Le Maroc, en dépit de son statut de faible émetteur de gaz à effet de serre, n'a jamais cessé, depuis la ratification de la Convention Climat en 1995, d'oeuvrer au sein de la communauté internationale à contribuer à l'effort international de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, a affirmé le secrétaire d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, Abdelkebir Zahoud. Dans une allocution lue en son nom par le secrétaire d'Etat chargé de l'Atisanat, Anis Birou, lundi à Marrakech à l'ouverture du 3-ème Forum africain du carbone, M. Zahoud a relevé que la mise en oeuvre de cet engagement sur le plan national a été traduite par la mise en place de structures institutionnelles destinées à prendre en charge les aspects transversaux des changements climatiques et la réalisation de plusieurs actions tendant à promouvoir un développement économique propre. Il a, dans ce contexte, fait observer que le cadre réglementaire a été renforcé par la promulgation de lois sur la lutte contre la pollution de l'air, la gestion des déchets, les études d'impact et les énergies renouvelables. M. Zahoud a également rappelé l'élaboration d'une stratégie nationale relative au Mécanisme pour un développement propre (MDP), la mise en place d'un Fonds capital carbone Maroc et le développement d'un portefeuille diversifié renfermant plus de 60 projets MDP avec un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'environ huit millions de tonnes équivalent CO2 par an. D'autres programmes sont en cours de mise en oeuvre dans nombre de secteurs tels les déchets, le transport, la forêt, l'industrie, l'agriculture et l'énergie dans l'optique de réduire les émissions des gaz à effet de serre et partant de contribuer à l'effort global de lutte contre le réchauffement, a-t-il dit. Outre l'adoption en 2008 d'une nouvelle stratégie énergétique, cette volonté a aussi été affirmée par l'élaboration d'un Plan national de lutte contre le réchauffement climatique et l'élaboration d'une Charte nationale de l'environnement et du développement durable, qui sera érigée très prochainement en une loi-cadre, a fait remarquer le ministre. Il a, par ailleurs, relevé que la tenue de ce forum coïncide avec le 10-ème anniversaire des Accords de Marrakech qui ont donné naissance au MDP, notant à cet égard que la signature desdits Accords a constitué un événement historique dans le processus de mise en oeuvre de la Convention Climat. Cette signature avait permis, grâce au MDP, aux pays en développement de bénéficier des opportunités de financement dans la cadre du marché du carbone en participant à l'effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il ajouté.
Le ministre a, d'autre part, fait savoir que la participation de l'Afrique dans le marché mondial du carbone reste aujourd'hui très limitée dans la mesure où on y compte à peine 2 PC des projets MDP enregistrés à travers le monde, soit 67 projets répartis uniquement sur 20 pays. La région se trouve de la sorte, selon la Banque Mondiale, presque exclue d'un marché mondial qui a, en quelques années, attiré environ 142 milliards de dollars en investissements dans des projets de lutte contre les changements climatiques en 2011, a signalé M.Zahoud. Les autres intervenants ont été unanimes à souligner l'importance de cette rencontre qui réunit quelque 600 représentants des autorités nationales désignées, porteurs de projets, acheteurs, fournisseurs de services, représentants nationaux du MDP et intervenants des secteurs public et privé. La croissance du marché mondial du carbone doit nécessairement interpeller les acteurs de ce marché à accorder une attention particulière au continent africain pour qu'il puisse occuper la place qui est la sienne dans ce marché, ont-ils dit. Ce forum de trois jours est initié par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale, l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR), la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la Banque africaine de développement (BAD), l'Organisation des Nations unies pour la Convention-Cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) et l'Association internationale de négoce des émissions (IETA). Il offre une opportunité aux acteurs et décideurs politiques impliqués au plan national dans la lutte contre les changements climatiques, aux gouvernements, aux organisations internationales et au secteur privé de s'informer sur les politiques et les méthodes les plus récentes en matière de développement, de changements climatiques et des pratiques dans le domaine du financement carbone. Le Forum ambitionne également stimuler les investissements dans des projets de développement propre, renforcer les capacités des pays africains en la matière et de promouvoir le transfert des technologies, l'objectif étant de faire en sorte que la finance carbone devienne un véritable levier de développement pour les populations les plus vulnérables en Afrique.