées. Les facilités de trésorerie pour ces sociétés ont reculé de 2,6%. Parallèlement, les concours alloués aux ménages ont, en revanche, enregistré une hausse de 0,5%, reflétant essentiellement la progression de 0,8% des prêts à l'habitat. Par ailleurs, selon les comptes de BAM, en glissement mensuel, le rythme de progression du crédit bancaire est revenu de 4,6% à 4,3% à la même période, ce qui traduit le fait que la première baisse du taux directeur de quelques points en septembre dernier n'a pas induit l'effet attendu sur le comportement du crédit bancaire. C'est aussi ce qui justifie la dernière baisse, également consentie par la Banque centrale lors de la dernière réunion de son conseil il y a quelques jours. Décélération dans toutes les catégories Toujours selon les indicateurs de Bank Al-Maghrib, la décélération a concerné presque toutes les catégories. Le taux d'accroissement des crédits à l'équipement est ainsi revenu de 6,8% à 5,1%, et celui des prêts immobiliers de 2,6% à 2,4%, suite à l'accentuation de la baisse des crédits à la promotion immobilière de 4,2% à 5,7%. Les prêts à l'habitat se sont maintenus quasiment au même rythme qu'un mois auparavant, soit 5,3%. Pour leur part, les facilités de trésorerie et les crédits à la consommation ont accusé une légère décélération de 0,8% à 0,6%, et de 9% à 8,8% respectivement. D'après le même document, les créances en souffrance se sont accrues de 25,9% au lieu de 22,3% en octobre, en liaison principalement avec la progression de 27%, après 19,8% des impayés des sociétés non financières privées. BAM a également établi que, par secteur institutionnel, «l'évolution du crédit bancaire traduit essentiellement la décélération du rythme de progression des concours alloués aux autres sociétés financières de 4% à 1,7%, et, dans une moindre mesure, le ralentissement des prêts destinés aux sociétés non financières privées de 3% à 2,8% et ceux aux ménages de 7% à 6,8%. À l'inverse, relève le document, les crédits accordés aux sociétés non financières publiques se sont accrus de 7,8% après 5,9% un mois auparavant. Il faut dire que dès le départ, les analystes s'attendaient à voir BAM abaisser encore une fois son taux. Avec cette nouvelle donne, il est fort à parier que l'effort consenti par la Banque centrale sera appuyé par de nouvelles mesures. C'est d'ailleurs pour cette raison que le gouverneur de l'institution, Abdellatif Jouahri, est désormais déterminé à mobiliser les établissements bancaires pour prendre le relais et desserrer un peu les vannes afin d'accompagner la relance économique, le véritable enjeu de l'actuelle politique de la BAM.