Bonne nouvelle pour le secteur du textile et de l'habillement. Selon la dernière note du Comité consultatif international du coton (ICAC), organisme basé à New York, la production mondiale pour la prochaine saison cotonnière sera plus importante que celle en cours. En effet, la hausse du cours du coton enregistrée l'année passée avec des prix records a poussé les agriculteurs à intensifier la culture cotonnière dans le monde entier. Selon l'ICAC, rien qu'aux Etats-Unis, près de 20% de surfaces supplémentaires ont été aménagés, ce qui se traduira par une augmentation de la production mondiale de plus de 10% entre octobre 2011 et septembre 2012. Celle-ci sera de 27,4 millions de tonnes à cette période et l'ICAC table même sur un surplus de 2,2 millions tonnes de coton pour la prochaine campagne. Ces prévisions laissent présager une timide reconstitution des stocks mondiaux, qui sont à leurs plus bas niveaux depuis presque trois décennies. Une évolution mitigée Après les prix records enregistrés en mars dernier, où la livre atteint 2,15 dollars, la période actuelle est marquée par une relative baisse des prix du coton sur les marchés internationaux. Pourtant, selon l'ICAC, la demande mondiale ne connaîtra qu'une hausse de 3%, l'équivalent de quelque 25 millions de tonnes. Les experts justifient cette situation par le fait que plusieurs usines textiles se sont progressivement détournées de cette matière en raison des prix élevés et parfois de sa rareté sur les marchés. Les importations marocaines de coton se sont élevées à 16.308 tonnes de janvier à mai 2011, selon les chiffres provisoires de l'Office des changes, contre 12.908 tonnes l'année précédente, sur la même période. En valeur, les importations ont donc progressé, sur les cinq premiers mois de l'année, de 189,2 MDH en 2010 à 438,4 MDH en 2011. Dans le même temps, de janvier à mai, les importations de fibres textiles artificielles sont passées de 1.599 tonnes, soit en valeur 46,9 MDH, en 2010, à 1.650 tonnes, en 2011, soit l'équivalent de 57,9 MDH. Pour les fibres textiles synthétiques, les importations se sont élevées au mois de mai de cette année à 360,6 MDH, correspondant à 19.615 tonnes, contre 260,8 MDH, la valeur des 17.526 tonnes importées sur la même période en 2010. Seul le volume du coton pour tissage importé a connu une baisse, passant de 5.418 tonnes sur la même période en 2010 à 4.018 tonnes cette année, ce qui ne s'est pas pourtant traduit par une baisse de la valeur des importations, puisqu'elles sont passées de 157,3 MDH à 209,8 millions, preuve que la demande est devenue plus importante sur le marché international. Le secteur retrouve progressivement ses lustres d'antan, en raison des perspectives d'une reprise de l'économie mondiale et donc de la demande, même si certaines difficultés persistent. Beaucoup d'opérateurs ne se sont pas, par exemple, remis de leurs problèmes de trésorerie, estiment les analystes. Les cultivateurs de coton souffrent également de sérieuses difficultés en matière d'accès au crédit, en raison du contexte difficile qu'a traversé le secteur durant la crise économique. Toutefois, l'ICAC reste assez optimiste et prévoit une croissance du secteur, en raison notamment de la demande asiatique et, principalement, de la Chine, qui devrait accroître ses achats de plus de 25%. Les risques de perturbations de la campagne, notamment en Afrique de l'Ouest, en Inde ou aux Etats-Unis, où le rendement pourrait chuter en raison des conditions climatiques, seront également pris en compte, puisque selon l'ICAC, le relâchement de la pression sur les prix ne sera pas aussi important que l'évolution de la production. Selon l'ICAC, «la demande des filatures a été forte dans la première moitié de cette saison, mais elle est maintenant beaucoup plus faible». En conséquence, les stocks de fil de coton se sont accumulés au niveau de plusieurs usines, alors que les prix des fibres chimiques sont restés bien inférieurs au prix du coton. La livre de coton se négocie aujourd'hui à 1,20 dollar, ce qui est le double de 0,60 dollars, la moyenne de la décennie qui vient de s'écouler. Reste que pour les importateurs comme le Maroc dont la vitalité du secteur de l'habillement et du textile en dépend, c'est une période propice pour reconstruire les stocks, afin de pallier toutes les éventualités.