C'est sous le thème «Un accès direct au mécanisme de développement propre (MDP) en Afrique» que les travaux de la 3e édition du Forum africain du carbone ont démarré lundi à Marrakech. Quelque 600 responsables, fournisseurs de services, porteurs de projets, experts et chercheurs y prennent part, outre des représentants des organismes internationaux initiateurs de cet événement, à savoir le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque mondiale. Ce forum est l'œuvre également de l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la Banque africaine de développement (BAD), l'Organisation des Nations Unies pour la convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) et l'Association internationale de négoce des émissions (IETA). Inscrit dans la continuité du succès des deux éditions précédentes, notamment celle tenue en 2010 à Nairobi au Kenya, avec la participation de quelque 1.000 conférenciers issus de 70 pays, ce forum est revenu à l'endroit même où a été lancé «le Mécanisme de développement propre (MDP)» il y a environ 10 ans. Afin de garantir à cette édition toutes les conditions de succès et lui permettre d'être au diapason des changements que connaît ce secteur, les organisateurs ont estimé nécessaire d'inclure dans l'agenda de la conférence un certain nombre de questions importantes et d'actualité telles que «la transition vers un développement durable à faible émission de carbone», «le rôle des instruments financiers de la lutte contre le changement climatique dans la promotion de l'investissement vert», «les défis de l'ingénierie financière dans les projets respectueux du climat», «les villes et le financement carbone», «l'industrie forestière et les REDD (Réduction des émissions liées à la dégradation et à la déforestation)» et «la montée en puissance de technologies propres et performantes». A noter également que le forum coïncide avec la présentation du dernier rapport de la Banque mondiale intitulé «BioCarbon Fund Experience - Insights from Afforestation and Reforestation CDM Projects». Plateforme d'échange et de partage Etape importante dans les efforts du continent africain en matière de lutte contre les effets des changements climatiques, ce conclave se propose de servir de plateforme pour l'échange de points de vue sur les différents défis liés aux changements climatiques et aux récentes évolutions du marché international du carbone, et l'examen, avec des développeurs de projets et des spécialistes, des bonnes pratiques et des retours d'expérience de la mise en oeuvre de MDP en Afrique dans un large éventail de secteurs et de technologies. Autrement dit, ce forum de trois jours sert aussi d'interface incontournable à même de mettre en relation des développeurs de projets africains, des investisseurs étrangers et des acteurs du marché du carbone, engageant pleinement le continent africain dans le marché des émissions de carbone. Bénéficier de l'enseignement des experts les plus reconnus des secteurs public et privé sur les visions stratégiques et les décisions destinées à assurer la promotion du MDP dans la région, en mettant l'accent sur sa nouvelle approche programmatique, et saisir les opportunités offertes par le forum pour établir de nouveaux contacts, sont d'autres missions assignées à cet événement. C'est dire que ce forum offre une opportunité aux acteurs et décideurs politiques impliqués au plan national dans la lutte contre les changements climatiques, aux gouvernements, aux organisations internationales et au secteur privé, de s'informer sur les politiques et les méthodes les plus récentes en matière de développement, de changements climatiques et des pratiques dans le domaine du financement carbone. Cette grand-messe des spécialistes des questions environnementales cherche aussi à stimuler les investissements dans des projets de développement propre, à renforcer les capacités des pays africains en la matière, et à promouvoir le transfert des technologies. L'objectif est de faire en sorte que la finance carbone devienne un véritable levier de développement pour les populations les plus vulnérables en Afrique.Pour nombre d'observateurs, la contribution de l'Afrique au marché mondial du carbone demeure aujourd'hui très limitée, dans la mesure où on y compte à peine 2% des projets MDP enregistrés à travers le monde, soit 67 projets répartis uniquement sur 20 pays. De l'avis de la Banque mondiale, la région se trouve de la sorte presque exclue d'un marché mondial qui a, en quelques années, attiré environ 142 milliards de dollars d'investissements dans des projets de lutte contre les changements climatiques en 2011. La croissance du marché mondial du carbone doit nécessairement interpeller les acteurs concernés à accorder un grand intérêt au continent africain pour que ce dernier puisse occuper la place qui est la sienne dans ce marché. Le Maroc, un acteur dynamique En dépit de son statut de faible émetteur de gaz à effet de serre, le Maroc contribue efficacement à l'effort international de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, un rôle qu'il n'a jamais cessé de jouer depuis la ratification de la Convention climat en 1995, a indiqué le secrétaire d'Etat chargé de l'Eau et de l'environnement, Abdelkebir Zahoud, dans une allocution prononcée en son nom à l'ouverture de ce forum.«Un tel engagement du royaume s'est traduit, sur le plan national, par la mise en place de structures institutionnelles destinées à prendre en charge les aspects transversaux des changements climatiques et la réalisation de plusieurs actions tendant à promouvoir un développement économique propre», explique-t-il. Dans le même ordre d'idées, Zahoud a estimé nécessaire de rappeler les grandes lignes de la stratégie nationale relative au Mécanisme pour un développement propre, tout en mettant en avant le renforcement du cadre réglementaire, via la promulgation de lois sur la lutte contre la pollution de l'air, la gestion des déchets, la réalisation d'études d'impact, et la promotion des énergies renouvelables. Le Maroc a connu aussi la mise en place d'un «Fond capital carbone Maroc» et le développement d'un portefeuille diversifié renfermant plus de 60 projets MDP, avec un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'environ 8 millions de tonnes équivalent CO2 par an, a-t-il poursuivi, avant de faire savoir que d'autres programmes sont en cours de mise en œuvre dans nombre de secteurs tels que les déchets, le transport, la forêt, l'industrie, l'agriculture et l'énergie, dans la perspective de réduire les émissions des gaz à effet de serre et, partant, de contribuer à l'effort global de lutte contre le réchauffement. «Cette volonté s'est traduite aussi par l'élaboration d'un Plan national de lutte contre le réchauffement climatique, ainsi que d'une Charte nationale de l'environnement et du développement durable à même de s'ériger, dans un avenir proche, en véritable loi-cadre», a fait savoir Zahoud. Il est à noter que la tenue de ce forum coïncide avec le 10e anniversaire des Accords de Marrakech qui ont donné naissance au MDP. La signature de ces accords a constitué un événement historique dans le processus de mise en œuvre de la Convention climat. Cette signature avait permis, grâce au MDP, aux pays en développement de bénéficier des opportunités de financement dans le cadre du marché du carbone, en participant à l'effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre.