Ahmed Benlafkih Directeur du réseau de Casablanca en charge du marché détail et MDM à la Banque Populaire Bank Al-Maghrib a annoncé la rémunération qui sera servie aux détenteurs des comptes sur carnets en ce premier semestre. Cette dernière s'élève à 2,43% contre 3,62% à la même période de l'année dernière. Il s'agit là d'une baisse de plus de 100 points de base. Les ECO : Quel impact devrait avoir cette baisse sur l'attrait de ces produits proposés par les banques ? Ahmed Benlafkih : Le compte sur carnet est considéré par la majorité de ses utilisateurs, en premier lieu, comme un produit d'épargne à différencier d'un produit de placement qui est recherché pour le rendement qu'il présente. De ce fait, le client a besoin d'un produit qui lui permet de mettre de l'argent de côté qui ne devrait pas être mélangé avec l'argent qu'il utilise au quotidien. Le rendement proposé est «la cerise sur le gâteau». Certes, certains clients vont certainement ressentir la différence du rendement mais je ne pense pas qu'ils soient amenés à fermer leurs comptes. Il s'agit bien évidemment d'un taux minima fixé par la Banque centrale. Dans ce sens, les banques devront-elles afficher des taux plus intéressants pour capter de l'épargne ? Même s'il s'agit de taux minima, toutes les banques se limitent à ce seuil. En effet, ce produit reste très avantageux puisqu'il offre simultanément la liquidité et le rendement. Par ailleurs, de la même manière que ce taux a connu cette baisse, les taux appliqués aux crédits ont vu leur taux de référence fixé par la Banque centrale, baisser fortement durant le 4e trimestre et au début de l'année 2015. Il est donc logique que les banques appliquent le taux minima fixé par Bank Al-Maghrib pour le compte sur carnet. Quels sont aujourd'hui les placements concurrents des comptes sur carnets ? La concurrence par rapport au compte sur carnet est très faible, si l'on veut se limiter aux besoins auxquels répond ce produit. En effet, il n'y a pas de produit qui permet de bénéficier aussi bien de la liquidité que d'un rendement aussi faible qu'il soit. Les autres produits d'épargne comme les comptes à termes (les DAT) ou les bons de caisse sont positionnés comme des produits de placement. En tant que tels, ils axent leurs avantages sur le rendement. Les valeurs mobilières (Actions, obligations et OPCVM), quant à elles, permettent la liquidité mais ne s'engagent pas sur un rendement contractuel. On peut dès lors affirmer que le compte sur carnet, même s'il présente l'inconvénient d'un plafond maximum arrêté à 400.000DH, reste un produit unique. Quelles sont donc les perspectives de développement du compte sur carnet au Maroc ? Le compte sur carnet a de beaux jours devant lui au Maroc. Ce produit bénéficie de plusieurs avantages en plus de celui déjà évoqué, à savoir le rendement doublé de la liquidité. Il s'agit d'un produit accessible à toutes les franges de la société puisque l'on peut le contracter à partir d'une épargne de 100 DH, sans être contraint de payer une commission à l'ouverture ou à l'utilisation. Il permet également un suivi facile et continu puisque toutes les opérations sont transcrites sur un livret que le client garde. Mieux encore, depuis une dizaine d'années, les banques lui ont adossé une carte de retrait, rendant son utilisation plus facile et l'accès à l'argent continu 24h/24 et 7j/7. Le compte sur carnet n'est plus uniquement perçu comme un produit d'épargne mais peut remplacer même le compte chèques.