Mouna Rmiki a décidé de quitter son confort parisien il y a 3 ans pour se consacrer au cinéma et au théâtre à New York. Avec succès... Mouna Rmiki Actrice Quand on connaît Mouna Rmiki, rien dans son parcours atypique n'étonne vraiment. Constamment plongée dans ses rêves, l'actrice marocaine a décidé de prendre sa vie en main il y 3 ans. Après avoir passé une bonne partie de son enfance en Espagne, elle débarque au Maroc à l'âge de 7 ans, et le «choc culturel» ne va faire qu'alimenter son imagination et renforcer son envie de se réfugier dans une bulle créative. À Rabat, où elle obtient son bac et où elle intègre l'ISCAE, elle continue presque machinalement ses études de commerce avec le rêve de s'exprimer sur la scène. «Je crois que cette envie était ancrée en moi bien avant de naître, ou du moins c'est ce que j'aime croire. J'ai toujours eu beaucoup d'imagination, je passais des heures en classe à rêver au lieu de suivre les cours et je trouvais cela normal, pensant que tous les enfants étaient comme moi. Après les cours et les devoirs, j'étais en adoration devant la TV, au grand désespoir de mes parents qui voulait que j'aille prendre l'air mais qui n'ont jamais émis de veto (et je les en remercie) par rapport au type de contenu, ce qui me permet aujourd'hui d'avoir une «pop culture» plutôt vaste et internationale», confie l'actrice-née, qui avoue se projeter complètement dans les films qu'elle visionne, et ce depuis toujours. Quand la plupart des petites filles suivaient ou admiraient le beau gosse du film, elle se projetait en s'imaginant même un nouveau personnage incarné par elle. «C'est exactement cela qui m'a donné envie de devenir actrice: les histoires, la possibilité de les raconter, de les vivre, de les ressentir», révèle celle qui a pris ses premiers cours de théâtre à l'âge de 21 ans, pendant ses études universitaires à Rabat. Et là, c'est la révélation. Elle continue ses études en école de commerce à l'ESCP de Paris et intègre une troupe de comédie musicale au sein de l'école où elle décroche le rôle principal et où elle joue dans la prestigieuse salle du Théâtre Déjazet. «Quand j'étais sur scène le dernier soir, j'ai fondu en larmes parce que je ne voulais pas quitter cet espace plein d'histoire(s). J'étais persuadée du fait que le chemin que je devais suivre était devant moi. À partir de là, toutes les décisions que j'ai prises, surtout celles relatives d'ordre professionnel, tournaient autour du moyen le plus efficace de trouver un boulot me permettant d'avoir assez de flexibilité pour suivre une formation en parallèle», avoue l'actrice, rattrapée malgré elle par sa passion. Ayant attrapé le virus du cinéma et du théâtre, elle intègre Acting International Paris, continuant en parallèle à travailler pour Eurosport. En 2001, elle prend une décision radicale. «L'été 2011 a constitué un tournant pour moi: j'étais assise à mon bureau en plein mois d'août à Paris où les rues étaient désertes, rêvassant devant mon écran d'ordinateur, et tout était devenu plus clair. Le poids que je ressentais n'était pas celui de l'ennui, mais de l'insoutenable sentiment d'être au mauvais endroit. C'est là que j'ai décidé que j'allais me consacrer a 100% a ce qui est ma bouée de sauvetage et ma passion: raconter des histoires, et j'allais le faire a New York». Une décision qui va chambouler sa vie et la pousser à quitter son petit confort parce que New York est non seulement un rêve d'enfant, mais surtout l'un des berceaux du théâtre. Un «dream» à l'américaine pas forcément possible dans son pays? «Je pense qu'il n'est pas complètement impossible de réaliser son rêve au Maroc. Il faut s'accrocher et faire face, avec une armure en béton, à un entourage qui peut éventuellement se révéler peu réceptif à une telle poursuite. Nous avons malheureusement la mentalité selon laquelle toute forme d'art n'est pas un moyen rationnel de gagner son pain et de ce fait, il y a un manque accru de financements et de budgets pour la création de contenu artistique, pour une éducation dans les arts». À New York, la partie n'est pas gagnée d'avance, mais la grosse pomme reste la ville où tout est possible: «C'est un combat permanent, mais aussi un éternel apprentissage», avoue celle qui a tenu le rôle de Rita Marbouh dans le long-métrage de Othman Naciri, «Saga: les hommes qui ne reviennent jamais», ainsi que le rôle de Maria (en darija) dans une pièce de théâtre adaptée de West Side Story par George Bajalia, toujours tout en douceur et avec beaucoup de naturel et de justesse. Inspirée par ses parents, Kevin Spacey, Ralph Fiennes ou encore Tilda Swinton, elle pense à ses projets personnels, a intégré, avec 2 autres actrices et un directeur talentueux, un concept de pièce de théâtre tournant autour de l'identité et des conflits issus du multiculturalisme, et souhaite écrire ses propres histoires. Une histoire qui ne fait que commencer...Actrice à suivre de très près !