Les prix du coton ont chuté ces derniers jours des suites des stocks mondiaux plus hauts que prévu mais les fondamentaux du coton restent toujours haussiers. Les prix du coton ont récemment chuté à New York, alors que les Etats-Unis ont révisé à la hausse leurs prévisions de stocks mondiaux. En effet, mardi, la livre pour livraison en juillet s'échangeait à 1,5098 dollar, contre 1,5867 dollar deux semaines auparavant sur l'Intercontinental Exchange. L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, valait de son côté 149,25 dollars (pour 100 livres), contre 173,00 dollars deux semaines auparavant. La semaine dernière a été marquée par la publication du rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande. « Dans la mesure où les prévisions de stocks de fin de campagne sont relevées, ce rapport est à première vue négatif » pour les prix, a jugé John Flanagan, de Flanagan Trading. En effet, au niveau mondial, les estimations de réserves attendues en fin de campagne ont été relevées. La production a pourtant été revue à la baisse, à l'échelle mondiale comme à celle des Etats-Unis, où la sécheresse touche les zones de culture au Texas (sud). Mais l'offre du début de campagne est plus abondante que prévu. L'envolée des cours, multipliés par trois, entre début 2010 et le printemps 2011, a en effet fortement affecté la demande, les Etats-Unis étant confrontés à d'importantes annulations de commandes. L'Inde, le deuxième exportateur mondial après les Etats-Unis, a de son côté annoncé mettre sur le marché 170'000 tonnes de fibre blanche, qu'elle réservait jusqu'à présent pour sa consommation intérieure, ont relevé les analystes de Commerzbank. D'un point de vue technique par ailleurs, l'approche de l'expiration du contrat de juillet pèse sur les cours, les grands intervenants du marché procédant à un repositionnement de leurs positions. Les grandes banques, dont Goldman Sachs et Deutsche Bank, « vendent les contrats de juillet et achètent des contrats à expiration décembre. Il n'y a personne du côté des acheteurs», a relevé John Flanagan. Cependant, les fondamentaux du marché « plaident pour une hausse des prix, en raison de la sécheresse au Texas », qui menace la prochaine récolte américaine, a-t-il prévenu. En effet, la sécheresse qui sévit aux Etats-Unis et tout particulièrement dans une partie des régions productrices du sud des Etats-Unis fait craindre aux agriculteurs et investisseurs des conséquences négatives sur les semis et la qualité des récoltes. Une situation qui devrait perdurer alors qu'aucun signe de précipitations soutenues n'apparaît à l'horizon, si ce n'est quelques orages localisés. Les experts de Plexus Cotton font observer quant à eux que la date limite fixée pour obtenir les aides des assurances approche et que de nombreux hectares desséchés ne sont pas plantés. Des températures supérieures à la normale, accompagnées de vents forts et persistants, affectent par ailleurs les champs irrigués, sans qu'on ne puisse, à l'heure actuelle, établir un bilan financier de ces aléas climatiques. Le dernier relevé hebdomadaire du département de l'Agriculture publié mardi a montré que 45% des semis de coton avaient été effectués au Texas, le principal Etat producteur de coton en Amérique du nord, au 22 mai, contre 68% en moyenne. Les analystes tablent d'ores et déjà sur un ajustement à la baisse des volumes de production. Notons que depuis la fin du XIXe siècle, c'est la première fois que le cours du coton atteint 1,90 dollar sur le marché international. Cette embellie suscite également beaucoup d'espoir chez les cotonculteurs africains Selon les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs publiés par l'Office des changes, à fin avril 2011, la facture marocaine de coton a augmenté de 226,8 MDH par rapport à la même période l'année précédente. Mais c'est dans le secteur du textile que l'on doit sans doute s'attendre à payer plus cher. En un an, le prix du coton a explosé de + 69%. A ce niveau, la répercussion dans les rayons est immédiate. Le coton représente en effet presque la moitié du coût de production d'un drap, par exemple. Le linge de maison devrait ainsi accuser environ 20% de hausse très prochainement. Les vêtements sont aussi concernés, bien que dans une moindre mesure. Le prix d'un jean's ou d'un t-shirt risque d'augmenter de 15% sous peu. Salima Marzak