L'Office des changes, et à sa tête son directeur général, Jaouad Hamri, semble se soucier sérieusement de l'assouplissement et de la libération de la réglementation des changes, qui s'adressent aux entreprises et aux personnes physiques. C'est lors d'un déjeuner-débat organisé hier à Casablanca, que Jaouad Hamri a révélé aux partenaires économiques et à la presse nationale les mesures prises dans ce sens. L'Afrique en ligne de mire Concernant les entreprises, quatre nouveautés et pas des moindres ont été dévoilées. D'abord, le montant des investissements marocains à l'étranger. Il passera de 30 millions de DH à 100 millions par an pour les investissements en Afrique et 50 millions pour les investissements dans les autres continents, sans qu'ils soient soumis à un accord préalable de l'Office. L'autre relèvement concerne le pourcentage des recettes d'exportation à inscrire par les exportateurs de biens et services dans les comptes en devises ou en dirhams convertibles. Ils se verront rehaussés de 20%, passant ainsi de 50 à 70 %. De plus, ces mêmes exportateurs seront désormais autorisés à disposer de comptes auprès de plusieurs banques, au lieu d'un seul guichet bancaire. Cela implique que l'exportateur pourra effectuer des opérations de change sans passer par le dirham. Le secteur du textile et de l'habillement n'est pas en reste car les réductions de prix accordées par les exportateurs de ces produits passeront de 3 à 5 % du montant facturé. Cette mesure aura le mérite de permettre à ces entreprises de faire face à des dépenses accidentelles, telles que les pénalités pour retard de livraison, les frais de valorisation d'emballage ou encore, les pénalités pour erreurs de colisage (problème récurrent chez les exportateurs marocains). Enfin, les dotations pour voyages d'affaires, accordées aux PME seront revues à la hausse, dorénavant elles seront de 60.000 DH (à hauteur de 10 % du chiffre d'affaires et dans la limite de 200.000 DH par an). Idem pour les membres des professions libérales, dont les dotations seront doublées pour atteindre 60.000 dirhams. Quant aux mesures prises en faveur des personnes physiques, la grande nouveauté réside dans la libéralisation de la participation des salariés résidents à hauteur de 10 % de leurs salaires annuels nets aux «plans d'actionnariat salariés» émis par les sociétés étrangères en faveur du personnel de leurs filiales au Maroc. Et pour les touristes marocains, la dotation touristique passera de 20.000 DH à 40.000 DH par année civile, dans la limite de 20.000 DH par voyage. Un filon pour les banques Il est donc clair qu'avec de telles mesures, l'Office des changes offre plus d'outils aux entreprises marocaines pour affronter la concurrence internationale dans un marché de plus en plus souple. Reste à savoir si les banques locales suivront par leur réactivité, car en fin de compte, ce sont les banques qui assurent à hauteur de 97 % les opérations et les changes extérieurs du Maroc. D'ailleurs, certaines de ces banques commencent déjà à parler d'un éventuel impact négatif (lié directement à ces nouvelles mesures) sur les réserves de devises du pays.